Nous vivons une ère d'extrêmes distractions.
Conduire une voiture, traverser une rue, n'ont jamais été aussi dangereux. En grande raison à cause de l'importance que l'on accorde à nos téléphones.
Conduire une conversation est tout aussi difficile. Nous l'avons tous vécu une fois, sinon mille, vous parler à quelqu'un distrait par son téléphone et la conversation atteint rapidement un rythme ponctué de silences, de "Qu'est-ce que tu m'a dis?", de confusion et de répétition qui finissent parfois par CHRIST M'ÉCOUTES TU?!
"Comment ça se fait que c'est bon avec n'importe quoi?"
"Quoi?"
"La mayonnaise"
"E' est là!"
Disaient Claude Meunier et Louis Saïa dans Les Voisins.
Notre quotidien est lourdement ponctué de distractions comme jamais auparavant.
Dans une réunion particulièrement abrutissante l'autre tantôt, à l'entrepôt, alors que nous sommes plusieurs à vraiment donner 110% de ce que nous pouvons faire, et savons très bien que peu de gens feraient ce que nous faisons non seulement au Québec, mais sur terre, on se faisait sérieusement taper sur la tête gratuitement par des gens de bureaux qui n'avaient que des chiffres en tête, et qui, eux-mêmes, se faisaient taper sur la tête parce que le bureau-chef trouvaient qu'on coûtait trop cher.
Très vite, on a tous mentalement commencé à être ailleurs en cours de réunion. "'Mangez donc de la marde" semblait la pensée collective de plusieurs d'entre nous, mais Billybob Brabant a eu la meilleure des idées.
Au beau milieu de la réunion, il a mis sa main sur sa bouche, dans sa paume, et a feint un pet. Il a créé le bruit du pet, sans son odeur. Ça a surpris tout le monde, ça a fait rire car certains y ont cru ne l'ayant pas vu faire, ça a fait dérailler quelques secondes une réunion qui dérapait de toute manière dans la visée.
Mais après les quelques secondes d'inattention, la réunion a repris son rythme, et jusqu'à hier (la réunion a eue lieue il y a 15 jours), on en parlait encore.
La distraction de Brabant avait été calculée, mais on est vite revenu sur les choses sérieuses.
C'est un peu ce qui s'est produit cette semaine à Ottawa.
Gerald Butts, ami personnel et principal conseiller de Justin Trudeau s'est immolé sur la place publique, ne se reprochant rien, et ne voulant surtout SURTOUT pas faire de liens avec l'affaire Wilson-Raybould qui étouffe le gouvernement actuellement, tout en voulant laisser croire fortement qu'il serait celui qui aurait tenté d'influencer la ministre de la justice sur le cas de SNC-Lavalin, menacé de boycott pendant 10 ans, si trouvé coupable de tout ce dont on les accuse.
Butts a choisi de démissionner, de se faire hara-kiri, en tentant de se donner une grande importance , et ainsi finalement détourner l'attention des accusations visant Trudeau, selon quoi il aurait tenté de convaincre la ministre de a justice d'alors, Wilson-Raybould, de laisser tomber les accusations qui visaient SNC-Lavalin.
Butts, que personne ne connaissait avant mardi, a capté l'attention nationale pour 24 heures. On a cru, on a pas cru, on a déduit, on a découvert, on a ri, on a feint la stupeur, on a zappé mentalement. Tout était en distractions. Butts porte le nom parfait pour avoir fait le pet au milieu des importantes discussions qui prenaient part dans le cas du camouflage autour de ce qu'on appelle maintenant l'affaire Wilson-Raybould.
Ministre de la justice au coeur du sujet, mais qui n'était pas invitée à témoigner dans le simulacre d'enquête qui aura lieu sur la chose.
Depuis, Selfie Trudeau, qui a multiplié les variations d'histoires sur le sujet, a finalement choisi de l'inviter à témoigner, assez mollement, comme un mononcle un peu saoûl ne se rappelant plus le nom de son épouse à ses côtés. C'est comme ça que Trudeau l'a présenté, Elle est venue nous voir et on l'a alors invitée.
Pas la vérité encore. C'est Miss Wilson-Raybould qui, elle-même, s'est invitée. Toute seule.
Butts n'a fait que péter dans sa main pendant le meeting.
Distraction calculée.
Une bien mauvaise idée cette fois.
On en parlera encore.
Le goudron, les plumes, la parade dans le décor.
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