Quand j'ai lu le titre, je l'ai lu rapidement.
Mon cerveau d'insomniaque avait lu trop tôt trop vite dans un moment de chorégraphie intense matinal mal choisi "parade monstre en France pour honorer les gays". En fait j'avais probablement lu les mots Parade, Monstre, France, Gay et mon cerveau avait fait les conclusions naturelles qui s'appliquaient. Il y avait une photo d'une très jolie fille blonde, en robe de mariée qui saluait avec bonheur la foule amassée autour de la rue.
J'y reviendrai.
Je suis très dur avec la France. J'ai un racisme latent naturel avec ce pays. J'y suis allé en 1995 et je les ai trouvé si loin de ce que je suis, de ce que nous sommes, j'ai découvert alors que j'étais beaucoup plus américain que descendant français. De toutes les pores de ma peau. Si ce n'était que ça, ce ne serait pas tellement grave, ce ne serait qu'un simple constat. Mais leur manière de prendre le Québec (les canadiens-français disent-ils) de haut m'agresse horriblement. C'est certain que si on continue à leur envoyer Linda Lemay, Julie Snyder, Régis Labeaume ou le maire du Saguenay, il est tout à fait normal de leur part de nous juger simple d'esprit. Mais malgré leur histoire mouvementée ancestrale 100 fois plus excitante que la nôtre je les croyais mieux développés socialement. Ce qui n'est certes pas le cas, les français ne distinguant que très vaguement la différence entre flirt et aggression comme ils l'ont démontré dans le délire DSK.
Dans notre nature américaine où, par excès de pudeur il est vrai, un professeur mettant la main sur l'épaule d'un enfant dans le cours d'éducation physique devient suspect, l'idée même de pouvoir défendre un homme qui aurait contraint par la force une inconnu pour qu'elle assouvisse ses bas instincts ne fait tout simplement aucun sens.
Là où je me suis encore plus étonné de cette aversion française latente chez moi c'est justement au féminin. Je suis encore très sensible aux belles femmes. Le serai probablement toujours. Un ami mourrant me disait dans ses 90 ans que la dernière chose qui meurt chez un homme c'est le désir. Et pas juste le désir de vivre.
Quand je suis passé en France en 1995, j'y ai passé un gros mois. J'étais jeune, je croisais de la jeune femme et je restais stupéfait de leur manque d'envergure. L'une d'elle m'avait même demandé "note tu une différence entre la femme française et la femme du Québec?" Et j'avais été forcé de lui dire que oui, la femme de chez nous a beaucoup plus de caractère, est beaucoup mieux respectée, a plus d'ambition, de cran, s'impose davantage, est dégourdie, etc. Ce que les réactions suite à l'affaire DSK, le retour de cette ministre française au travail deux jours après avoir accouché, Ségolène ont encore prouvé par 1000 jusqu'à tout récemment.
À l'université, je fréquente beaucoup de femmes. L'université c'est 80% femme, mon département, 96%. Il y a forcément beaucoup de très jolies femmes. Mais quand je suis charmé, si je découvre qu'elle parle le français de France, mon intérêt pour cette personne baisse de 85%. C'est con je sais, mais c'est tout à fait naturel chez moi. Et pourtant je suis un adorateur des accents. Mais l'accent français, probablement parce qu'il est lié à un tempérament qui m'agresse, ne me plait pas du tout.
Pire encore, ma belle-soeur, la femme du frère de l'amoureuse, est elle-même française! Et je l'adore. C'est une femme fantastique qui a beaucoup plus d'Amérique en elle que quoi que ce soit d'autre.
Et le voilà le problème. Le pernicieux racisme. J'aime seulement si on se rapproche de mon américanité. Et je désavoue si on est d'une autre sensibilité.
Injuste. Et pas toujours justifié non plus.
La France mérite mieux de ma part. Je me suis donc appliqué depuis quelques temps à vouloir corriger le tir et à explorer davantage le gens de l'hexagone. J'écoutais Renaud, Dominique A, j'ai vu du film français, j'ai posé sur ma tablette un livre regroupant l'essentiel de l'oeuvre d'Annie Ernaux. J'ai demandé Olivier Lisière à Noël et si je ne l'ai pas je vais l'acheter quand même. Je travaille mon aversion française et ça va bien.
Et puis soudain cette parade d'imbéciles...
C'était une parade CONTRE le mariage gay.
Sérieusement, en quoi est-ce possible? comment peut-on être CONTRE quelque chose qui ne nous regarde en rien? N'est-ce pas un peu comme être contre le fait que vous mangiez de la melasse au déjeuner? Vous pouvez faire la moue mais organiser une parade? c'est un peu comme dire Vous verrez, on va vous empêcher de vous aimer. En quoi est-ce que ça les concerne? Quand on se penche sur les arguments évoqués, on frôle la débilité pure.
Un archevêché a soulevé le spectre de l'inceste (?!). Un autre a dit, un sénateur celui-là et non un humoriste, que dans dix ans, il ne restera plus personne... donc qu'en légalisant le mariage gay tout le monde devenait gay et qu'on ne se reproduirait plus?
Tous ses visages dans la parade, qui ne sont heureusement pas TOUTE la France, endossent ses conneries.
Comment un pays qui a offert, contrairement à l'Amérique francophone, un adjectif aux homosexuels (Gay contrairement à gai ici) peut aussi être si peu généreux sur des choses si... ordinaires...comme le mariage. On devrait retirer un droit ordinaire à tous les participants de cette parade.
J'offre un mot à mon tour à ces gens: Homophobie.
Tous ces visages fiers dans la parade méritent une grave baffe.
Get a life.
Ça a marché, le projet du Président François Mollande de rendre le mariage accessible à tous a reculé.
La France a régressé.
J'ai pas encore touché au livre d'Annie Ernaux et j'ai commencé Raymond Carver à la place.
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