J'appréhendais mon mercredi.
Le dernier m'avait gardé sur la route plus de 13 heures. Et ce mercredi-là (le dernier), je me levais, comme tous les matins, à 5h22, mais cette fois, après n'avoir dormi..que 5h22...
C'est que la veille au soir, j'avais écouté sur Espace Musique (une station radio) la captation de lundi soir du spectacle hommage à Leonard Cohen au Centre Bell.
Selon la tradition juive, un an après le décès d'une personne, on célèbre la mémoire de celle-ci d'une quelconque manière.
Adam l'a fait pour son père en l'honorant (tel que Leonard l'avait aussi souhaité sur son lit de mort)d'un spectacle rendant hommage au géant qu'était Cohen, spectacle auquel prenaient part: Sting, Patrick Watson, Sharon Robinson, Elvis Costello, Lana Del Rey, Feist, deux membres des Lumineers, K.D.Lang, l'acteur Seth Rogen, Damien Rice, Ron Sexsmith, Courtney Love, Chris Martin de Coldplay et Peter Gabriel (virtuellement ces-deux-là) Coeur de Pirate et Adam, bien entendu. Ils ont tous foulé la scène en y allant de leur plus beau talent, chantant Leonard à leur manière. Seth Rogen lisant pour sa part, la poésie de LC.
L'animation radio était adéquate avec des observations bien étudiées entre les morceaux de la part de deux animateurs qui avaient faits leurs devoirs, dont Catherine Pépin qui elle, m'a beaucoup BEAUCOUP irrité. Le ton caramélisée de la fille trempée dans le miel orgasmique qui roucoulait mais surtout son accent! Je ne sais pas si je la confonds avec Annie Desrochers mais je ne lui avait jamais prêté un tel accent français!!! c'est peut-être le sien, mais si c'est emprunté, c'est absolument pas nécessaire. Mais alors pas du tout. J'ai vraiment souffert son ton et son accent entre tous les morceaux.
Un moment de radio formidable tout de même qui sera rendu en images le 3 janvier prochain (sans animation j'espère) à Radio-Canada. Spectacle que j'enregistrerai sans exception, même si on sera alors au Costa Rica.
Le froid mercredi matin qui a suivi a été drapé de magie. D'abord j'avais peu d'adresses à livrer. Je ne finirais donc pas très tard. J'étais dans un quartier anglophone de Montréal où une connaissance s'était présentée aux élections et avait bien perdue. Largement en raison de la stratégie adoptée par elle et son parti (l'ancien de Mélanie Joly). Le parti n'existe pratiquement plus d'ailleurs, toute les activités les concernant ont été suspendues. C'est le coma artificiel.
La météo me plaisait énormément. Un froid de novembre que je trouvais tout à fait connexe à la musique que j'écoutais dans le camion. Une playlist sur Spotify de 25 titres que j'avais tricoté la veille en écoutant le show radio.
Mon type de météo. Même Altman avait placé Cohen dans la neige en 1971. Cohen, froid (et chaleur) ne font qu'un. J'adore l'automne et l'hiver. Beaucoup plus que le printemps et l'été. J'aime quand la fraîcheur nous garde allumé et nous force à remonter le collet. J'ai une réelle appréciation du froid. J'ai même une playlist, toujours sur Spotify, de 20 morceaux "d'hiver" appelée Hazy Shade of Winter. Où Cohen y brille aussi.
Ce mercredi, j'étais tout Leonard dans les sons du camion. Bercé par sa poésie. Il m'avait placé dans une zénitude absolue. Quelque chose de particulier bougeait dans l'air. Une chanson précise, sans que je la programme, a débutée au moment même où le GPS me faisait prendre la rue Ste-Suzanne...L'an dernier, quand Cohen est décédé, je lisais déjà depuis quelques semaines un de ses romans. Un livre de 1963. Pas vraiment ce que l'on s'arrachait dans les librairies quand je le le lisais. Et qui serait en rupture de stock la semaine suivante. Les astres des fois... Weird vibe...
J'ai pris la décision d'aller prochainement au MAC (Musée des Arts Contemporains) voir l'expo sur Leo qui s'y tiendra jusqu'en avril 2018. Mais y aller le premier week end est probablement la pire des idées. Ce qui l'est moins c'est de me rendre sur le Mont-Royal, samedi, afin de voir l'effet que fait l'hommage visuel qu'on a fait à Cohen sur une géante murale montréalaise sur Crescent. Je ne sais pas pourquoi on nous le dessine chez nous si vieux. Il était surtout à Montréal, jeune! Je sais que l'on finira notre marche du Mont-Royal sur la rue Mont-Royal. Où je finis toujours par fureter au travers de cds, dvds, livres usagés. Tout en cédant ici et là, dans la "grosse" dépense dépassant rarement 10$ (pour 3 articles!).
Je me suis découvert une nouvelle chanson préférée de LC. La fin, entre autre, qui me fait sourire,où je me reconnais amplement. Dans celui qui siffle, de manière organisée, contrôlée et fiable. Et dans celui qui chante derrière, plus ou moins équilibré, (saoûl?) désespéré.
You stand there so nice, in your blizzard of ice
Oh please, let me come into the storm.
Leonard me donne envie de toutes les révolutions.
C'était un beau mercredi matin. Il aurait fallu qu'il neige un peu. Des gros flocons auréolés qui auraient aussitôt fondu pour pas faire chier les éternels bougons.
On aurait parti deux ou trois révolutions.
En prenant Manhattan en premier, puis Berlin.
Leonard était si clairvoyant, si fûté qu'il avait tout deviné. Il nous avait dit que le futur serait le meurtre.
Les djihadistes confirment. Leurs dérivés aussi. Les balles errantes des États-Unis aussi.
On ne meurt que lorsqu'oublié Leo.
T'es immortel, mon vieux.
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