J'entendais hier que la formation Radiohead refusait de se rendre wherever, à leur introduction au temple de la renommée musicale "mondial".
Probablement aux États-Unis, qui aiment de décider de tout en tout temps.
Même de ce qui serait la meilleure musique.
Radiohead s'est élégamment justifié en disant que le temple de la renommée ou les remises de prix étaient des choses qu'ils ne comprenaient pas tellement, que ça leur avait toujours paru comme un grave accident de voiture dans lequel vous n'auriez jamais voulu tremper. Propos qu'ils honorent en refusant de s'y présenter.
Même si David Byrne, chanteur des Talking Heads, à qui le band doit son nom, les introduira dans le dit temple.
J'étais aussi, hier, " en camps d'entrainement musical" avec la chanteuse islandaise Björk. Que j'aime beaucoup. J'ai ses trois premiers albums solos, un album des Sugarcubes, dont j'écoute encore régulièrement toujours trois morceaux de nos jours. J'ai aussi son 6ème album, qui reste mon préféré d'elle, et son album jazz, qui serait en fait son vrai premier.
Quand je dis que j'étais en camp d'entrainement musical, c'est que j'écoutais tout ce que je ne connaissais pas de l'artiste, et me faisait une liste de lecture des morceaux qui me plaisaient le plus sur Spotify. Une pratique courante pour moi.
C'est là que je suis resté surpris de constater que deux de mes artistes préférés avaient auparavant collaboré ensemble. Yorke, chanteur de Radiohead et Björk, ex-Sugarcube, pour la trame sonore du film de Lars Von Trier, Dancer in The Dark, une comédie musicale que j'avais si peu aimé que je n'en avais pas gardé souvenir. Ils avaient pourtant gagné l'Oscar de la meilleure chanson dans un film, et ça, je l'avais surement écouté. Et oublié, aussi.
Je peux comprendre qu'on se tanne de la voix de la jolie islandaise aux yeux bridés. Moi-même, quand je n'aime pas ce qu'elle fait, c'est toujours par sa manière de placer sa voix qu'elle me perd. Yorke, en revanche, me gagne davantage pas sa voix, que j'imite à merveille, d'ailleurs.
La voix de Yorke n'a pas gagné que moi comme fan. Parfois, il a même arraché à l'artiste avec lequel il collaborait, une large part de popularité.
Voici plusieurs fois Thom Yorke, sans Radiohead, sans être solo non plus, bien qu'il ait lancé deux albums solos non négligeables, et participé à un projet parallèle: Atom For Peace.
Avec Sparklehorse sur Wish You Were Here (1997)
La première participation de Yorke sur autre chose que son band était comme discret choriste sur une reprise du classique de Pink Floyd de 1975. Yorke voudra vite se séparer des comparaisons aux formations d'antan, fuyant comme la peste ce qui pourrait ressembler à une copie ou une pâle imitation. Radiohead sera fameux dans la recherche de nouvelles directions musicales. Donnant souvent le ton pour de nouvelles générations.
Avec Drugstore sur El President (1998)
La vraie première collaboration claire est faite l'année suivante, en duo avec Isabel Monteiro, de la formation de Londres qui a tiré son nom de groupe d'un film culte de Gus Van Sant.
Avec Unkle sur Rabbit In Your Headlights (1998)
Plusieurs pensent que le virage électronique est survenu avec cette collaboration qui l'aurait beaucoup inspiré sur de nouvelles avenues. Le dernier 90 secondes est particulièrement extraordinaire au point que des collabo DJ Shadow et Thom Yorke ont beaucoup été fantasmées depuis.
Caché au sein de Venus In Furs pour la trame sonore de Velvet Goldmine. (1998)
Le temps de trois chansons, Yorke sera leader d'un quartet comprenant Jonny Greenwood (de Radiohead), Andy MacKay (de Roxy Music) et Bernard Butler (de Suede). Il incarne lui-même une version vampirique de Bryan Ferry, circa Roxy Music, 1972.
