Certains n'y seront jamais plus beaux.
L'adolescence est un endroit merveilleux. Un espace mental et physique où les transformations, les influences, sont importantes et multiples.
Un moment magique dans une vie qui sera appelée à vous infliger les coups les plus vicieux.
L'adolescence est aussi hypnotique.
L'entraîneur de ski était maître de l'hypnose. Avant d'être engagé, l'équipe nationale de ski canadienne avait été avisée. Attention, vous faites entrer le loup dans la bergerie. "Personne dangereuse" était le mot utilisé pour faire entrer l'entraîneur de ski dans l'équipe de jeunes filles. On l'a engagé quand même en 1996.
Chantal* s'est fait dire que sa descente de ski était de la marde par l'entraîneur de 31 ans. Elle en avait 17, puis 18, puis 19. Pendant 3 ans, il lui a d'abord donné un bec sur la bouche à la sortie d'un remonte-pente, puis il est passé de caresses sur les seins et sur les fesses. Puis, il y a eu les séances de branlettes et les complètes relations sexuelles en chambre ou dans des camionnettes. Elle l'a même fait dans les toilettes d'un avion pendant que les gens attendaient de l'autre côté de la porte. L'entraîneur jouait avec son estime d'elle-même, vers 19 ans, elle flirtait avec l'anorexie. Avant de découvrir que le coach couchait avec deux autres filles de l'équipe.
Rose a été brisée par ce même entraîneur dès 1996. Frottage dans le dos, caresses sur la cuisse, touchers furtifs aux seins, conversations toujours redirigées vers le sexe, son souvenir du coach se résume en trois mots anglais: Piece of shit. Il l'a traitait de grosse avant de la remonter de compliments déplacés.
Nancy couchait avec le prédateur nationale de l'équipe de ski. Elle multipliait les baisers, pratiquait le sexe oral sur lui tout en ayant des relations sexuelles complètes dans des chambres d'hôtel. Le manipulateur l'a menacé de suicide si elle le quittait, un jour. Quand il a perdu son emploi en 1998, il lui a crié "T'as vu ce que t'as fait?". On ne l'a jamais congédié, on a accordé au marionnettiste le droit de démissionner. On lui a offert une dignité dont il n'avait jamais eu la compréhension face à l'adolescence féminine qu'il exploitait.
Jeanne s'est fait dire par l'exploiteur de jeunes femmes, qu'il était jaloux de son copain et que si il avait le même âge (15 ans) qu'elle, il aimerait être son chum en lui proposant de se pratiquer sur lui pour des baisers sur la bouche avec la langue. Ils se sont effectivement embrassés dans la voiture du coach, là où logeait la skieuse et à l'hôtel en Europe. Jeanne se sentait en compétition avec Zoé, qui semblait la chouchou du coach.
Zoé justement, avait eu un chum de son âge, 16 ans, un skieur lui aussi. L'entraîneur, jaloux, le gardait à distance de sa Zoé chérie. L'entraîneur, pour l'éloigner, lui a dit qu'il était en couple avec elle depuis les 15 ans de Zoé. L'entraîneur en avait 28.
L'entraîneur, le jugement dans le pantalon, disait de ses filles, devant les autres, que l'un était un big mac national, une autre devrait être nue, comme au Chili, avant de zoomer sur ses fesses en bikini sur caméra, qu'une autre ne pouvait pas être heureuse car elle s'était fait faire une sucette la veille ou qu'une autre s'était un petit peu fait violer hier. Il disait aussi d'une autre qu'elle était la femme en chaleur en imitant grossièrement des cris de jouissances.
Sophie avait 12 ans quand l'entraîneur lui passait la main entre les cuisses. 15, quand il l'a dépucelé. Elle ne connaissait rien de l'acte sexuel et trouvait que ça faisait mal. Il l'a rassurée. Elle a été tripotée entre 1991 et 1998. L'entraîneur avait entre 25 et 33 ans. Sophie, entre 12 et 19 ans. C'était trop pour elle vers ses 16 ans, elle s'est construite un igloo dans la neige, donc dehors, pour y dormir et ne pas dormir dans le même lit que lui. Elle a aussi préféré passé une nuit dans un bain pour l'éviter.
Léa était la préférée de l'agresseur. Il lui disait qu'elle était belle, intelligente, qu'elle était la femme de sa vie, il lui écrivait de belles lettres, ne l'insultait pas, ne faisait pas de commentaires déplaisants comme il le faisait avec les autres. Il ne parlait de son physique qu'en bien. Léa avait 17, presque 18 ans. Il couchait avec.
Mais depuis quand les ogres doivent-ils commenter des physiques de jeunes filles devenant femmes?
Depuis toujours nous suggèrent les magazines de nos jours.
Les jeunes skieuses méritaient mieux.
N'importe quelle jeune femme qui se développe, ne mérite pas une telle adolescence.
On les as traités comme des princesses.
Contrairement à ce qu'on nous présente bien souvent, les princesses étaient brutalement violées au Moyen-Âge.
Les princesses ne devraient plus exister.
Le conte de La Belle et la Bête nous apprend à distinguer la laideur morale de la laideur physique, mais il nous apprend aussi que nous sommes attirés par ce qui nous terrifie.
Ces jeunes femmes auraient dû grandir dans la fébrilité et l'allégresse.
Sentiments qu'elles n'auront peut-être qu'effleurés.
La bête dans le conte tue le père de la belle parce qu'il a cueilli une rose dans le domaine du terrible monstre. Celui qui cueille la rose ici, et qui tue aussi, c'est l'entraîneur.
L'entraîneur de ski a avorté une partie de la vie de jeunes femmes qui auraient dû naître comme les plus beaux des papillons.
Dans le plus beau des soleils.
Dans le film de Cocteau, la bête meurt.
*Tous les prénoms sont fictifs. Le prédateur est vrai.
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