Max Ernst était un homme de dignes fréquentations.
Et de multiple talents.
Fils du peintre Philipp Ernst et de Louise Kopp, il est né à Brühl, en Allemagne, en 1891.
À 19 ans, il étudie la philosophie à l'Université de Bonn mais il tourne vite sa veste et se consacre à l'art. Il se joint au mouvement Der Blaue Reiter (le Cavalier Bleu), un groupe d'artiste expressioniste qui s'est formé à Munich. Il expose des peintures avec eux en 1913 et fait la rencontre de Guillaume Apollinaire et Robert Delaunay la même année. Ce sont eux qui l'inspirent à quitter pour Paris et à s'installer dans le quartier Montparnasse.
À 27 ans, et au tout début de la Première Guerre Mondiale, il marie une historienne de l'art mais le mariage ne tient pas une année. En rendant visite à Paul Klee, il est inspiré pour de nouvelles peintures, collages, impressions à la main, et expérimente différents supports et matériaux.
L'Allemagne le mobilise pour la Grande Guerre et il lutte auprès de ceux-ci malgré son expatriation en France. Il fondera avec Jean Arp et l'activiste social Johannes Theodor Baargeld le groupe dada de Cologne. En 1925, Max Ernst invente le frottage : il laisse courir une mine de crayon à papier sur une feuille posée sur un parquet ou une autre texture. Cette technique s'apparente à l'écriture automatique des écrivains surréalistes qu'il côtoie comme Paul Éluard et André Breton, à Monparnasse.
Il collabore avec le peintre Joan Miró pour la création de décors pour les spectacles chorégraphiques de Sergei Diaghilev. Avec l'aide de Miró, Max Ernst se lance dans l'élaboration d'une nouvelle technique, le grattage du pigment directement sur la toile.
Il tourne en 1930 pour Luis Bunuel dans son film surréraliste L'Âge d'Or.
En 1933, Max Ernst part en Italie.C'est là qu'il compose en trois semaines 182 collages à partir d'ouvrages français illustrés en noir et blanc de la fin du XIXe siècle. De retour à Paris, il les publie dans un ouvrage en cinq volumes appelé Une semaine de bonté ou les sept éléments capitaux.
L'année suivante, fréquentant Alberto Giacometti, il commence à sculpter. En 1937, il rencontre l'artiste peintre et romancière britannique d'inspiration surréaliste Leonora Carrington avec qui il part vivre à Saint-Martin-d'Ardèche. Il fait les décors de la pièce de théâtre Ubu Enchaîné d'Alfred Jarry. L'héritière Étatsunienne Peggy Guggenheim achète un bon nombre d'œuvres de Max Ernst qu'elle expose dans son nouveau musée à Londres.
Dès le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, en septembre 1939, Max Ernst, allemand, ami de la France, est arrêté comme « étranger ennemi » et interné dans le camp des Milles près d'Aix-en-Provence. Avec l'aide du journaliste des États-Unis Varian Fry, il réussit à quitter le pays en compagnie de Peggy Guggenheim qu'il épouse en 1942. Max Ernst vit à New York où, avec les peintres Marcel Duchamp et Marc Chagall, il aide au développement de l'expressionnisme abstrait parmi les peintres Étatsuniens comme Jackson Pollock.
Son mariage avec Peggy Guggenheim est un échec. En 1946, il épouse la un peintre, éditrice, sculptrice et écrivaine Dorothea Tanning en Californie. Max Ernst et sa dernière flamme s'installent à Sedona, en Arizona. En 1948, il écrit le traité « Beyond Painting » puis part voyager en Europe en 1950.
En 1952, il devient Satrape du Collège de ’Pataphysique où logent aussi (entre autre) Boris Vian, Alfred Jarry, Man Ray, René Clair, Antonin Artaud, André Gide, Raymond Quenneau, Erik Satie, James Joyce (au bar:),Paul Valéry, Eugène Ionesco, Jules Vernes, Jacques Prévert et Umberto Eco.
À partir de 1953, il s'installe à Paris et l'année suivante reçoit le Grand prix de la biennale de Venise, ce qui lui vaut l'exclusion automatique du mouvement surréaliste.
De 1955 à 1963, il réside à Huismes (Indre-et-Loire) où il réalise des œuvres marquées par la Touraine : Le Jardin de la France, Hommage à Léonard ou La Tourangelle.
L'auteur britannique JG Ballard multiplie les références aux oeuvres de Max Ernst dans son livre The Drowned World en 1962. 4 ans plus tard, la première édition de son livre The Crystal World utilisait aussi comme couverture des éléments de Eye of Silence de Max Ernst. Finalement, en 1970, dans son recueil de nouvelles expérimentales, The Atrocity Exhibition, Ballard continue de glisser Ernst ici et là.
Ernst créera les décors d'un théâtre et une fontaine dans la ville d'Amboise. En 1966, il réalisera un jeu d'échecs en verre sur un échiquier géant de cinq mètres de côté, qu'il baptisera Immortel.
En 1975, une rétrospective a lieu au Musée Solomon R. Guggenheim à New York et les Galeries Nationales du Grand Palais de Paris publient un catalogue complet de ses œuvres.
Max Ernst décède un jour avant son 86ème anniversaire de naissance à Paris en 1976.
Sa prolifique oeuvre est immortelle.
Il a eu de Dorothea Tanning un fils, Jimmy, lui-même peintre expressioniste abstrait. Celui-ci est décédé en 1984. Les petits-enfants de Ernst, Eric et Amy sont respectivement artiste et écrivain.
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