Vous vous souvenez de la série The Sopranos?
C'était à l'aube de la domination des séries télé, remplaçant presque les livres. Tuant avec efficacité aussi l'envie d'aller voir des histoires condensées en deux heures dans un cinéma.
On commençait tout juste à jouir d'univers déployés lentement sur plusieurs chapitres dans des séries où on y mettait le paquet.
Mercredi dernier, la retranscription des conversations entre Donald Trump et son homologue urkainien Volodymyr Zelensky a été rendue publique. Ça se lit comme une négociation entre mafieux. Cette conversation semble complètement tirée de la série The Sopranos. L'école de Trump, c'est celle de la Mafia. Son vocabulaire, ses faits et gestes copient le style.
Mais jusqu'où cette analogie peut-elle tenir? Pourrait il y avoir mort d'hommes à certains moments? Et est-ce que le peuple des États-Unis, conditionnés par des années de vitamines télés, de jeux de pouvoirs entre conquérants de trônes, visionnaire du futur et cavalières de dragons, et les différents médias, toujours avides d'un peu de sensationalisme mafieux comprend bien la réalité dépassant la fiction?
Il est important de se rappeler que Donald J. Trump a appris l'ABC de son "succès" de Roy Cohn.
Qui était donc Roy Cohn?
Cohn était un avocat véreux qui a fait sa gloire dans les années 50-60. Il a entre autre fait condaamner à mort le couple d'espions qu'étaient Julius et Ethel Rosenberg, qui étaient effectivement coupables de trahisons, mais qui ne méritaient probablement pas la mort. Le procès les as trouvés tous les deux asses justement coupables, mais Cohn a maintes fois triché suffisamment de choses pour qu'on soit obligé de parfois le mettre à l'écart. Cohn se vantera de beaucoup plus que ce qu'il a accompli dans cette cause. Étant tout autant une nuisance qu'un avantage.
Il sera aussi avocat de Joseph McCarthy pendant la chasse aux sorcières communistes et avocat du jeune fille à papa, Donald Trump, commençant dans les affaires, dans les jeunes années 70.
Cohn défendait toujours la Mafia. Et a été un mentor pour Trump. John Gotti ou Donald Trump, mêmes caractéristiques. Gotti voulait toute l'attention, et tenait à constamment être sous les projecteurs. Ça gonflait son ego et le faisait se sentir important.
Un autre parallèle se devine dans leur intolérance. Quand on insultait ou on vexait Gotti, on était plus rien pour lui. Vous étiez même, souvent, retrouvé mort...
Trump ne tue pas (encore) mais il vous coupe de son environnement. Vous n'êtes plus rien pour lui.
Gotti n'aurait jamais dit "tue cet homme". Il aurait dit quelque chose comme "fais-moi une faveur, débarrasse-moi de ce caillou dans mon soulier". Il disait des choses comme "ce gars-là est un problème". Mais les mots codés étaient vite compris. Trump dit à maintes reprises dans sa discussion "do me favor". Et ne dit pas clairement qu'il coupera l'argent investi dans la défense armée de l'Ukraine, mais souligne que cet argent pourrait se faire plus rare...
La Mafia a toujours été un miroir du capitalisme. On y réussit en établissant des monopoles, en dominant le marché. On veut gagner, tout le temps, et l'idée de perdre est insupportable. La victoire est toujours au dépens d'un(e) autre. Ray Cohn n'admettait jamais la défaite. Il fallait toujours attaquer. C'est pour ça que la Mafia tient toujours la route. Ils ne font que copier les mécanismes du capitalisme à succès. La Mafia veut des monopoles. Ils veulent dominer. Aucune justification en aucun cas.
Trump veut la flamboyance, il est à la conquête de la constante attention. Du respect absolu du boss de la Mafia quand il entre dans la pièce. Twitter tous les matins en est un exemple. Il doit exprimer sa vision du monde tous les matins, tout le temps, sur tout. N'importe comment. Au gré de ses pulsions. Le doigt sur la gâchette. Tirant de la taille. Comme Gotti.
La Mafia est une société secrète et parallèle. Donald déchire tous ses documents. Tiens à garder le plus de choses classées secrètes. Comme ses déclarations d'impôts. La chute de Gotti, et la presque fin de la famille Gambino, a été causée par sa trop grande envie d'être à la fois "secret" et beaucoup trop public. Le dernier boss des Gambino avait appris la leçon. Il était si discret qu'on a su c'était qui seulement quand il a été assassiné par un déséquilibré.
Trump invite le danger. Et tente de tourner en victoire toute défaite. Au lieu d'admettre une erreur, il attaque Joe Biden dans sa défense de sa conversation avec le président ukrainien.
Il a appris de Ray Cohn. La Mafia fonctionne ainsi. Trump aime les présidents étrangers du même moule. Brutaux, Bestiaux.
"do it to the other guy first, because if you don't, he'll do it to you" faisait dire Woody Allen au personnage de Tina, fille de mafieux, dans Broadway Danny Rose.
Cohn a tenté plusieurs fois de soudoyer des juges et détruisant tout témoin anticipé qui serait contre sa cause. Tu n'aimes pas l'opposant? Tu le détruis.
La Mafia est un empire invisible. Ils font mal à bien des gens. Sans merci. Sans que personne ne le sache vraiment. En Italie, ils ont même investi le gouvernement. Et c'est le pays qui souffre du désordre gouvernemental. Ici, ils essaient, avec plus de succès chez les Libéraux. Ils sont meilleurs en construction, où ils règnent en roi.
Trump parle des tarifs douaniers comme d'une victoire. C'est ce qui fait planter les marchés et nous amène vers la récession. Trump se retourne en une fraction de seconde contre ses proches si ils ne sont pas 100% "loyal" envers lui. C'est un peu l'équivalent du "je casse les jambes si tu me trahis".
Et Trump a la trahison large.
En début de règne présidentiel il disait à voix haute "Where's my Ray Cohn?".
Le gouvernement travaille pour lui, il ne travaille pas pour le gouvernement.
Trump confirme tout ce que je vous dit en cherchant maladivement à savoir qui serait le lanceur d'alerte qui l'a vendu sur ses travers urkainiens.
"Je n'ai absolument rien fait, mais j'éliminerai le témoin"
Et a fait un appel à la guerre civile en disant "si je suis destitué, vous devrez réagir"
Lire prendre les armes.
Un réel danger, cet homme.
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