dimanche 17 février 2019

Blonde & idiote Bassesse Inoubliable*********************Henry's Dream de Nick Cave & The Bad Seeds

Chaque mois, tout comme je le fais pour le cinéma (dans les 10 premiers jours) et la littérature (dans les 10 derniers) je vous parle de musique (vers le milieu). Je vous parle d'un album qui m'a beaucoup transpercé les sens, et tente de vous dire un peu pourquoi. En tentant de vous en donner le goût de l'écoute.

Les 4 mots du titre de la chronique sont inspirés de 4 albums que j'ai tant écoutés que je les connais par coeur et que chaque note en compose mon DNA.

Par ordre de création:
Blonde on Blonde de Bob Dylan
The Idiot d'Iggy Pop
Low de David Bowie
The Unforgettable Fire de U2

B.I.B.I., c'est aussi bibi, moi. Tout en étant la terminaison du mot habibi, voulant dire en dialecte irakien "Je T'aime".

Musique, je t'aime.

HENRY'S DREAM de NICK CAVE & THE BAD SEEDS

Quand la formation The Birthday Party se saborde, le chanteur Nick Cave et le multi instrumentiste Mick Harvey fondent ensemble, avec le guitariste Blixa Bargeld, en 1983, Nick Cave & The Bad Seeds. Cave & Harvey sont australiens, Bargeld, allemand. D'Australie aussi, se joindront éventuellement Warren Ellis, au violon et le bassiste Martyn P. Casey, du Royaume-Uni, un autre guitariste, Goerge Vjestica, le claviériste/percussionniste Étatsunien Toby Dammit ainsi que les batteurs suisse Thomas Wydler et Étatsunien Jim Sclavunos, qui seront les mauvaises graines derrière le grave Nick.

Ensemble, ils produiront 16 albums studios entre 1984 et 2016, en tournant partout dans le monde, le band étant lui-même très international. Le groupe est reconnu comme l'un des plus importants bands australien issu des années 80.

En 1992, Nicolas Cave et ses bad seeds ont déjà 6 albums derrière la cravate. Celui-là sera le premier avec Casey à la basse et Conway Savage, un pianiste/organiste australien, qui aura à partir de l'année suivante, aussi en parallèle sa propre carrière solo.

Je découvre Cave fin secondaire 5, suite au visionnement du film Les Ailes du Désir de Wim Wenders. Mais surtout au CEGEP, avec la sortie de ce bijou qu'était pour moi, leur 7ème album, qui m'accompagnera lors de mon passage universitaire à Sherbrooke. Et encore de nos jours.

Dès le premier morceau, Nick nous offre un morceau qui était à l'origine une ballade composée au Brésil, dans une structure musicale complètement différente, devenant de plus en plus noire à force de la répéter. Hantée et agressive. Elle a tant changée qu'au début, Cave chantait la ballade à son fils avant que celui-ci ne s'endorme. Il ne le ferait plus lors du produit final. Nasty fucked up lullaby

Comme seconde offrande, Cave nous offre tout aussi intense, et musicalement très riche, avec une première section parlant de rêve, une seconde transformant ce rêve en cauchemar, avec une sorte de Jésus, celui qu'il appelle Joe, pimp, dans une société de putes, finalement dans la dernière section, il se réveille dans la terreur, confus à avoir si Joe est lui-même ou encore un cadavre spirituel à ses côtés. Je deviens fou au volant en écoutant ce morceau.

Au troisième rang, on ralentit le rythme un peu. On semble parler de dépendance à la drogue. Ces moments où les "high" ne sont plus si cool et les "low" sont de pires en pires. Les mots "one more time" reviennent d'ailleurs trop souvent pour qu'on ne parle pas d'une dépendance.

Le quatrième morceau est aussi un de mes préférés de l'album, (avec les deux premiers et la 7ème). Dès la 20ème seconde, le diable s'empare de mes sens. Les paroles sont assez claires, parfois les déboires, faut les boire, pour mieux y voir, des noirs corridors. Ou ne serais-ce que couler davantage mon frère? Kiss my ass and leave.

Le cinquième morceau est inspiré de Christine l'Admirable, une sainte du 12ème siècle, reconnue pour ses étranges descriptions de visions et phénomènes paranormaux, souvent discrédités avec le temps. Hanté, encore.

La sixième pièce est inspirée en partie de Katy Cruel de Karen Dalton et nous fait ressentir la menace et la plongée dans la folie. Les dernières strophes sont particulièrement terrifiantes. Cave partage les voix avec Conway Savage sur cette pièce.

Le septième morceau est assez épique. Il touche ma fibre irlandaise tout comme la chanson précédente qui était inspirée d'un chant traditionnel irlandais. Nick nous raconte une sale histoire violente, trainée par des violons planant, et avec une finale presque doo-wop. Formidable morceau. Qui nous transporte sur des mers agitées.

La huitième pièce commence en parlant de la fin d'un sale hiver. Plusieurs Québécois pourraient s'y retrouver. Sally Horner a été kidnappé à l'âge de 11 ans, en 1948 et fût une esclave sexuelle pour un vieux désaxé pendant 2 ans. On raconte que c'est son histoire qui aurait inspiré Nabokov pour Lolita. Une ligne de la chanson est d'ailleurs directement tirée du livre. Si on comprend que le personnage de la chanson tue la "Sally" évoquée (ce qui ne fût pas le cas de Horner, bien que décédée peu de temps après) les mots du refrain "please don't cry... now go to sleep" deviennent soudainement très effrayants.

Toujours attiré par les sujets glauques, Cave et ses graines ferment leur album avec l'évocation d'un des pires individus toxiques en société. Cave parle de relation toxique, indeed. Furieuse livraison des paroles. Les voix arrières masculines, présentes sur presque tous les morceaux, sont fort réussies. Et viennent rééquilibrer le timbre sombre de Cave. Qui parfois pourrait donner le cafard pour l'oreille non avertie.

Pour amateurs de post-punk, de rock alternatif, de sujets sordides, de voix graves, de guitares acoustiques brésilienne agitées, de blues acoustique, d'orgue lourd, de romantisme gothique, pour mauvaises graines.

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