mardi 26 décembre 2023

Les Montréal-Boston Shitshows des Rolling Stones

Montréal & Boston.

Deux villes qui, au hockey de la LNH, ont appris à s'haïr. 

Deux villes où l'hostilité domine quand les deux clubs sont dans la ville de l'autre sur une patinoire.

1972.

Les Rolling Stones sont dans leur Stones Touring Party. Au premier show de cette tournée, à Vancouver, le 3 juin, 31 policiers sont blessés quand plus de 2000 entrent en trombe, plusieurs sans payer, dans le Pacific Coliseum. 10 jours plus tard, 60 arrestations sont faites, à San Diego, et 15 blessés seront faits, à Tucson en Arizona dans le même genre de commotion dès le lendemain. À Houston, 81 personnes sont arrêtés, majoritairement parce qu'en possession de marijuana. 

La musique des "mauvais garçons du rock'n roll" inspire les "mauvais" comportements. À Denver, Stephen Stills et Keith Richards se chicanent tant que des couteaux sont pointés l'un vers l'autre. 

Les shows de Montréal et Boston seront des shits shows. Des shows que les gars n'aimeront pas et dont les déroulement seront plus-que-rock'n-roll. Le jet privé ces Stones à une fuite d'huile sur l'une de ses ailes et est paralysé sur une piste de l'aéroport de Montréal. Mick Jagger en a été terrifié à l'atterrissage. Mais le serait encore plus au décollage. Que ce problème se règle et vite. Après le spectacle prévu, ça doit être réglé. Nous sommes le 17 juillet.

 

Les Stones adorent Montréal. La ville est rythmée, animée, et ils essaient même la poutine et les côtes levées dans la sauce brune généralement réservée à la poutine. Mais si les Stones adorent le côté latin français qu'ils explorent de jour, en fin de journée, le directeur de tournée les approche pour leur dire qu'ils viennent d'être "bombés". De la dynamite avait été placée sous un des camions d'équipement des Rolling Stones, à l'extérieur du Forum de Montréal. Heureusement personne n'a été blessé. Les dommages sont même limités. Une rampe de déchargement détruite, un trou dans le camion, des fenêtres dans les environs de brisées. Mais ça reste une bombe. C'est troublant. 

La motivation n'a jamais claire. On ne saura jamais c'était qui. La bombe n'est pas placée sous le camion mais sous la rampe. On accusera les membres du FLQ, fraichement dans l'actualité pour les mauvaises raisons depuis octobre 1970. Il s'est passé tant de choses dans l'entourage des Stones, que c'est traité de leur part comme un simple inconvénient. Les instruments sont sauvés. Le spectacle sera repoussé de quelques heures parce qu'une rumeur veut que ce ne soit que la première de 4 bombes à exploser. Que peut-être, les Hells Angels qui en voulait à Mick de les avoir blâmé pour la mort de Meredith Hunter, au concert d'Altamont, sont derrière ça aussi. Comment ça se passera sur scène, à Montréal ? Jagger, atterri nerveux, le restera toute la journée. Même sur scène. Quand un bruit ressemblant à un pétard surgit de la foule pendant la livraison de All Down The Line, Mick plonge au sol et fait passer pour un geste de danse. En professionnel, il ne lâche pas la note. Il entend 3 fois le pétard et comme si ce n'était pas encore assez, une bouteille de vitre est lancée dans sa direction et le manque de peu. On accélère la fin et on veut quitter au plus maudit. "Messy show." "Not good, man." Sera entendu après le spectacle de la part des Stones.

Mais le jet privé ne part toujours pas. Et ils doivent être sur scène, à Boston, au Garden, le lendemain soir. On passe le temps en jouant au soccer sur le tarmac. Plus de 3-4 heures comme ça. On arrivera potentiellement en retard sur scène. 

Le trajet se fait dans la nuit et atterrira ailleurs que prévu. À Rhodes Island. Parce que le brouillard les y oblige. On sera officiellement en retard sur scène, ça leur prendra un autobus. Mais un serpent entrera dans le jardin secret du STP Tour. Andy Dickerman, photographe d'un journal local, apprend que le band s'y trouve. Il y fonce, caméra en main. C'est un fan des Stones en plus. 

Tout le monde est fatigué et veut arriver sur scène, à Boston, très rapidement. Dickerman essaie de prendre des photos des Stones, qui n'en ont pas envie. Surtout Keith qui jongle avec une pochette pleine d'amphétamines. Dickerman réussit à prendre des photos. Même si tout le monde lui dit de ne pas le faire. 

18 000 fans sont au Boston Garden.

