Ils sont:
-Frère Luc, médecin qui avait aussi servi dans les deux grands conflits Mondiaux pour la France, forcé de soigner entre autre, les Nazis et le "diable", comme il le dira (ce n'est pas clair si il parlait alors du régime ou d'Adolf lui-même) toujours toubib, confident et doyen de la communauté à 82 ans. Il fait figure de père pour tous les autres, de sagesse puisqu'il soigne tout ceux qui en ont besoin sans discrimination. Il est aussi aide-cuisinier.
-Père Christophe, 46 ans, avait passé deux ans, de 1972 à 1974, en Algérie à titre de coopérant, dans un centre pour jeunes handicapés. C'est là qu'il y découvrira le monastère de Tibhirine. Il avait des talents de poète, et de très bonnes relations avec les gens du village. Il était l'agriculteur du monastère. Frère Christophe tenait un journal quotidien. Il fut ordonné prêtre 6 ans avant 1996.
-Frère Michel, 73 ans, travaillant d'abord pendant 10 ans comme ouvrier fraiseur et comme docker, il se joint à la communauté en 1984.
-Père Bruno, 66 ans, se trouvait par hasard à Tibhirine en mars 1996 car on préparait l'élection du nouveau prieur pour la fin du mois.-Père Celestin, 63 ans, avait fait son service militaire en Algérie puis était devenu, en 1960, prêtre éducateur de rue dans le diocèse de Nantes. Il s'occupait de marginaux, de prostituées, d'alcooliques, et de laissés-pour-compte. C'était le frère hôtelier. Organiste, il avait la fonction de chantre auprès des moines.
-Frère Paul fût, avant de devenir moine, parachutiste en Algérie pendant son service militaire de 1959 jusqu'en 1961, puis pompier dans son village de Bonnevaux. Ayant été également plombier, il entretient le système d'irrigation du jardin de Tibhirine. Il avait 57 ans.
-Père Amédée, 76 ans, Père blanc devenu moine trappiste, il entre au monastère de Tibhirine en 1946, et est ordonné prêtre 6 ans plus tard. Il donne des cours aux enfants en difficulté du voisinage. Les villageois l'appellaient « cheikh Amédée ».
-Père Jean-Pierre Schumacher a 72 ans en 1996. Il avait fait ses études chez les Pères maristes, et fût ordonné prêtre en 1953. C'était lui qui faisait souvent les courses du monastère.
Les violences, liées à la guerre civile algérienne, sont très vives dans les années 1990. Des religieux sont enlevés et tués. Les moines choisissent de rester en Algérie, mais fermeront les portes du monastère à 17 h 30. Des groupes armés viennent souvent demander des soins, au fait des talents et des ressources de Frère Luc. Durant la nuit de Noël 1993, la communauté reçoit la visite d'un commando islamiste qui vient d’assassiner quelques jours plus tôt douze ouvriers d'origines croates, lesquels avaient pris l’habitude de fêter Noël au monastère. Le commando est venu dans le but de lever l’impôt révolutionnaire et veut aussi emmener Frère Luc. Le prieur Frère Christian leur tient tête et refuse en leur expliquant que Noël est une fête chrétienne sacrée et qu'ils ne reçoivent personne. Il lui dit aussi que frère Luc continuera de soigner ceux qui se présenteront au monastère. Le groupe repartira sagement dans la montagne sans avoir enlevé personne.
Mais une graine hostile est plantée...
Ils ont donné leur vie déjà à Jésus. Ils ne peuvent pas la perdre une seconde fois.
Ils signent toutefois à peu près tous des formes de testaments ou des textes qui annoncent une mort prochaine qu'ils ne sauraient éviter.
Dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, à 1 h 15 du matin, un groupe d'une vingtaine d'individus armés se présentera aux portes du monastère. Ils pénètreront de force à l'intérieur et iront vers le cloître où ils enlèveront sept moines. Seuls Frère Jean-Pierre et frère Amédée, qui dormaient dans une autre partie du monastère, échapperont aux ravisseurs.
Le 30 mai suivant sont trouvées les 7 têtes des moines kidnappés.
Le choix des moines de Tibhirine de servir le Dieu désarmé plutôt que le Dieu des armées était et demeure une provocation pour tous ceux qui croyaient au pouvoir des armes.
La version officielle des coupables est celle impliquant le Groupe Islamique Armé et Djamel Zitouni, un de ses chefs de guerre. Toutefois, les méthodes d'assassinat n'étaient pas complètement celles du GIA et des doutes ont été émis sur l'authenticité des communiqués émis publiquement sur les exécutions (et signés présumément du GIA). Certains dissidents algériens accusent les services secrets algériens d'avoir commandité l'assassinat des moines afin de faire mal paraître le GIA.
Une autre thèse veut que les moines auraient été tués par erreur lors d'une opération menée par l'armée algérienne. L'armée algérienne, embarrassée par cette bavure, aurait ensuite été obligée de décapiter les cadavres des moines pour faire croire à un assassinat commis par les terroristes.
Enfin, une dernière thèse propose aussi l'intervention de l'armée algérienne, avec la complicité de l'islamiste Djamel Zitouni. Celui-ci aurait enlevé les moines car ils donnaient une aide médicale aux terroristes, mais un autre groupe du GIA aurait ensuite pris possession des otages.
Le mystère plane.
C'est cette terrible histoire que raconte le très beau film de Xavier Beauvois, Des Dieux et Des Hommes.
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