En 1707, après avoir partagé pendant un siècle les mêmes monarques que l’Angleterre, l’Ecosse, frappée par la misère et au bord de la banqueroute, a accepté de signer un "acte d’union" aux termes duquel elle renonçait à son indépendance en échange d’un accès aux marchés anglais et aux immenses débouchés offerts par l’Empire de Sa Majesté.
Mais cet accord allait entériner surtout un malentendu capital entre deux traditions constitutionnelles très différentes : alors que les Anglais considéraient cette union comme irréversible, les Ecossais n’y voyaient – et continuent de n’y voir – qu’un traité susceptible d’être modifié, voire révoqué, d’un commun accord.
Au cours des deux siècles qui ont suivi, l’Ecosse a prospéré, grâce aux retombées économiques de l’Angleterre d’abord, puis grâce à la révolution industrielle. Elle n’oubliera pourtant jamais tout à fait qu’elle avait été indépendante. Et c’est ce souvenir d’Etat autonome qui demeurera ancré dans la conscience politique de tous les Ecossais, qu’ils soient favorables à l’union ou pas. L’idée que la nation préserve à ce jour une “souveraineté résiduelle” que rien ni personne ne pourrait lui retirer relève davantage de l’instinct que du raisonnement clairement formulé.
Et l'instinct...rien ne trahit l'instinct.
Il a fallu les effets cumulés de la crise financière mondiale de 1929, du déclin des industries écossaises et de l’effondrement de l’empire britannique, au milieu du XXème siècle, pour raviver et propager l’idée que le jeu n’en valait plus la chandelle. À Londres, les travaillistes au pouvoir ont senti la tendance et, pour couper l’herbe sous le pied des nationalistes, ont inventé le principe de “dévolution” : c'est-à-dire une partie des affaires intérieures de l’Écosse – la santé, l’éducation, les transports entre autres – serait confiée à un Parlement et à un exécutif écossais élus, tandis que les affaires étrangères, la défense, la protection sociale et la politique fiscale resteraient le “domaine réservé” de Londres. Le Parlement écossais, qui siège depuis 1999 n’aurait donc pas, les compétences pour lever ses propres recettes fiscales.
Un piège à con afin de noyer le poisson.
Mais finalement non, au contraire, la grande majorité des Ecossais sont satisfaits de leur nouveau Parlement.
Mais l’Écosse est un pays profondément conservateur. Et depuis une quarantaine d’années, les Écossais n’ont pratiquement pas changé d’avis : la plupart d’entre eux souhaitent prendre en main leurs propres affaires comme le font les autres petits pays, tout en restant, dans la mesure du possible, dans le giron du Royaume-Uni. Une souveraineté-association en quelques sorte.
Ça vous rappelle une province à tête de chien?
L'Écosse soumettra en 2014 son peuple à la question "souhaitez vous faire de l'Écosse un pays?".
Ne comptant que 5 millions d’habitants – contre 57 pour l’Angleterre, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord –, le retrait de l'Écosse aurait naturellement des conséquences majeures. Le Royaume-Uni n'aurait d'uni que le nom devenu inadéquat.
Les débordements verbaux sur l'indépendance possible de l'Écosse ont surtout réussi à conforter les Écossais dans leur impression d’avoir affaire à un pouvoir central sourd à leurs désirs et affichant une arrogance quasi colonialiste. Paradoxalement, l’indépendance écossaise pourrait en fin de compte être la meilleure garantie de relations plus ouvertes entre l’Angleterre et l’antique petite nation obstinée à sa frontière septentrionale.
Je connais un peuple d'Amérique de 8 millions qui aura les yeux sur tout ça.
La manière, la méthode, le résultat, la suite.
Ils ont déjà des longues vues bien huilées sur le sujet.
Et une charte plate.
Un regard intéressé c'est certain.
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