Mick Taylor essaie la diplomatie avec Dickerman. Le généralement posé Charlie Watts s'impatiente aussi alors que ça fait plus d'une heure qu'il prend des photos d'eux alors qu'on lui martèle de ne pas le faire. La police est amenée sur les lieux et choisit le côté de Dickerman. Il est dans son droit professionnel. Les Stones se cachent et se moquent de lui en faisant des grimaces dans son dos ou en lui tournant le dos se masquant le visage pendant une bonne vingtaine de minutes. La tension monte. 

Dickerman voit Keith au loin qui lui fait dos. Ce sera réveiller l'ours. Alors que Richards ouvre son sac de drogue, la caméra vient faire exploser son flash derrière sa tête. Très énervé il le repousse de son pied, enlève sa ceinture et fouette le sol avec pour lui faire peur. Dickerman mentira qu'il avait été fouetté de la ceinture. La police en a assez et arrête Richards. Jagger arrive à la course et commence à injurier les policiers qu'ils détestent. Ils l'arrêtent aussi. Tout le monde se met à hurler. On arrête les gars de la sécurité des Stones qui s'imposent physiquement. Bobby Keys, le joueur de saxophone, jumeau cosmique et grand ami de Keith Richards, fait tout pour se faire arrêter mais la police comprend son jeu et bien au contraire, le laisse japper dans le vide. 

Richards et Jagger sont envoyé en cellule de prison. Au Rhodes Island. Attendus à Boston.

18 000 personnes écoutent la première partie, l'excellent Stevie Wonder. À qui on demande d'étirer le plus possible. Mais la foule n'est pas complètement là pour lui. Après 3 ou 4 fois l'annonce de Stevie Wonder, les huées se font sentir. Le maire s'en mêle. Il se rend sur place et fait ce que les politiciens font très bien, il ment. Il annonce qu'un bris d'équipement force le retard de l'entrée des Stones sur scène. Les huées qui n'étaient que timides sont maintenant nourries. Personne n'y croit. Pourquoi faire venir le maire pour un tel problème technique ? 

Les fans se jasent entre eux. Se lancent des frisbees. Fument des joints, avalent des pilules rouges. Plusieurs finissent par quitter, non pas sans quelques gestes de vandalisme pour exprimer leur frustration. 

Keith & Mick ne sont pas intimidés en prison. Toute leur carrière on a voulu leur faire la peau. Les casser. Sans succès. Ils sont défiants de toute les autorités de toute manière, ce n'est pas une nuit en prison qui les écoeurent, c'est de manquer un spectacle, qui ne serait que le seconde de leur carrière annulé, depuis 1962.  Ces rebelles doivent se rendre à Boston. Bill Wyman, Charlie Watts, Bobby Keys et Mick Taylor attendent pour s'y rendre. Prisonniers en quelque sorte, aussi. 

L'équipe de tournée travaille fort pour tirer toutes les ficelles et les amener à Boston. C'est un coup de téléphone du maire de Boston qui les fera sortir. C'est devenu une question de sécurité on vandalise sa ville parce qu'ils n'y sont pas. On leur obtient, à contrecoeur des limousines, on est même forcé de leur faire une escorte alors qu'on venait de les arrêter. On arrive à Boston alors que le spectacle est commencé depuis plus de 5 heures et que la première partie en a joué trois heures et demie et Wonder est déjà à son hôtel. 

Pour tuer le temps, le directeur de promo lit le journal au micro. Ce qui enrage encore plus la foule. Mais quand le maire revient au micro, on a espoir. Après le huées, il dit à la foule que si ils se comportent bien (parce que notre ville brûle en ce moment-ce qu'il ne dit pas) les Rolling Stones vont apparaître. La foule, intoxiquée jubile. Le maire se présente comme étant le héros. Je les ai sorti de la prison, je les amène sur scène, comportez vous intelligemment à votre sortie. Et la foule, étonnamment le fera. Le spectacle prévu le 18 à 19h commence le matin du 19 juillet vers 1h00 du matin. Des gens qui étaient sur le point de quitter voient les limousines et reviennent. La joie du public est réelle. 

Brown Sugar qui ouvre le spectacle sera sur l'adrénaline. Tout le spectacle sera d'une énergie puisée dans l'adrénaline.

Je vous promets, pour 2024, 12 dimanches où je vous raconte ma passion des Rolling Stones et ma compréhension de leurs vies, juxtaposée quelques fois à la mienne,  comme j'ai fait 6 mois de David Bowie cette année, et 6 mois de Prince.

Que votre temps des fêtes soit passionnant.   

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