dimanche 7 janvier 2018

La Victime Raisonnable au Regard D'Enfant Perdu

Gabrielle Russier, en 1967, a 30 ans.

Monoparentale, elle élève ses deux enfants dans un quartier de Marseilles. Elle est professeure de Lettres et a passé son agrégation de philosophie.

Elle est enseignante au Lycée de Saint-Exupéry à l'automne. Parmi ses élèves, Christian Rossi. Un élève de 16 ans, mais qui est plus mature que les autres. Ses parents à lui sont aussi enseignants, à Aix-En-Provence. Ceux-ci ne s'opposent pas à la fréquentation de Christian et Gabrielle qui se rencontrent hors cours, puis, pendant les manifestations de mai 1968, manifestent ensemble. Mais quand leur liaison semble devenir amoureuse, les parents n'aiment plus la situation.

Pendant les vacances d'été 68, Christian se rend en vacances avec des amis de son âge, sur le pouce, de la France à l'Italie, puis de l'Italie, en Allemagne. Gabrielle ira le rejoindre dans les deux pays. À l'automne, les parents de Christian le somme de cesser la relation. Christian refuse. Il s'installe même chez Gabrielle pendant un certain temps.  En octobre, les parents de Christian somme un juge pour enfants d'intervenir. Le juge trouve un compromis. Christian ira étudier dans un autre lycée, comme pensionnaire, ce qui oblige un certain encadrement.

Gabrielle peut lui écrire et le voir à la Toussaint. L'amour se fraie partout.

Toutefois, toutes les lettres de Gabrielle sont interceptées et détruites. Christian menace de se suicider. Gabrielle part le chercher pour le sortir du pensionnat, mais ce sont des policiers qui l'y attendent. Ils l'arrêtent pour bris de condition face au jugement donné. Mi-novembre, Christian réussit à fuguer du pensionnat. Il se cache chez un ami du lycée. Gabrielle va le rejoindre. En décembre, les parents de Christian portent plainte pour détournement de mineur contre Gabrielle.

Gabrielle est accusée, puis trouvée coupable de détournement de mineur. Elle est incarcérée dans la prison de Baumettes en décembre 1968. Christian intervient lui-même auprès du juge, si bien que Gabrielle est libérée 5 jours plus tard devant son plaidoyer amoureux. Il est toutefois envoyé en institut clinique, puis en psychiatrie, à la demande de ses parents. Il y suivra entre autre une cure de sommeil avant de partir vivre chez sa grand-mère.

L'occasion est trop belle, Gabrielle et lui se fréquentent à nouveau en cachette. En avril 1969, elle est à nouveau incarcérée. Elle n'y serait resté que quelques jours, mais comme elle refuse de dire où se trouve son amant, on la laisse au cachot 5 semaines de plus.

Elle comparait en juillet devant un juge de Marseilles, à huis-clos. Elle sera condamné à un an de prison avec sursis et 500 francs d'amende. Le recteur de l'université d'Aix, pressé par la justice, refuse la candidature de Gabrielle Russier pour un poste d'assistante en linguistique pour laquelle elle avait appliqué.

Gabrielle tombe dans un profonde dépression. Elle est placée dans une maison de repos pour s'en sortir. Elle tente de se suicider en août.

Réussit en septembre en s'intoxiquant au gaz dans son appartement de Marseilles.

Georges Pompidou, nouvellement élu, citera Paul Éluard lorsque questionné sur l'affaire:
"Comprenne qui voudra, moi, mon remords, ce fut la victime raisonnable au regard d'enfant, celle qui ressemble aux morts pour être aimé"

Rossi attend sa majorité pour donner sa version des faits et accorder la dernière entrevue de sa vie sur le sujet. Il dira que Gabrielle lui a donné les deux dernières années de sa vie, qu'il n'a pas à les raconter, qu'il les garde en souvenir et les sent, qu'il est les as vécus tout seuls et qu'il se les garde pour lui.

À sa sortie de séjour en suivi psychiatrie, il se réfugie chez le pasteur qui a célébré les obsèques de Gabrielle Russier.

Il est aujourd'hui père de famille, s'est réconcilié avec ses parents et vit dans l'anonymat.

En 1970, André Cayatte tourne pour le cinéma, Mourir d'Aimer, mettant en vedette Annie Girardot et Bruno Pradal. Charles Aznavour s'était inspiré de cette histoire pour la chanson du même titre. Le film fait polémique, mais qui dit scandale, dit succès. Le film franchira les plus de 5 millions d'entrées en salle.

Un téléfilm de Josée Dayan , en 2009, mettant en vedette Muriel Robin et Sandor Funtek sera critiqué par le pasteur ayant hébergé Christian Rossi. Trouvant leur relation dénaturée à l'écran.

