Quand je travaillais dans ma compagnie Internationale de Jambon , à quelques reprises, les chefs de division se réunissaient quelques fois en Ontario pour une réunion dans la ville où loge la riche famille de la jolie Barbara Stronach.
Une fois, j'avais été délégué pour représenter mon patron qui ne pouvait s'y rendre. J'étais content, je comptais, en soirée, partir à la chasse à la Stronach. Non seulement était-elle très appétissante à l'oeil mais aussi très très riche.
Arrivés par avion en matinée, nous étions tombés en réunion dès 9h. On nous avait bouclé dans un bureau avec une "psychologue d'entreprise", une vraie connerie. C'était en fait une espionne pour le big boss, une flaireuse de troublemaker. Elle avait tenté de nous faire dénoncer des choses parfaitement idiotes, voires inventées. On l'avait mise en poste pour rendre des compte de la plèbe.
Pour la plupart, la réunion était très éprouvante. Surtout pour les 5 Québécois au bout de la table (table de 15 ou 20). Alors qu'il était midi 45 et que nous avions à peine pris une pause pipi/cigarettes de 15 minutes vers 11h00 le matin, il y avait 5 culs, 5 estomacs aussi, qui se tortillaient au bout de la table. Moi en particulier parce que je déjeunais peu sinon pas du tout à l'époque.
Quand un Québécois s'était risqué à demander si on allait manger à un certain moment, les anglos l'avaient tous jugés comme "déplacé" on l'avait tous senti. La "psy" nous avait laissé commander de la pizza comme si c'était une faveur. Il faut aussi dire qu'ils étaient tous plus ou moins gras aussi et qu'ils avaient peut-être de bonnes réserves.
Quand on avait quitté en soirée vers 19h00 pour aller souper, on avait fait l'effort pour manger encore ensemble mais il y en avait cinq qui avaient franchement envie d'autre chose. Moi de Belinda.
Vers 21h00, une collègue et moi on s'était poussé, officiellement pour aller se coucher à l'hôtel où nous logions. Comme nous donnions naissance à des rumeurs et qu'entre nous il ne se passerait rien de toute façon, nous avions donc décidé de leur donner de réèlles raisons de faire de la médisance et de partir à la chasse aux Stronach. Moi pour tenter de séduire Bélinda, elle afin de tenter de séduire Franck, le père de Belinda, la source de la richesse familiale (Ma collègue avait à peu près son âge aussi, je suis plus jeune de 6 ans que Belinda).
On s'était rendu jusque sur le terrain des Stronach avant de réaliser que c'était purement criminel tout ça (on avait beaucoup bu sur des estomacs plus ou moins remplis). Mais en même temps leur terrain était si grand que c'était un peu comme marcher sur une piste d'atterissage. Difficile de ne pas le faire ça occupe 30% de la surface de la petite ville ontarienne où nous étions tous.
Équipés d'une dernière bouteille pour la route, on avait beaucoup ri et on était retourné à l'hôtel, sans amants d'un soir. Jamais n'avons nous même pensé l'être l'un pour l'autre non plus. Ce n'était pas dans le plan de match. Une fois à l'hôtel, les autres truffions n'étaient toujours pas revenus du resto. On les imaginait en train de danser sur du Shania Twain. On se félicitait d'être retournés à l'hôtel plus tôt.
On se félicitait surtout d'être Québécois. Il y avait un minimum de vie et de personnalité dans nos représentants québécois. Même parmi ceux qui dansaient sur Shania Twain. Les canadiens étaient d'un beige...religieux...
Sortez du Québec pour aller disons en Europe ou ailleurs et vous deviendrez officiellement Canadien. Mais sortez du Québec pour aller tout juste à côté, au Canada, et ce sera difficile de se reconnaître en eux. On est franchement deux pays. Je comprend tout à fait ceux qui, de l'extérieur, confondent Canada et États-Unis. Pour nous aussi la ligne est très mince. Ce ne sont pas des mauvais bougres. Mais ce ne sont pas nous. Notre Canada nous est parfaitement étranger. Encore plus aujourd'hui avec Harper.
Ce qui est "drôle" c'est qu'une large part du Canada anglais entretient un sévère mépris à notre égard. Mépris qui trouve sa source dans une profonde ignorance (entretenue) de ce que nous sommes. La revue canadienne MacLean's l'a encore prouvée cette année avec des articles couvrant le conflit étudiant au Québec qui avaient un dangereux parti pris contre, non pas juste les étudiants, mais la francophonie aussi.
Partout au monde ce serait du racisme mais ici c'est en kiosque et autour du water cooler. Et acceptable.
Bientôt je l'espère, on n'aura même pas besoin de se séparer du Canada, c'est peut-être le Canada lui-même qui voudra nous larguer.
Mais pourquoi réèllement se soucier d'un voisin dont on n'a franchement rien à cirer? pas même envie de mépriser parce que l'énergie pour le faire serait ainsi vainement gaspillé? C'est ce que ma collègue (unilingue anglophone de surcroît, ce qui est tout à son honneur) et moi avions convenu ce soir-là.
Près de 10 ans plus tard, c'est toujours vrai.
Bélinda & Franck nous auraient-ils regardés avec mépris si ils nous avaient trouvés sur leur terrain ce soir-là?
J'aurais quand même fumé la cigarette d'après l'amour avec Belinda si j'avais pu.
Savourant ses courbes dans les veloutes bleues de la nuit.
Mon Canada, c'est le cul de Belinda.
On a de l'humour au Québec, aujourd'hui c'est la fête du déménagement.
C'est aussi la fête du Canada.
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