Arrêter le temps.
Prenons nous le temps de nous arrêter parfois?
Cesser tout et contempler.
Ne serais-ce que pour mettre au défi le rythme de vie parfois/souvent épuisant.
Les fumeurs pensent le faire, toutefois ils ne réalisent pas pleinement que c'est la mort qu'ils invitent aussi.
Le stress n'a pas d'adresse et rime avec vitesse.
Dave conduisait son taxi depuis 3h00 du matin. C'était lundi, l'équivalent de vos vendredis. Il allait avoir congé pour les deux prochains jours et avait hâte de terminer son quart de travail. Il devait le terminer à 13h00, il était 13h12. Il se sentait si fatigué de cet horaire depuis 5 jours qu'il savait qu'il n'aurait même plus la force de changer la litière du chat à la maison. Il répondait à un dernier appel car c'était dans la direction du retour à la maison. Une madame Perlovski. 1975 Rue Fleury Est.
Il arrêta son taxi près du 1975 et klaxonna quelques coups. La porte restait close.
Dave, dans son taxi, n'attendait généralement personne. Vous n'êtes pas prêts? Your bad! Zaviez juste à être prêt. Mais la fatigue aidant, la rue Fleury par un beau lundi après-midi, avec ses cafés animés diffusant la coupe du monde de soccer, les belles femmes partout partout partout à Montréal ; Dave est tout-à-coup tombé dans une zone aérienne qui lui appartenait. Il zonait. Il prenait le temps par le collet. Il attendrait sa cliente.
Il sortit de son taxi pour aller cogner à sa porte. Une dame de facilement 90 ans apparu, traînant trois trop lourds valises. Son appartement devait avoir 120 ans et il était parfaitement dénudé de tout. Cette femme changeait d'adresse.
"Aide-moi, jeune-homme, je quitte pour une maison de retraite" dit-elle. Dave obligea. plaçant les trois lourdes valises dans le coffre de son taxi. Il ne pu s'empêcher de remarquer la montre de madame Perlovski, tout à fait sans aiguilles. Elle ne cessa pas de le remercier de sa gentillesse, Dave lui répondit qu'Il ne faisait que traiter ses client comme il voudrait que l'on traite sa propre mère.
Madame P. donna l'adresse sur Gouin où elle devait se rendre mais demanda à Dave de passer par le Centre-Ville.
"Mais c'est un horrible détour! Gouin est tout juste à 5 minutes!" dit-il à la dame.
"Je ne suis pas préssée, personne ne m'attends" dit-elle.
En regardant dans son rétroviseur, Dave remarqua que les yeux de Madame P. étaient humides. Il n'insista pas et se rendit en ville.
Là, elle lui montra dans l'Ouest le tout premier commerce qui l'avait engagée en 1939. Plus loin, l'endroit où elle avait échangé le premier baiser avec un homme. Ici, le ballroom où elle avait tant dansé, jeune fille. Aujourd'hui un magasin de linge hipster. Enfin ce building, sans explications, où ils sont restés au moins 10 minutes, stationnés devant. Dave au volant, Madame P. plongée dans ses souvenirs. En silence.
Une fois arrivés à la maison de retraite sur Gouin, Deux employés de l'endroit se sont occupés de ses valises. On l'attendait peut-être après tout.
"Combien je vous dois jeune homme?" demanda Madame P.
"Ça va madame, je vous l'offre" répondit Dave.
"Mais tu dois gagner ta vie avec quelque chose, non?"
"Il y aura d'autres passagers, ne vous en faites pas"
Sans même y réfléchir, Dave s'est penché afin de serrer la petit dame contre lui.
Elle ricana.
"Vous venez de donner un bref moment de joie à une vieille dame noyée dans son passé, jeune garçon"
Dit-elle.
On l'aida à se rendre à la porte de la maison de retraite. La porte se ferma. Dave resta debout contre son taxi.
Ce laissant imprégner du moment.
Le bruit de la porte qui se fermait lui avait donné l'impression que c'était la porte d'une vie entière qui se refermait derrière elle.
Si le temps n'attendait personne,
la mort pour sa part nous attends tous.
Elle était prête maintenant pour Miss Perlovski.
Dave en avait été témoin ce jour-là.
En arrêtant le temps pour elle.
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