J'adore Sacha Baron Cohen.
Au point de vous en avoir glissé un mot deux fois déjà.
Jamais deux sans trois.
Cohen est le maître de l'intelligente imposture. Un troll équilibré.
Il est de retour avec une nouvelle émission qui repousse les limites de la satire et enrichi ses termes comme de la comédie populaire tout en redéfinissant le verbe "piéger".
Qu'on a tendance à maintenant faire suivre des mots "...dans sa brute connerie" en le regardant.
Sacha s'attaque maintenant aux États-Unis de Donald Trump. Il l'avait annoncé le 4 juillet dernier. Encore avec humour. Il a fait suivre par un clip où il demandait à Dick Cheney de signer son kit de torture par asphyxie aquatique. Ce que Cheney fini par faire.
Ça n'a alors pas pris de temps pour que certains y voient un trésor à venir, et d'autres, les shérifs rednecks, les juges sans jugement, les apôtres de Fox News, ont commencé à monter aux barricades afin de justifier ce qu'ils considèrent comme une manipulation de leur image. Tentant de réduire le bruit qui courait sur eux au minimum. Mais leur voix est devenue fanfare. Et splendide publicité pour Cohen. Distingué troll de la vieille école engagé dans la fraîche folie des médias d'aujourd'hui, et dans sa manipulation des faits, avec un aplomb, comme toujours, fort remarquable. Et intelligent.
Cohen se présente presqu'exclusivement en personnage partout. C'est son bouclier contre la bêtise. Sarah Palin, sur Facebook (se défendre sur Facebook, déjà assez bête), piégée par Cohen dans son show Who Is America? (réponse à cette question ici), s'est défendue d'être tombée dans le piège quand Cohen s'est présenté déguisé en faux vétéran de la guerre qui suggérait un lien entre Chuck Norris et J.C.Penney, circulant en scooter et décoré de deux épinglettes supportant Trump.
Ce vétéran discute de son (hilarant) site de théories conspiratoires Truthbrary.org avec Palin. Et c'est par ce site qu'il demande, en lettres majuscules car il est dur d'oreille, une contredemande d'excuses de la part de Palin, disant en même temps qu'elle s'est complètement égarée. "Tu avais l'habitude de savoir chasser les animaux les plus dangereux comme les ours et les gens sur le chômage!" se plaint-il.
Avant même que le show ne débute (la semaine dernière), on avait droit à toute sorte de graffitis, peints sur le net, en canne d'aérosol, faisant tomber le 4ème mur. Payé par les Britanniques.
Dans le premier des 7 épisodes, son personnage de vétéran confronte Bernie Sanders sur l'Obamacare en lui disant qu'il a été forcé de voir son médecin et que soudainement, ce bandit lui a trouvé 3 maladies!. Il propose aussi de résoudre le problème d'inégalité sociale en important 199% de la population dans le 1% plus riche. Sanders lutte du regard entre la courtoisie de lui souligner l'absurdité de la chose et l'incrédulité du propos. Il est dans la routine de Cohen de tester combien de temps un invite piégé tiendra dans l'acceptation des incohérences qu'il lance. Dans le cas de Sanders, l'endurance et la patience sont à l'honneur chez Bernie.
Mais quand Cohen fait ouvrir la porte de la vanité à son invité, le piège à bête a une victime. Cohen nage dans la satire comme un poisson dans l'eau. Je vous offre le segment final de son premier épisode ici. C'est complètement surréaliste. Humiliant pour l'invité beyond limits.
L'absurdité du segment montre le ravin entre la cruelle blague que sont les politiques d'armes à feu aux États-Unis et la réalité quotidienne de morts inutiles et insensées.
Cohen nous fait patauger dans l'insensé.
Le vieil homme, amoureux du fusil, est plongé dans sa propre imbécilité.
Les violations d'étiquettes sont courantes chez Cohen. Le dégoût presque permanent. Son nouveau show présentera un "progressif" hétérosexuel cisgenre blanc, un homme récemment libéré de prison, avec un collier cervical et un tatou au visage, passionné par les arts visuels. L'art qu'il exposera sera inspiré de son passage en prison et pleine de mauvais goût. Inconfort dans les galeries d'art de Laguna Beach. Et gratuite erreur, selon moi, que de s'attaquer à la vanité d'une si petite galerie d'art.
Who is America? est un bon tître pour ce projet dans notre nouvelle ère d'abyssale non-sens. C'est une question phrasée comme une ignorante recherche Google.
Mais une autre question se pose maintenant.
Sur 7 épisodes à diffuser, Cohen nous réserve-t-il un épisode avec le plus idiot des idiots?
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