mercredi 3 juin 2015
Jacques Parizeau (1930-2015)
Bien qu'il n'eût été premier ministre du Québec que moins de deux ans il a marqué le Québec au fer bleu.
Économiste et haut fonctionnaire, conseiller politique, professeur, ministre des Finances, c'est à titre de haut commis de l'État qu'il est intimement lié à plusieurs des initiatives-phare de la Révolution tranquille : la nationalisation de l'électricité, l'abolition du monopole des syndicats financiers torontois sur l'émission des obligations du gouvernement du Québec, la création de la Caisse de dépôt et placement du Québec et la mise en place de la Régie des rentes du Québec.
Il a été l'architecte de la politique économique du gouvernement de René Lévesque. Il a présidé à l'émergence d'un capitalisme québécois francophone qu'il a appuyé en instaurant notamment le Régime d'épargne-actions et en permettant la création du Fonds de solidarité de la FTQ.
Diplômé des Hautes études commerciales de Montréal, de l'Institut d'études politiques de Paris et de la Faculté de droit de Paris, Jacques Parizeau obtint aussi le titre de Ph.D. de la London School of Economics.
Partisan de l'intervention de l'État dans l'économie, il fut conseiller économique auprès des premiers ministres des partis successifs au pouvoir, dont : Jean Lesage (Parti libéral du Québec) et Daniel Johnson (Union nationale).
D'abord en faveur du fédéralisme canadien, Jacques Parizeau, à mesure qu'il prend conscience de la situation économique du Québec, de la possibilité que celui-ci s'affranchisse du reste du Canada et acquière une plus grande autonomie sur la scène politique mondiale et au sein des ensembles économiques multinationaux, devient souverainiste et se joint au Parti québécois le 19 septembre 1969.
Il est élu député de la circonscription de L'Assomption aux élections de novembre 1976 et devient ministre des Finances, poste qu'il occupera jusqu'en 1984. Parizeau joue un rôle important dans le référendum de 1980 au Québec, défendant la proposition du gouvernement péquiste pour la souveraineté-association, c'est-à-dire la souveraineté politique du Québec assortie d'une association économique avec le Canada.
L'idée du "Beau Risque" de René Lévesque le rebute tant qu'il claque la porte du parti en 1984. Lévesque s'était départi de l'objectif de réaliser à court terme l'indépendance du Québec et s'occupait plutôt de le gouverner et accordait une dernière chance au fédéralisme canadien. Parizeau enseigne alors aux HEC.
En 1987, Pierre-Marc Johnson quitte la direction du Parti québécois, après avoir été défait lors de l'élection générale deux ans plus tôt. Jacques Parizeau est choisi pour le remplacer en tant que chef du parti en 1988 et devient le Chef de l'opposition officielle à l'Assemblée nationale du Québec en 1989.
En 1994, Jacques Parizeau mène le Parti québécois à la victoire électorale, formant un gouvernement majoritaire et devenant Premier ministre du Québec. Parizeau promet de tenir un référendum sur la souveraineté du Québec. La date du référendum est fixée au 30 octobre 1995.
La nuit du 30 octobre, le Québec s'approcha, à quelques milliers de votes près, de l'indépendance, mais le « Non » l'emporta par 50,6 % des voix. Le discours de Parizeau, teinté d'alcool et d'amertume accuse "l'argent et le vote ethnique". La plupart n'y voit que l'arbre au lieu d'y voir la forêt et, pas suffisamment informés, trouvent les propos malheureux.
Le temps donnera raison à Parizeau sur toute la ligne à lors des conclusions de l'enquête de la commission Gomery.
Tel que promis il quitte la politique le lendemain du vol de la souveraineté. Mais il hante le monde politique avec des commentaires saupoudrés suffisamment régulièrement pour nuire à son propre parti et nourrir l'opposition.
Sa manie de mettre son grain de sel un peu partout nourrit l'imaginaire d'un journaliste de Trois-Rivières qui invente des propos (des supposées déclarations de Parizeau qui se sont avérées par la suite sans fondement)ce qui fait dérailler la campagne de Bernard Landry pendant le débat des chefs.
Puisqu'il aime tant jaser il s'applique à faire des conférences jusqu'à la fin de sa carrière.
Mais ce qu'il aimait par dessus tout et c'était indéniable, c'était le Québec et ses gens.
C'est un grand bâtisseur du Québec moderne qui s' est éteint à 84 ans, lundi soir.
À défaut d'avoir un pays, notre maison commune porte votre signature M.Parizeau.
Salut Jacques!
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