jeudi 13 novembre 2014

L'Effet Ghomeshi (et autres désorientations sexuelles)

"We must document our love,
I have sat too long in my silence,
I have grown too old in my pain,
to shed this skin, be born again,
its starts with an ending"
-C.Oberst 


Je suis ravi et à la fois troublé de voir l'effet domino qu'ont eues les révélations sur les pratiques (anciennement) secrètes de Jian Ghomeshi.

Ravi parce que les fantasmes privés de Ghomeshi au détriment d'autrui ont donné du courage à au moins 9 femmes afin de sortir de l'ombre et de le dénoncer. Ravi encore parce que de plus nombreuses femmes, publiques, moins connues, pas connues du tout, anonymes aussi, sont aussi sorties sur la place publique afin de témoigner de leur propre expérience traumatisante du même genre.

On parle d'agressions ici pour ceux qui ne suivent rien depuis le début. D'agressions sur les femmes pour être plus précis.

Le témoignage de la journaliste Michelle Ouimet est probablement celui qui m'a le plus chaviré. Voilà une femme que j'ai rencontré, que j'ai trouvé très forte, armée d'une dure carapace, capable de courage mais aussi de beaucoup d'inconscience. En lisant son témoignage j'ai compris dès sa première ligne d'où naît l'inconscience. Le courage aussi, souvent indistinct de l'inconscience. Ils naissent d'une première mort. Michelle est déjà morte une fois et la perspective d'une seconde mort ne l'effraie désormais plus.
Son horreur dévoilée s'appelle La Honte. Elle y parle de la honte qu'elle a traînée en elle pendant 40 ans. Qu'elle traîne encore parfois. Peut-être un peu moins, maintenant libérée du "secret". Elle parlait de sa honte irrationnelle d'être femme. Je me voyais l'approcher mentalement, la serrer dans mes bras et lui dire le plus sincèrement du monde "N'aie plus jamais honte". Mais je me voyais du même souffle lui redonner peut-être la plus grande des peurs simplement parce que je suis homme, mâle. Parce que j'imagine que quand on confesse une chose du genre, on doit aussi le revivre un peu, forcément, Et le contact tactile d'un homme sur la personne d'une femme victime d'agression sexuelle est probablement la dernière chose au monde qu'une femme souhaite en de tels états de fragilité. Une suggestion de comment se comporter encore moins. Et Michelle...Michelle n'a pas besoin de mes conseils de toute façon.

Puis le titre est devenu ma peau.
C'est moi qui avait honte.
Honte d'être un homme.
Sans ces folies que seuls les hommes peuvent imaginer dans leurs têtes folles, sans ces désirs mâles de conquêtes absolues, tout ceci ne serait que mythe.
Il existe bien une femme de temps à autre, souvent une enseignante, sexuellement immature, mais en général les désordres sexuels se conjuguent au masculin.

Lisez les vies parallèles de Jimmy Savile et vous serez dégoûté non seulement des hommes avec le plus petit des "h", mais de la nature humaine aussi.

Je suis ravi et troublé à la fois comme je le disais plus haut car je n'arrive pas à m'admettre qu'une femme sur 3 ait été agressée, violée, molestée et autre horribles dérivés. C'est tellement trop. Ceci veut aussi dire que je ne sais trop combien de mâles sont parfaitement sexuellement débalancé.

C'est terrible.
Je n'arrive pas à me l'admettre puis je lis que 10 femmes meurent en Inde et que 24 autres sont dans un état grave suite à une session de stérilisation pratiquée tout croche qui a mal tourné. Là-bas, il est considéré "immoral" de stériliser l'homme...
Il ne faut pas juger, c'est culturel me direz-vous, mais je vous dirais que ça reste troublant.

Être femme est un danger constant dans le monde.
On se dit souvent que les nôtres sont chanceuses, ici.
Pas toutes, faudrait-il ajouter.

Les femmes qui se sont débarrassé de ce fardeau mental et physique récemment sont devenus le visage du viol.

Et on s'est aperçu que ce visage était celui de TOUTES les femmes.

C'est ça qui me trouble. Parce que de mon côté, j'avais constaté que le visage du violeur pouvait aussi arriver de n'importe où, de n'importe qui, Du puissant comme du pauvre, de celui qui a peur comme de celui qui se croit Dieu.

De partout.

À Limoilou, en basse-ville de Québec, au moment d'écrire ceci, un déséquilibré sexuel est arrêté pour une combine qui faisait déshabiller des adolescentes sous ses yeux. Il s'agirait du Président de la Société Paranormale de Québec.

Si seulement tout ça était paranormal.

Ça n'a certes rien de normal.

Et Ghomeshi dans tout ça aura servi de tremplin d'appel à la vigilance.
D'appel à un nouveau regard

Femelle comme mâle.

La chute des Ghomeshi et autres prédateurs de ce monde offre un grand éclairage sur notre manière de lire, comprendre et pratiquer le sexe.

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