Quiconque me connait sait à quel point je suis anti-monarchique. Le concept de la lignée familiale comme preuve de compétence est une ignominie à mes yeux.
Ceci a fait en sorte que, lorsque j'ai attaqué la saison 1 de la série The Crown sur Netflix, mon intérêt s'est naturellement porté sur pratiquement tous les personnages secondaires que je trouvais tellement plus intéressants.
Le presque roi Edward, au début.
Philip, beaucoup.
Margaret, beaucoup.
Winston Churchill
Même Tommy Lascelles, le majordome.
J'ai dû me rendre au 7ème épisode (de 10) avant de commencer à m'intéresser vraiment à la reine Elisabeth et à tout ce qui lui arrive. Déjà, elle était dure à aimer.
Chaque saison (il y en aura 6) représentera une décennie. La saison 1 étant les années 50.
Le duc de Windsor, Edward VIII, est monté sur le trône en 1936, simplement parce que son père était décédé. Très vite, il a montré des signes de non coopération face aux différents protocoles royaux. En voulant épouser une divorcée des États-Unis, qui allait divorcer une seconde fois pour marier Edward, le duc de Windsor a choisi de renoncer au trône, par amour pour cette dame, ce qui s'inscrivait contre l'église. Dans la logique difforme de la monarchie, c'est son frère, Albert, père d'Élizabeth & Margaret, qui deviendra alors le roi Georges.
Avec un règne de 326 jours, Edward, qui ne fût jamais couronné, aura été le monarque au règne le plus court de l'histoire de la monarchie britannique. Incarné par Alex Jennings, il me rappelait beaucoup mon grand-père maternel. Que je n'ai vraiment connu qu'en photo. En allant voir les photos du vrai Edward VIII (ici, à gauche), il est frappant de voir à quel point il ressemble encore plus à mon grand père maternel. Edward VIII a les plus belles lignes de la série dans le dernier épisode, un grand épisode. Formidable. Il y a aussi un épisode, celui du couronnement d'Élisabeth, où il est bouleversant d'humanité.
Philip est mon personnage préféré. Incarné par un ancien Doctor Who (Matt Smith).
Sans le réaliser tout de suite, Philip Mountbatten aura été l'un des tous premiers hommes roses public. Il épouse Élisabeth sans complètement comprendre qu'il sera la mouche dans la toile d'araignée. Il le comprend sous nos yeux dans la série. On lui enlève ses titres de prince de Grèce et du Danemark, on lui enlève son nom (une première, la dynastie (Windsor) restera au nom de madame), on lui enlève même son droit de voler en avion (jugé trop dangereux) une passion pour le pauvre homme piégé. Il vit en quelque sorte, en homme, ce que des millions de femmes vivent depuis longtemps. On le perçoit, étrangement, comme le "méchant" de la série. Il n'est pourtant que très humain. Et pas plus faillible que les autres. Simplement prisonnier. Héritant d'une formidable ligne dans le dernier épisode, voulant retrouver la Femme derrière la reine.
Margaret me plaît énormément. Pas seulement parce qu'elle est jouée par la fort jolie Vanessa Kirby, (TOUT le casting est formidable, les enfants aussi-à 5 millions par épisode, on en attendait pas moins), mais aussi parce que voilà un autre personnage coincé dans le désordre de l'histoire. Coupable de n'être que la "deuxième" soeur derrière celle qui est catapultée reine, elle sera bientôt trouvée coupable de tomber en amour avec un simple écuyer du roi Georges et ancien héros de guerre. On lui refusera cet amour. Brutalement. Vanessa Kirby, dans le dernier épisode m'a presque fait verser une larme. On la dessine rebelle, drôle, anticonformiste et on suggère des airs de scandale autour d'elle. Ça se passait dans les conservatrices années 50. Moi je n'y ai vu qu'une Femme. Avec un grand F. Coincée, elle aussi, là où elle ne le voulait pas.
Winston Churchill m'a toujours impressionné. Incarné ici par John Lithgow (6`4, Winston était 5'6), il est aussi bouillant que touchant. Il sera un guide pour la non scolarisée Elisabeth.
Tommy Lascelles est le majordome en chef, complètement au service de sa majesté, mais aussi lourd conseiller et capitaine subtil du bateau novice que conduit de manière hésitante Elisabeth. Porteur de mauvaises nouvelles comme de bonnes et d'intéressées, Tommy est incarné par Pip Torrens.
Celle qui est dans la peau d'Elizabeth, est Claire Foy. Elle est parfaite. Une ligne dite par un photographe, toujours dans cet épisode parfait qui est le dixième et dernier de la première saison, parle de la reine en la prenant en photo, qu'elle est comme une île, qui ne bouge, ni ne respire, ce qui décrit parfaitement toute la série que nous venons de voir.
Il reste étonnant que la famille royale est accordée le droit de cette série, alors que personne ne paraît bien. Mais alors, personne. On y plonge dans l'intimité fort indiscrète du couple Elisabeth/Philip. On y voit beaucoup de lâcheté chez des gens vivants. Inconscience? possible d'après le portrait qu'on fait d'Elisabeth, parfaitement peu prête pour la royauté. Et peu équipée pour affronter le monde adulte en général.
Déconnectée. Comme les monarchies le sont toujours.
Vous saisissez un peu plus mon dégoût?
La série est formidablement mise en images par entre autre Stephen Daldry, l'homme derrière le largement Oscarisé The Hours. Scénarisée par Peter Morgan, qui s'était aussi commis pour The Last King of Scotland. Henry VIII (pour la télé) et The Queen (lui, il est passionné par la monarchie). Brillamment jouée de toute part et mis en musique par Rupert Gregson-Williams. Même si ce dernier a tout volé à Micheal Nyman. Qui lui volait à Purcell...
The Crown est un formidable portait de famille dysfonctionnelle. Un paysage de vrais déracinés. Un portrait d'îles.
La série est exceptionnellement bonne, nous montre dignité et efficacité contre humanité.
Toute des choses parfaitement absentes de l'administration actuelle des États-Unis d'Armérique.
(sinon le déracinement)
La saison 2 est aussi disponible et je l'entame dès que j'en ai la chance.
Les saisons 3 et 4 (années 70 et 80) auront un casting entièrement différent. Et ainsi de suite jusqu'à la mort de Lady Di.
La photo en tête de chronique est le toute dernière image de la série, vous y voyez du bonheur dans les yeux, vous?
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