Le 5 novembre 1872, le navire Le Mary Celeste prend à son bord, dans le quai de New York sur la East River, 1701 barils d'alcool commercial dans le but de l'exporter en Italie pour des fins de production de vin pour la compagnie Meissner Ackermann & Co.
La valeur de la marchandise est de 35 000$ et le bateau est assuré pour 46 000$.
Le Mary Celeste quitte ensuite Staten Island pour se rendre, en théorie 20 jours plus tard, à Gênes en Italie.
Le navire était alors mené par le capitaine Benjamin Briggs, sa femme (qui avait déjà voyagé plusieurs fois auprès de son mari), de leur fille de 2 ans, et de 7 membres de l'équipage. Ils étaient donc 10.
La veille du départ, Briggs avait soupé avec un confrère et ami, David Reed Moorhouse, capitaine canadien du Dei Gratia, navire qui suivait sensiblement le même trajet et dans les relatifs même délais que le Mary Celeste, mais qui allait partir plus tard, attendant toujours sa cargaison.
On annonçait de mauvaises conditions maritimes sporadiques mais lors du départ du Dei Gratia, aucune intempérie n'avait été rencontrée.
Un mois après son départ, le 4 décembre en début d'après-midi, l'équipage du Dei Gratia apperçoit le Mary Celeste, dont la moitié des voiles sont montées, faisant des mouvements brusques sur l'eau...et dans la mauvaise direction puisqu'en voie de se rendre...au Portugal!
Ayant un jour d'avance sur leur propre navire, l'équipage du Dei Gratia s'inquiète de la tenue du navire et de ses voiles, qui, de loin, parraissent légèrement déchirées. Le navire n'envoie aucun message de détresse et il ne semble y avoir absolument personne à bord.
Tous les papiers du Mary Celeste ont disparu, l'équipage aussi, la porte du cockpit est ouverte, le compas et l'horloge ne fonctionnent plus, le sextant et le chonomètre du bateau manquent aussi à l'appel. La drisse pour hisser la voile principale n'y était plus et le seul bateau de sauvetage brillait également par son absence. Une solide corde, peut-être la drisse de la voile principale, était attachée au navire mais l'autre extrémité (qui tenait le bateau de secours?) trainait à l'eau.
Les 1701 barils d'alcool semblaient tout à fait en ordre, même si 9 d'entre eux, une fois en Italie, seraient vides. Il y avait des rations alimentaires pour facilement 6 mois de navigation. Les possessions personnelles des membres de l'équipage étaient aussi sur place. Il n'y avait aucun signe de violence ce qui éliminait l'idée de l'invasion pirate ou de la mutinerie. Tout semblait indiquer que les membres avaient quitté le navire en vitesse.
Le Dei Gratia sauvera un bateau en relatif très bon état et son capitaine touchera un sixième des assurances (730 000$ aujourd'hui).
Mais si le mystère sur le Mary Celeste reste pratiquement complet, les théories sur ce qui se serait passé sont nombreuses.
L'invasion pirate:
Des pirates ottomans auraient été reconnus dans la région mais l'absence de matériel (majeur) volé et l'absence de signe de bataille ou de violence élimine pas mal cette hypothèse.
Le tremblement de terre marin:
Peut-être qu'un tel évènement (plutôt rare) serait survenu et que l'équipage aurait paniqué et fuit le navire en trombe. Ceci expliquerait pourquoi 9 barils d'alcool se serait vidé de leur contenu et la présence d'eau sur le navire montant quelques fois jusqu'au mollet. Mais un tremblement de terre aurait aussi été senti par les habitants du Portugal tout près ou des Açores et ce ne fût pas le cas.
La mutinerie:
Le capitaine Briggs n'avait pas du tout l'étoffe du tyran, il était même très respecté par ses employés et la réputation des ses aides était aussi irréprochable.
Beuverie ayant mal tournée:
Quand on a découvert que 9 barils d'alcool étaient vidés, on a pensé que peut-être l'équipage avait choisi d'en boire le contenu et de tuer le capitaine dans l'ivresse avant de fuir le navire et de périr en mer. Toutefois le capitaine Briggs était abstème (il ne consommait aucune boisson alcoolisée) et ne tolérait pas que son équipage en abuse.
Abandon prématuré:
Il semble clair qu'au minimum il y a eu abandon prématuré. On dit que peut-être, puisque le chronomètre et l'horloge ne fonctionnaient plus, on ait choisi de tenter de se rendre à l'île de Santa Maria, sans succès.
La théorie la plus plausible est la suivante:
Le Capitaine Briggs n'avait jamais navigué un aussi important bateau et ne faisait pas du tout confiance à l'alcool à bord. les 9 barils vides étaient les seuls fait de chêne rouge, matière propice à l'émission de vapeur. Le frottement des barils les uns sur les autres, combiné aux vapeurs d'alcool aurait provoqué des explosions qui auraient fait paniquer l'équipage. Une chose est certaine, l'équipage a trainé à l'arrière du Mary Celeste dans l'espoir que la situation d'urgence ne soit chose du passé. La dernière entrée dans le journal du capitaine Briggs est datée du 25 novembre 1872, le 26 on enregistrait un tempête en mer. Un navire de sauvetage n'est pas équipé pour survivre à toutes les intempéries.
Sir Arthur Conan Doyle a largement puisé dans cette histoire pour fabriquer l'une des siennes en 1884.
Un film britannique de 1935 traite aussi de cette histoire.
En 2002, le film d'horreur Ghost Ship s'amuse aussi avec les faits.
Aujourd'hui, il y a 140 ans, le Mary Celeste enregistrait les dernières données de son périple vers l'Italie.
Fatal pour Benjamin Briggs (37 ans), Sarah Briggs (31), Sophia (2), Albert Richardson (28), Andrew Gilling (25), Edward Wm Head (23), Volkert Lorenson (29), Arian Martens (35), Boy Lorenson (23) et Gottlieb Gondeschall (23).
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