C'est drôle comme le temps des fêtes nous ramollit.
L'esprit des fêtes, je veux dire.
Gagné par une certaine idée de paix universelle, on finit par aimer ce qui nous agresse généralement.
Puis, on se surprend à être gagné par un riff. Quand un ami m'a gratifié d'un "Si j'auRAIS été..." je n'ai pas grimpé dans les rideaux. Quand un collègue de l'entrepôt m'a parlé de Denis Lévesque, j'ai fait semblant que c'était intéressant et n'ai même pas tenté de lui faire comprendre que Denis Lévesque est à la société ce que la sauce brune des meatballs en canne est à l'art culinaire.
Je sais, ça c'est peut-être un crime en soi car ce collègue est en voie de devenir un autre naufragé de la pensée, mais bon, chacun son radeau.
La tolérance s'est glissée en moi. Même la bêtise. J'ai feuilleté sans hurler un magazine dans la ligne de l'épicerie qui parlait du fait que Denis Lévesque (encore lui) allait emménager cet été avec son amoureuse Pascale Wilhelmy. Les motifs de griefs sont si nombreux sur ce seul sujet que je ne m'étendrait pas là-dessus. Contentons nous de dire que j'ai beaucoup ri.
Rire. Voilà quelque chose de bon à garder dans nos résolutions de l'année à venir. Plus on vieillit, moins c'est facile de rire. Et ce n'est pas relié nécessairement à notre propre décomposition. C'est tout simplement qu'on finit par perdre peu à peu la foi sur bien des choses.
Mais le temps des fêtes est souvent comme une montre dont on rajuste l'heure. Certains en ce faisant extrême violence, comme un atterrissage sous forme de crash, d'autres en se laissant porter par l'air du temps.
En bon bipolaire je navigue entre les deux.
J'ai entendu le refrain de Miss Letarte de ma verrière et me suis demandé ce qu'était "l'essentiel".
Puis, en me levant à 3h du matin, pour aller bosser encore une nuit dans un entrepôt du Vieux-Port, j'ai tourné la tête et constaté que dans le salon, l'amoureuse avait la veille, pensé à glisser sous le sapin quelques cadeaux pour nos deux marmots. Bien qu'ils ne croient plus au Père Noël ni l'un ni l'autre, j'ai placé un verre de lait sur le comptoir, trois biscuits dont un à moitié croqué, et ai marché dans la neige pour mieux rentrer dans la maison et mettre de l'eau un peu partout selon un itinéraire PèreNoëlien (au grand dam de l'amoureuse qui a dû passer la moppe pendant que je bossais).
Ils en ont bien ri. Ils me l'ont texté au travail.
Je me suis rappelé ce qui nous rend si bien dans le temps des fêtes.
Le plein d'amour à Noël.
C'est dans la chanson de Letarte d'ailleurs.
C'est un 21 décembre que la belle et moi avons commencé notre si belle aventure il y a 22 ans.
Les stations service d'amour sont de plus en plus rares.
Et parfois le prix du plein est parfaitement inabordable.
Mais pour ma part, les pleins se font tout seul.
Mon beau grand garçon de 15 ans qui me dépasse maintenant d'un bon pouce et demi, ma lumineuse puce de 11 ans qui fait de l'effet partout où elle plante sa tête d'espagnole et ma brillante amoureuse dont je ne me lasse jamais et que parfois je voudrais forcer dans une autre pièce afin de lui montrer en quoi je suis son homme tellement elle me bouleverse les sens sont le powerful trio qui me font faire le plein jour et nuit.
Et le rapprochement du temps des fêtes entre nous quatre prend une valeur de plus en plus extraordinaire avec les années.
Puisque c'est maintenant la Corée du Nord qui décide de nos programmations, nous serons partis quelques temps leur négocier l'éradication de Denis Lévesque des ondes.
Pluvieux Noêl et Mouillée Année!
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