Le cinéma, comme toute chose, a beaucoup changé au cours des vingt dernières années. Nous aussi. On a vieilli. Nos certitudes se sont confirmées. Je ne vais plus au cinéma. Je ne m'y retrouve plus tellement.
L'argent est de moins en moins subtil dans son désir de gonfler sur grand écran. Très souvent au détriment de ce qui m'a toujours plu dans un film (et dans la vie): une bonne histoire!
On se désole devant des navets ayant coûté des zillions de dollars ou des suites PIRE des remakes mais heureusement il y a des semaines, comme la nôtre en ce moment, qui viennent nous consoler fort agréablement.
En trois films, disponibles la même semaine, la grippe du cinéma est soignée.
(Du moins en apparence, je n'ai vu aucun des films)
Dallas Buyer's Club
Ron Woodruff était un électricien du Texas qui vivait la vie de party boy. Redneck jusqu'au bout des ongles, un jour, il contracte le SIDA. Nous sommes au cœur des années 80. Les moyens pour traiter la maladie qu'on reconnaît depuis seulement 2 ans, sont pour la plupart inexistants. La Federal Drug Administration est excessivement prudente dans ce qui est légal et ce que qui ne l'est pas. À la fois parce que le SIDA est largement méconnu (et tabou) mais aussi parce les mécanismes gouvernementaux sont toujours extraordinairement lents. Woodruff s'est fait dire qu'il lui reste tout juste 6 mois à vivre...
Principalement et 100% du temps, déterminé et armé d'un tempérament tout à fait sans filtre, Woodruff fondera un club clandestin de trafic de médicaments illégaux (alors) ce qui rallongera sa vie de 6 ans. Il meurt du SIDA en 1992. Dans l'adaptation cinématographique de Jean-Marc Valleé, on le dépeint homophobe (pas prouvé) et on l'associe à un transgenre pour arriver à ses fins (pas prouvé non plus dans la vraie vie).
Le film aura pris 20 ans à se faire. On aura suggéré Dennis Hopper, Brad Pitt et Ryan Gosling pour le rôle principal. Ce sera finalement Matthem McConaughey, qui perdra 40 livres pour le rôle, qui jouera Woodruff. Jared Leto, tout aussi transfiguré, jouera le transgenre et c'est un petit gars de chez nous qui dirigera le film avec un maigre 5 millions de dollars.
On dit beaucoup beaucoup de bien de tout ça.
12 Years a Slave
Solomon Northup est marié et a deux enfants en 1841. Il habite Saratoga Springs à New York. Il gagne sa vie comme violoniste. Leurré par des esclavagistes, il est un soir kidnappé en tournée et sera vendu comme esclave sous le pseudonyme de Platt. Il sera un esclave abusé, maltraité et humilié pendant 12 ans avant de réussir à se sortir de ce cauchemar.
Cette autre histoire vraie met en vedette Chiwetel Ejiofor dans le rôle du pauvre homme. Le brillant réalisateur britannique Steve McQueen est derrière la caméra et Brad Pitt a aidé à financer les 20 millions qu'auront coûté la production. Les grands bonzes d'Hollywood n'y voyant pas fortune à y faire.
Michael Fassbender, brillant dans les deux premiers efforts de McQueen, Hunger et Shame, joue un horrible tyran travaillant sur les plantations de la Nouvelle-Orléans.
On parle là aussi, d'un film tourné de main de maître où même les rôles les plus minuscules sont de l'ordre du chef d'oeuvre.
Chasse au Godard D'Abbittibbi
Plus léger et plus près de chez nous, le film d'Éric Morin part lui aussi d'un évènement réèl (un non-évènement en fait) soit le passage-éclair de Jean-Luc Godard en 1968 en Abbittibbi alors que le prodige français se magasinait une révolution.
L'histoire de Morin, originaire de la région, improvise l'impact qu'aurait eu JLG sur les jeunes de l'endroit et mêle scènes d'archives à scènes tournées par sa main. Martin Dubreuil joue un artiste inspiré de Pierre Harel, Sophie Desmarais joue le réalisateur si il avait été là à cette époque (et avait été une femme), Alexandre Castonguay joue son partenaire (Castonguay est aussi le buddy de Morin depuis qu'ils sont enfants) et Jean-Phi Goncalves joue Godard. Phillipe B. aussi originaire du secteur, est à la trame sonore.
D’une structure éclatée, empruntant à l’esthétique pop des années 1960, offrant mille et un clins d’œil au cinéma de Godard, de Carle et de Lefevbre, ce délire visuel campé au cœur de l’hiver affiche un ludisme totalement assumé et traversé de moments d’émotion sincère dit Manon Dumais.
Oui, oui, oui.
Et je ne vous parle même pas de Woody.
Le bonheur n'est pas que dans le blé au Ciné.
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