Avec P.J. Harvey sur This Mess We`re In, One Line et Beautiful Feeling (2000).
Tous tiré du magnifique album de P.J., il est certain que trois ans, au sommet du monde pop, a aidé Yorke a assurer sur disque dans ses livraisons vocales et musicales. Sur One Line, il émule Bono avec un son soul/crooner en arrière plan, il ne chantera aucun mot, sera plus fantôme, moody. Il est encore plus hanté sur Beautiful Feeling, provoquant des sons se rapprochant de la plainte. Sur This Mess We`re In, il est amant pleinement intégré au morceau. Pleinement intégré au bordel ambiant. Formidable bordel ambiant.
Avec Björk sur I've Seen It All pour le film Dancer in the Dark (2000)
Cette dernière collaboration avant la sortie du fameux Kid A, qui nous ferait connaître un Radiohead nouveau, reste un peu décevante puisque Yorke jase plus qu'il ne chante. Avec une jeune femme qui a beaucoup donné dans la direction avant-gardiste qu'allait justement explorer son groupe par la suite. Et pourtant, ce morceau est plus simple que soigneusement texturé. Oscar pareil. Par réputation.
Avec Modelselektor sur The White Flash (2007)
Entre sa collabo avec PJ Harvey et 2007, tout a changé pour Radiohead. Ils ont troqué la guitare lourde trichant vers le grunge pour les explorations aux synthé. Puis sont revenus aux instruments traditionnels. Et Thom a fait de l'album solo. Cette chanson est meilleure que ses projets solos et si près de ce que Radiohead devenait qu'il devenait difficile de savoir lequel de Radiohead ou Modelselektor était vraiment le band de Yorke.
Avec Björk sur Natura (2008)
Sa présence est nettement plus subtile ici. Il n'y est qu'atmosphérique et il faut vraiment tendre l'oreille pour le deviner ici et là. C'est le show dans le salon de Björk et Thom en est le papier peint.
Avec Flying Lotus sur ...And The World laughs With You (2010)
Voilà un autre morceau qui ferait belle figure sur un album solo de Yorke. Claustrophobique et intense, c'est à se demander pourquoi le band ne l'a pas engagé pour en chanter plus qu'une avec eux.
Avec Burial & Four Tet sur Mirror et Ego (2011)
Ce supergroupe aura été moins que la somme des ses composantes. Ego est principalement dominé par des échantillonages, et garde un son plus ou moins bien produit. Mirror est meilleure, parce que plus urgente dans sa livraison, Yorke utilisant les autres presque comme des instruments à son talent vocal à lui.
Avec Modelselektor sur This et Shipwreck (2011)
Suite au succès de 2007, on a repris la collabo. This frappe fort dès le départ avec l'harmonieuse voix de Thom en lead et en écho. Shipwreck défie les rhytmiques traditionnelles comme le faisait In Rainbows en ouverture avec 15 Steps. Inclassifiable expérimentation électronique.
Avec Flying Lotus sur Electric Candyman (2012)
Après la première jolie collabo, on a voulu recréer la magie. Plus tranquille, plus jazzy, ça sonne un peu comme une version stone d'un morceau non retenu de Massive Attack. Pas aussi catchy que la première collabo, mais pas mauvais non plus.
Avec Mark Pritchard sur Beautiful People (2016)
C'est vrai qu'on écrit pas assez sur la beauté, qu'on jase beaucoup plus de laideur. C'est un peu un retour de faveur de la part de Yorke puisque Pritchard avait collaboré à deux remix de morceaux de Radiohead. Yorke semble baigner dans la solitude sur ce morceau.
Mais on est tous seuls ensemble quand on entend sa si jolie voix.
Je me suis gardé 25 morceaux sur ma liste de lecture de Björk.
Deux avec Thom Yorke.
Et un de Atom For Peace.
Qui n'a rien, mais rien à voir avec Björk.
Ben oui, et puis?
Ce sont MES oreilles.
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