Un judicieux croisement d'histoire, de criminologie, de psycho-analyse, de mythologie, de sociologie et de culture populaire. Sa conclusion? "La découverte que les parties génitales de l'homme peuvent être une arme générant de la peur est aussi importante que la découverte du feu dans la préhistoire". La coercition sexuelle et sa menace dans les rues, au travail, à la maison, est moins une affaire de sexe qu'une envie délibérée d'établir une liaison de pouvoir, d'appliquer une supériorité physique sur autrui. Avec intimidation. C'était sa conclusion. Toujours pertinente, 42 ans plus tard.
L'un des plus grand mythes qu'il fallait démystifier était que les femmes crient au viol facilement. Les articles qui ont fait tomber Weinstein prouvent que des centaines de femmes vivaient avec le spectre de la prédation sexuelle contre leur personne depuis des années et allaient crier au viol avec beaucoup d'appréhension et extrêmement difficilement. Les rumeurs ont traîné pendant des années autour de Weinstein, producteur et homme d'une extrême influence à Hollywood, sur ses manières de dégrader les femmes et de les soumettre, contre leur gré, à son appétit sexuel. Menace de perdre des emplois, argent sous la couverture, clauses de confidentialité, coûteux avocats, adjoints espions, complices, détectives privés, rien ne l'empêchait d'acheter le silence. Et d'assouvir ses brutaux fantasmes.
Que tant de femmes aient trouvé le courage de dénoncer les Weinstein, Cosby, Ailes, O'Reilly, Moore, Rozon, Archambault, une culture de complaisance complète sur les plateaux de tournage en Suède, représente une véritable révolution culturelle mondiale. Une immense cohorte de victimes et de potentielles victimes se sentent aujourd'hui libérées. Soudainement, des dizaines de questions naissent.
Qu'est-ce que harceler? Quand la persistance et la détermination deviennent-elles harcèlement? Quoi penser des pires comportements et des plus ambigus ? Entre l'abus physique et l'abus verbal? Quelles seront les lignes directrices dorénavant? Les sanctions à appliquer? Est-ce que les hommes comprennent vraiment que le harcèlement peut détruire l'estime d'une femme? la dégrade? Comprennent-ils qu'il s'agit d'une crime contre la personne?
Ces questions résonnent beaucoup plus loin qu'à Hollywood ou dans les médias, mais partout où les gens se côtoient. Certains pays, aux moeurs moins égalitaires entre sexes, doivent bien se demander ce qui nous chicote.
L'épisode Harvey Weinstein est est aussi un chapître de la présidence actuelle des États-Unis. Quand l'affaire Weinstein a éclaté, Donald Trump s'est contenté de dire "Je ne suis pas du tout surpris". Il semblait vouloir affirmer avec fierté qu'il savait tout ça, qu'il était du milieu. Probablement du genre aussi...Been there, done that, I know the song.
L'histoire de Donald Trump avec les femmes en est une de disgrâce. Il y a tout juste un an, avant l'annonce de la nouvelle présidence post-Obama, on craignait absolument l'arrivée d'un Trump dans le bureau ovale. Il y a des milliers de manières de lire les résultats d'une élection. Une de celles-là est qu'un clown misogyne et raciste a battu une intelligente féministe. Hillary Clinton, la première femme à avoir une réelle chance de devenir présidente des États-Unis, a perdu contre celui qui déversait naturellement du mépris sur les femmes en général, et plus personnellement, qui errait de manière intimidante, en plein débat, menaçant d'un je-ne-sais-quoi, à quelque pieds dans le dos de l'interlocutrice, comme un absolu prédateur. C'est ce qu'il fait, devant tout le monde.
Trump a trempé dans tant de scandales impensables qu'il est aujourd'hui difficile d'en faire le complet décompte. Pour une raison que j'ignore, par masculinisme Étatsunien je suppose, son bulletin de misogynie, langagier et physique, s'est tapi dans une effrayante complaisance négligée. L'accumulation des plaintes de femmes pour agressions portée contre elles (toute niées bien entendu) n'ont attiré qu'une attention modeste dans l'espace public. Une seule poursuite en diffamation et aucun intérêt au Congrès des États-Unis. La spécificité des accusations, par une ancienne Miss Utah, par une journaliste du magazine People, par plusieurs ex-participantes (certaines, adolescentes) de concours de beauté, par la propre ex-femme de Donald, Ivana, qui se serait fait arracher une partie de ses cheveux, avant d'être brutalement violée, sont toutes des histoires noyées. Flatter les seins d'une autre sans son consentement. Prendre fermement le vagin d'une femme qui plait à l'oeil. Embrasser sur la bouche sans en demander le permission. Voilà votre président des États-Unis.
Avant l'élection de Trump, en 2016, 24 femmes avaient juré que Trump les avait abusées. 20 l'ont répété publiquement par la suite, une fois Trump, élu. Aucune avec facilité. Comme toujours, quand une femme accuse un homme largement public, ce sera sa vie à elle qui sera étudiée, et c'est celle-là que l'on jugera. Avant d'en étouffer le cri.
Comme presque toujours.
Parce que maintenant, il y a espoir.
La semaine dernière, l'administration Trump n'a pas que perdu quelques élections de comté, elle a été lavée, rincée, écrasée. On a même élue une transgenre. Et hors résultats gagnants, plus de 20 000 femmes, 20 000, auraient choisi de prendre la situation en main en posant leurs candidatures pour un poste dans les bureaux administratifs des différents États. Un bond titanesque dans les stats du genre aux États-Unis. Un message social aussi.
Donald Trump, avec Steve Bannon dessinant les plans de guerre, croit qu'il est l'auteur d'une fameuse culture de guerre aux États-Unis. Cette guerre semble prendre un superbe virage pour devenir une toute nouvelle guerre avec des impacts forts différents.
Un nouveau chapitre social mondial s'écrit.
L'intimidation sexuelle s'amenuise.
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