"Au Guatemala, la plupart des gens se fichent de savoir comment on se débarrasse des délinquants, pourvu qu'on en finisse avec eux" disait les journalistes de l'endroit.
Plus maintenant.
Le fils d'un homme d'affaires et influent lobbyiste qui allait devenir vice-ministre du commerce extérieur, Erwin Sperisen le sait très bien aujourd'hui.
Au début des années 2000, Sperisen, ancien garde du corps mesurant plus de 6 pieds 3 et pesant près de 300 livres en impose. Il est recruté par le ministre de l'intérieur du nouveau gouvernement Libéral d'Oscar Berger. Avec le Vénézuelien Victor Rivera, étroitement lié à la CIA, et Alejandro Giammattei, chef des prisons, ils formeront la base de la politique répressive du gouvernement Berger.
État frontière avec le Mexique, le Guatemala voit le trafic de drogue vers les États-Unis exploser et infiltrer l'économie légale. Les Guatémaltèques sont si préoccupés par la sécurité que pratiquement tous les commerces, des boulangeries aux lavoirs, ont des gardes de sécurité. Quand Spiersen est nommé chef de la police, l'année précédente, ce sont 4500 personnes qui ont été assassinées dans des circonstances sombres. Le discours intimidant de la part des élites du gouvernement Berger face au monde interlope est donc alors bien accueilli.
Hyper-chrétien, Spiersen se dissimule en animateur les dimanches à la télévision pour parler de la foi, mais surtout pour faire l'apologie de leurs politiques de répression de la criminalité et en appeler aux délateurs afin qu'ils viennent se confesser à lui. Les prisons sont contrôlées par les mafias, Sperisen supervise des opérations musclées pour "casser" cette dynamique. Après trois ans à la tête de la police, les succès ne sont pas retentissants. Même que le nombre de meurtres augmente de 33%...On se moque un peu de la superpolice du Guatemala.
Une bourde monumentale voit 4 policiers, sous la charge de Sperisen, assassiner par erreur 3 députés salvadoriens à l'hiver 2007. Les 4 policiers seront à leur tour assassinés dans leur cellule en attente de leur procès. Le vénézuelien Rivera, associé à la CIA est assassiné aussi en 2008. Le diable est aux vaches. Sperisen fuit en Suisse. Il avance des menaces de mort à son endroit pour expliquer sa désertion. Sperisen a le temps de confier "être sorti de la légalité pour la bonne cause" avant de quitter le Guatemala. Des propos qui reviendront le hanter.
Des rapporteurs spécial de l'ONU sont conduits au Guatemala où ils ont comme mission d'enquêter sur le règne de ses "justiciers". On découvre que des centaines de morts, déguisés en décès dans des fusillades entre guerre de gang rivales étaient en vrai des morts sous l'effet de la torture, à même les prisons du Guatemala. Qu'une pratique de l'élimination systématique des indésirables était en place. On associe même les assassinats sélectifs à ceux pratiqués à la fin des années 80/début 90 contre les présumés partisans de la guérilla.
Ce nettoyage social est jugé gangrène pour le Guatemala. Et Sperisen est pointé du doigt comme le principal contaminateur.
Celui qui a engagé Sperisen, le ministre de l'intérieur est envoyé dans les prions espagnoles en attente d'un verdict de condamnation (ou d'une absolution). Un mandat d'arrestation international est émis contre Sperisen en 2010. C'est à Genève que Spersien sera arrêté et jugé.
Cétait hier que la justice de Genève se penchait sur son parcours.
Héros ou assassin?
Honnête colosse ou sanguinaire filou?
Fervent chrétien ou brute épaisse?
Incorruptible ou criminel en série?
Intouchable?
On étudie ses méthodes depuis hier en Suisse.
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