Sur la porte de l'appartement de Marseilles de Gabrielle sera longtemps inscrit à la craie "Z", code voulant signifier "elle vit".

Inscrit par de ses anciens élèves.

11 commentaires:

Unknown a dit...

Cette histoire m'a énormément touchée ,j'avais vu le film avec Annie Girardot et étant curieuse j'ai voulu en savoir plus sur la vraie Gabrielle Russier dont le nom est Danièle Guenot dans le film pour protéger les vrais personnages.;les vrais amants et amis..J'ai été choquée d'abord car Gabrièle Russier faisait toute jeune femme,frêle malgré ses 31 ans a l'époque ou elle a fréquenté Christian et bien moins agée et Christian lui barbu et costaud faisait bien 20 ans si ce n'est 25..bref la différence d'âge entre eux n'était pas flagrante en apparence et ensuite qui pouvait condamner aussi durement une jeune femme d'aimer un étudiant?Quel crime a t'elle commis hormis celui d'aimer un étudiant bon mineur certes,17 ans a l'époque mais qui je pense la protégeait,la rassurait et avec qui elle avait beaucoup de choses en commun dont le sens du combat contre la bourgeoisie,un goût littéraire aussi entre autres.;pauvre femme! Et Christian qu'est il devenu ensuite quand la pauvre jeune enseignante a été en prison,salie et humiliée par tous et pour finir bannie de l'éducation nationale et qu'il a aussi souffert de la faute de son père en étant envoyé dans une maison de fous pour cure de sommeil.Pauvre jeune..en plus il est dit qu'il était consentant donc pourquoi a t'on tant hai cette femme?
Elle aurait été un homme et professeur attiré par une élève que je suis sûre que personne n'aurait rien dit..mais elle a eu le malheur d'être femme et militante dans une société engoncée et patriarcale enfermée dans ses principes et rigidité. Paix a son âme,pauvre âme tourmentée qui n'avait rien d'une vamp ni séductrice..son seul crime a été d'aimer..qu'elle repose en paix!!

Michel a dit...

Oui,tout cela est bien triste et pour moi plus triste encore le pardon de Christian à ses parents...

Unknown a dit...

Comment a t il pu pardonner à ses parents?

jamila a dit...

Vraiment c'est triste et j'ai lu qu'il s'est marié et qu'il a des enfants.

Unknown a dit...

J ai moi aussi du mal à comprendre le pardon accordé aux parents...

Unknown a dit...


Gabrielle Russier a souffert et est morte à cause de l’opprobre jetée sur elle par la société bien pensante alors tirons en des enseignement et gardons nous de juger Christian Rossi, ne lui faisons pas procès. L’homme qu’il est devenu n’est assurément plus celui qu’il était à 16 ans.

dournou a dit...

Nous ne pouvons en effet pas juger. Mais il est vrai que les parents ont fait ce qu'il fallait pour induire cette situation. La justice aussi.
Quel gâchis. La nature humaine n'a pas de limite.

Unknown a dit...

Heureusement on a evolue a cette époque criait vite au scandale pour beaucoup d'autres choses également mères célibataires fréquentation de gens etrangers comme dit la chanson ils ont tué Gabrielle cela m'avait beaucoup choqué j'avais 28 ans

Unknown a dit...

J'avais quinze ans, et j'ai été boulversée par le suicide de Gabrielle. Je pensais à ses enfants, à ce jeune homme... Quelques années plus tard, j'ai vécu une histoire similaire avec mon fils aîné. Il avait 16 ans quand il est tombé amoureux d'une femme qui avait 33 ans. Je suis heureuse d'avoir laissé faire malgré le regard et les réflexions de personnes qui se disent bien intentionnées...j'ai laissé dire, la seule chose que j'ai exigé c'est qu'il continue ses études. La semaine il vivait à la maison et le weekend et les vacances chez elle. Aujourd'hui, il est marié avec une jeune femme de son âge et père de deux enfants. Il n'y a pas si longtemps, alors que nous évoquions tous les deux ces années, il m'a dit : "merci" en m'embrassant.Je dis merci Gabrielle, votre histoire m'a permis de prendre les bonnes décisions et d'éviter un drame...

laurene59 a dit...

L époque n était pas la même. Aujourd hui cela nous semble inconcevable avec nos yeux de 2021. N oublions pas que dans ces années les femmes devaient avoir l autorisation de leur époux pour ouvrir un compte bancaire....il faut remettre tout cela dans le contexte.

Unknown a dit...

Vpeut etre pour xses enfantß qui ne sont la cause de rien !!! Quelle belle histoire d amour ,ils ne faisasue s aimer !!