Comme trop d'atrocités de nos jours, les meurtres sont filmés platement et propagés à travers le monde entier par les assassins eux-mêmes. En effet, l'Islamic State of Iran & Syria (L'ISIS) a aussitôt revendiqué la paternité du film et signé les exploits filmés. Ils en ont rajouté en stipulant qu'ils ont répété le même manège au moins 6 autres fois, menant à une somme de quelques 700 morts.
Vrai ou non, depuis, ils envoient régulièrement des photos ou de courts films montrant des hommes agenouillés, brutalisés par des hommes masqués en noir qui leur tireront une balle dans la nuque; des films en circulation avec l'objectif avoué qu'ils soient diffusés à large échelle.
Quiconque suit l'actualité internationale s'est peu à peu habitué à ces bulletins de nouvelles qui ressemble souvent à des rapports de cruauté humaine. Je ne vous le conseille en rien, mais si vous voyez un des ses clips facile à trouver n'importe où, vous vous étonnerez encore de ces images nous montrant des hommes agenouillés, dont le regard trahi l'abandon de la vie. Certains plaident une dernière fois leur cause, d'autres parlent au ciel. On s'étonne de voir quelques coups de pieds ici et là quand celui qui les porte sait très bien qu'il tuera sa victime (alors à quoi bon le coupe de pied?). On s'interroge sur ce qui motive un assassin à vider son chargeur sur un cadavre déjà mort. Spasme du dégénéré? Un coup de pied sur un cadavre inerte au sol, on doit appeler ça du courage par là-bas.
Il n'y pas si longtemps, ce sadisme était caché par ceux qui les commettaient. Conscients, de la preuve inculpante qu'ils allaient produire pour la postérité. Quand Staline a fait assassiner plus de 8000 officiers et presque 20 000 autres personnalités polonaises influentes en 1940 dans la forêt de Katyn, il a profité de la Seconde Guerre Mondiale pour jeter le blâme sur les Nazis d'Hitler. Les Soviétiques ont nié toute responsabilité pendant des décennies. C'est autour de 1990, quand l'URSS est tombée, que la vérité a éclaté. Les Nazis eux-même ont nié beaucoup de leurs atrocités, une fois le projet d'Hitler échoué. Malheureusement pour eux, ils avaient aussi tout documenté, facilitant la culpabilité future. Quand Saddam Hussein empoisonne au gaz les Kurdes en 1988, il voulait clairement semer la terreur chez ceux-ci. Mais s'inspirant de Staline, Hussein blâmera les Iraniens, qui n'avaient rien à y voir. Saddam a toujours nié, jusqu'à sa mort. Pourquoi donner au monde des munitions contre votre personne?
Il y a bien entendu quelques exceptions, mais pour la majorité du siècle dernier, tuer, mutiler, faire preuve de cruauté et de sadisme en secret était la norme. Pendant la guerre sale en Argentine dans les années 70 et 80, on cachait les tortures des soldats et les exécutions des résistants de la part de la junte. Les "disparus" étaient plutôt méticuleusement éliminés.
Prendre le crédit pour des assassinats politiques est devenu la tendance vers la fin de la guerre froide. Avec les organisations des pays basques, l'I.R.A. en Irlande, les brigades rouges en Italie et les différentes factions activistes en Palestine. Ces groupes ont incarné une nouvelle forme de déshumanisation sans pitié qui s'est servi de la violence politique pour mieux manipuler les médias et l'opinion publique tout en semant la terreur.
De la décapitation de Daniel Pearl en 2002 en passant par les Jihadistes qui sont nés de l'invasion des États-Unis en Irak pour se rendre aux idioties de Boko Haram au Nigeria, sans oublier Al-Shabbaab en Somalie et au Kenya, ces stars de la performance terroriste ne sont que le prolongement de la stratégie de marketing la plus malsaine qui soit.
Des cadavres largement mutilés, et que l'on aurait jamais montré à la télé il y a 20 ans, sont maintenant largement diffusés et facile d'accès. Que ce soit les cadavres causés par Los Zetas au Mexique, les pro-russes se filmant cassant de l'ukrainien ou des gens non identifiés, tués à la machette et brûlés vivants au coeur de l'Afrique, nous sommes bel et bien dans la génération Saw III.
C'est-à-dire que la technologie et la rapidité de diffusion qui fait que les snuff films sont maintenant rapidement partout, nous laisse croire à une sorte de plaisir de soft porn par rapport à une violence tout à fait insupportable.
Qui devrait l'être et le rester, insupportable.
Peut-être aimons-nous tous, tout simplement, ça.
Quand les Palestiniens nous disaient au tournant des années 80 qu'ils aimaient la mort autant que nous (nord-américains, européens) aimions la vie, nous pensions tous qu'il s'agissait à la fois d'orgueil de de bravade.
Maintenant l'évidence vidéo nous démontre que c'était peut-être vrai...
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