C'est elle qui le dit. Julie Payette.
C'est un sport national au Canada, et au Québec parfois, de critiquer le ou la gouverneur(e) du pays. En 1959, on disait de George Vanier qu'il était trop Canadien-Français. Adrienne Clarkson dépensait aveuglément. Michaëlle Jean était tout aussi dépensière, mais surtout trop émotive, pleurant lors du tremblement de terre Haïtien.
Julie Payette s'est ouverte à plusieurs personnes sur le fait qu'elle n'aimait pas du tout son travail. Elle devait signer la loi sur le cannabis prévue pour le 17 octobre, on a accéléré le processus, elle n'a pas été avisée, ça l'a irrité, elle a demandé si un juge pouvait la remplacer. Il a fallu la convaincre que c'était bien à elle, que c'était l'une de ses tâches de le faire, que c'était même une des tâches principales et qu'elle n'avait aucune prise sur le contenu de la loi qu'elle signait. Facile de comprendre l'irritation.
Elle est brillante, ingénieure, parle 12 langues, a fait au moins deux voyages dans l'espace, elle s'exprime en public sans texte et avec éloquence et humour, mais le rôle de gouverneure générale ne lui correspond pas du tout. Elle voudrait plus de prise sur le contenu des lois. Ce qui n'est PAS son rôle.
Elle veut d'emblée faire la promotion de la science, ce qui est tout à fait naturel pour elle, qui a un passé intéressant à ce niveau et un vaste niveau de connaissance à vouloir partager. Mais elle ne peut modeler les lois scientifiques, ce qu'elle voudrait faire aussi.
Elle voudrait aussi avoir son mot à dire sur qui reçoit l'Ordre du Canada, qui est mené par un conseil dont le/la gouverneur(e) général(e) ne fait pas parti. Elle a épluché de nombreux dossiers à ce sujet, de manière assez têtue, mais a aussi assisté à des délibérations sur certains candidats. Là où elle n'était pas la bienvenue.
Son rôle commande qu'elle donne les médailles, mais pas qu'elle en choisissent les récipiendaires. Elle reporte aux calendes grecques les rencontres prévues avec des organismes de bienfaisance, comme les scouts, la Croix-Rouge, elle remplirait les 2/3 de ce que faisaient ses prédécesseur(e)s. Elle remet en question les avis qu'elle reçoit.
Bref...difficile d'être plus difficile.
Elle refuse à peu près toute la description de tâches.
Elle voudrait remodeler le rôle de gouverneure générale à sa personnalité à elle.
Justin s'est fait prendre dans son propre jeu d'images. Il voulait une superstar. Il en a trouvé une. Sans se demander si elle allait convenir pour ce rôle. Il a court-circuité les propositions des gens qualifiés pour imposer sa propre candidature instinctive.
Ce qui semble être un échec.
Ed Schreyer, ancien Premier Ministre du Manitoba avait été nommé à ce poste par le père de Justin, l'ignoble Pierre Eliott Trudeau (PET) de 1979 à 1984. Il a haï ce poste et l'a dit pendant 5 ans. Sa femme encore plus. Se rendre à Rideau Hall et jouer la plante de jardin la rendait malade.
Le gouverneur précédent, un Monsieur Johnston dont on oublie le prénom tellement il était effacé, était, justement tout à fait dans le bon rôle. Il ne voulait pas prendre de décision. Il ne voulait que faire de l'image.
Justin Trudeau lui-même serait un candidat parfait pour le rôle de gouverneur général. Le poste exige une photo. Pas un .gif.
Facile de ne pas aimer ce job. Vous êtes le représentant d'une Reine sans valeur aucune. C'est un rôle idiot. Plus facile encore de trouver quelqu'un à l'ego moins important. Capable de résister à la forte chance de devenir diva, avec tous les privilèges autour de la fonction, mais aussi capable de faire de l'image et presque du mannequinat.
Johnston, Clarkson et Jean ont tous relativement bien fait à ce niveau.
Who's my doll? |
Julie Payette ne correspond pas du tout à ça.
Des gens en fin de carrière sont de parfaits modèles pour cette fonction.
Payette n'est que dans la jeune cinquantaine.
Trop jeune, donc trop envie de bouleverser le poste.
Ce qui fait que son entourage ne la digère plus.
Pas plus qu'elle ne digère son rôle.
Comme une certaine Maison-Blanche et son imposture présidentielle.
Elle a depuis tenté de rassurer son entourage.
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