Dans la nouvelle série documentaire The Clinton Affair, dans une séquence, présentant Paula Jones, il y a des extraits télé montrant une comédienne parodiant la victime, au Tonight Show en 1997.
Au moment même où Paula Jones accusait Bill Clinton de l'avoir sexuellement agressée. Ce qui fascinait les États-Unis d'alors. Le sketch montrait une Paula Jones fictive, sortant d'une roulotte, la jupe trop courte, les cheveux trop plein de fixatifs et trop 80's, se déplaçant main sur la hanche, comme une escorte en recherche de clients. Un gag visuel avant toute réplique. Une foule qui se tortille de rire. Le plus gros gag étant l'énorme prothèse lui servant de nez, un pic, un cap, une péninsule!
Les médias Étatsuniens se moquaient de celle qui avait accusé le président de harcèlement. Ceci se répéterait des dizaines et des dizaines de fois dans les années qui suivraient. Écorchant Gennifer Flowers, autre victime de Bill l'abuseur découcheur, et Monica Lewinsky, plus célèbre victime de Bill-la-graine-qui-dégaine.
Il y avait des femmes qui accusaient le président des États-Unis d'abus des femmes et d'abus de pouvoir en général, et l'opinion publique versait naturellement sur l'idée que les femmes en étaient elles-mêmes responsables.
Elles étaient traitées un peu partout, dans un soupir exaspéré, comme de petites personnes de faibles envergures, rêvant de grandes publicités, on parlait d'eux comme " de ces femmes là", comme de la honte du canard noir de la trâlée. On se moquait de leur apparence, de leurs coupes de cheveux, de leurs sexualités. Leno dira de Lewinsky, à son public, que Monica avait considéré faire coudre sa mâchoire afin de ne plus jamais parler de l'affaire. Mais elle s'est ravisé, ne voulant pas faire une croix sur sa vie sexuelle. Le public de Leno s'étoufferait de rire.
Ce qui s'est passé en 1980, au début des années 90, en 1996, 1997 et 1998, et depuis, n'a jamais complètement cessé d'exister. Demandez à Donald.
C'est encore très très 2018.
Juannita Broderick est entendue en cour seulement cette année. Monica Lewinsky n'a parlé de son traumatisme que cette année aussi, 20 ans après l'exposition publique. Ken Starr, l'avocat partisan qui mangeait du Clinton au déjeuner, est lui-même maintenant accusé d'impropriétés sexuelles publiques, et l'ignoble Brett Kavanaugh, avec un jugement troublant (un JUGE!), a accusé ceux qui l'accusaient d'inconduite sexuelle, qu'ils étaient des frustrés de l'ère Clinton qui voulaient se venger.
C'est à se demander si l'Histoire avec un grand H, est vraiment l'histoire, où encore si ce n'est que le passé, rappel du terrible présent.
Au moins, on parlait alors de l'affaire Lewinsky.
Aujourd'hui le documentaire parle de l'affaire Clinton.
Le scandale national, de la manière dont il a atterri publiquement, alors, contenait de nombreuses vérités embryonnaires sur les réalités de nos jours.
-L'expansion de la polarisation partisane, du simple désaccord idéologique à la guerre de mots sanglante.
-Les nouvelles 24 heures sur 24, offrant nécessairement de l'opinion quand la nouvelle ne se renouvelle pas assez vite.
-La rage publique comme exutoire social.
-Le pouvoir politique de la droite religieuse qui sévit.
-L'émergence des voix conservatrices de la Alt-Right.
On a peu commenté la cristallisation du sexisme en Amérique, un sexisme devenu conscient de lui-même, et fier guide de son président actuel. Même au Québec, pas plus tard qu'hier, un pauvre type en chambre a parlé des connaissances pointues d'une collègue, ce qui était formidable, pour une femme...".
Le sexisme ne cache souvent dans l'innocente comédie. Jay Leno à l'époque disait de Paula Jones:
"...prends mon conseil, trouve toi un job où on ne verra pas ton visage. Son chirurgien plastique lui aurait dit: "C'est moi ou c'est Hooters""
La foule croulait sous les rires, encore, alors.
20 ans après les faits, on commence tout juste à parler de l'abus de pouvoir d'alors. Ceux, beaucoup plus nombreux, et pas seulement sexuels, de Donald Trump, sont devenus, aujourd'hui, de la petite nouvelle ordinaire. De la comédie viré cynisme.
La série documentaire peint Bill Clinton comme le prédateur qu'il aura été.
The man who did what he did, because he could.
C'est aussi son nom que les États-Unis ont refusé aux élections de 2016. Préférant plus grossier encore.
En faisant des blagues comme "je ne voterai pas pour Hillary car elle me rappelle trop ma première femme" ou encore "Je ne voterai jamais pour Hillary car elle me rappelle trop l'avocate de ma première femme".
Donald a gagné, mais Hillary a aussi perdu.
Rodham à moins perdu que Clinton.
Si seulement le sexisme s'éteignait comme les Clinton seront complètement éteint, d'ici 4 ou 5 ans...
On clôt sur les abus de Bill à peu près cette année.
On se reparle de ceux de Donald en 2036.
Puisqu'on ferme doucement les yeux sur ces agissements de nos jours.
Le couple Clinton sera à Montréal la semaine prochaine. Pour conférencer sur leurs...échecs?
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