Je ne pourrai pas aimer le soccer de si tôt.
Marc,
Je suis incapable de ton aveuglement volontaire.
On ne peut pas en finir avec la simulation puisqu'elle perdure. Elle est tolérée. Voilà le verbe assassin,
tolérée. Ce qui en fait un sport horriblement taché. Et pour moi, de plus en plus indélébile. Je n'ai jamais aimé le soccer pour toute sortes de raisons. Les bas scores, le spectacle si ennuyeux qu'il faille s'animer davantage dans la foule, chanter ou s'entretuer, puisque sur le terrain on ne s'anime pas autant, du moins, pas toujours spectaculairement et la comédie surtout. La comédie qui tue.
Je n'ai pas à t'expliquer pourquoi la comédie tue le spectacle, tu le sais autant que moi et ça t'écoeure aussi. Mais dans TOUS LES AUTRES SPORTS SUR TERRE, un joueur tentant de se jouer de l'arbitre sera marqué au fer blanc. Dans la LNH, mis à l'amende. Et ridiculisé sur toutes les tribunes. Et un arbitre ne se fera pas prendre deux fois par le même joueur. Une reprise tue un comédien dans
tous les autres sports. Sauf le soccer. Faudrais donc être plus bête et avoir un "suspension of disbelief" assez grand pour ne pas remarquer les enfantillages?
Tu sais aussi bien que moi c'est quoi un "suspension of disbelief". Tu est un spécialiste du cinéma comme moi. Tu en manges. Je te lis depuis longtemps. Je t'écoute à la télé aussi. Parce que tu carbures beaucoup sur ce que je carbure. Je te fréquente virtuellement parce que j'ai l'impression qu'au civil, on pourrait facilement être très ami. Mais sur le soccer tu me perdrais. On se prendrait la tête. Le suspension of disbelief exigé est trop gros.
Je savoure les matchs de cette Coupe du Monde parce que mon fils, passionné comme toi du ballon rond, m'y entraîne de force.
"Papa, l'Argentine a perdu la tête en fin de match, un joueur en a kické un autre qui était au sol"
Ce joueur, ce serait moi sur un terrain. Dès le premier comédien. Je lui donnerai une vraie raison de se rouler au sol. Je savoure le spectacle parce que j'ai choisi de l'écouter de loin. De n'en voir que les faits saillants. En sacrant parfois sur le penalty qui a coûté le match à un club dont je me fous, mais penalty qui a, parfois, scellé l'issue du match. Je ne veux pas voir le déroulement du match. Ça insulte beaucoup trop les intelligences. Même pas les intelligences sportives, la simple intelligence toute ordinaire. Dans la cour de récréation, au primaire, ne vient pas dire que tu avais du respect pour celui qu'on poussait un peu, en situation de jeu, qui allait se plaindre à la surveillante "d'un coup de poing", et de la punition injuste dont tu étais menacé par la suite? Ton sport en est tout plein. Et il fait de nous des racistes. L'Amérique latine semble une riche niche de ce type de joueurs, frappés de l'aile d'un papillon imaginaire.
Tu dois comprendre qu'il est extrêmement facile de détester le soccer. Tu ne veux plus l'entendre, mais nous on ne veut plus voir la source de cette répulsion. Le cyclisme est sclérosé par les drogues, comme celles qu'on découvrira dans quelques années qui seraient dans le sang des champions d'aujourd'hui. Plus possible de croire. N'avais jamais cru en Lance Armstrong. Excès de cynisme? Je ne crois pas. Croire, autre verbe important ici, je ne crois pas en ton sport. Comment expliquer Alex Harvey battant tout le monde pendant trois ans et aux olympiques, les voyant tous le battre assez facilement en ski de fond? Technique d'entraînement ou bonne aiguille?
Difficile de prendre au sérieux ces deux sports.
Les sports de juges, parfois achetés, ne sont pas mieux.
Le soccer s'y loge pour nous, soccer haters. Celui qui plonge comme un idiot est animé du même réflexe que celui qui paie le/la juge. Il veut tricher et influencer directement le verdict final. Comment espérer admirer de tels réflexes? Le faux, tu le sais, c'est au cinéma., au théâtre, à la Maison-Blanche.
Écoute tu encore Donald Trump quand il parle de dénucléarisation en Corée du Nord? Nous non plus. Alors pourquoi tendre le regard sur celui qui se tort au sol. Quand ça arrive pour vrai, on ne les croit plus. Quand je vois du beau soccer, le peu d'extase qui m'habite un peu est aussitôt piqué par deux crétins qui se tirent au sol pour insulter toutes les intelligences qui les regardent. Même celle des enfants. "Pourquoi le monsieur il fait semblant papa, on a bien vu que l'autre ne l'a pas touché, il est par terre et il crie?"
Parce que c'est un idiot qui nous prend pour plus idiot que lui. Pourquoi j'encouragerais ceux qui encouragent ce type de comportement? J'essaie, j'essaie très fort d'aimer le soccer. Mais je suis constamment rappelé qu'il faille que je sois plus niaiseux que la moyenne très souvent pour faire semblant que je n'ai pas vu ce que je viens de voir. Qui dans TOUS les autres sports serait impardonnable. À VIE. Condamnable par son propre milieu. Vous vous souvenez Ribeiro contre Boston? Imbuvable. Digne du soccer. Même fan du Canadien, je souhaitais que Lapointe le casse en deux pour vrai.
Dommage que le soccer des filles n'ait pas plus de visibilité. Elles sont nettement plus honorables au niveau de la comédie.
Mais nous prendre toujours pour des cons, plusieurs fois par match, c'est insupportable. Et oui, il y a de très beaux jeux dans de très beaux matchs. Comme celui du Japon contre la Belgique. Mais faut souvent fermer les yeux et grincer des dents. Et faire autre chose.
J'ai suivi Angleterre-Colombie au téléphone dans le trafic. Mon fils me textait l'action. J'étais excité à lire ce qu'il m'écrivait. Il était excité aussi. C'était plein d'onomatopées. Ses youtubers préférés sont tous Anglais et ils se morfondaient et/ou s'extasiaient en direct. Ironiquement, la chanson qui jouait sur mon téléphone était tout à fait de circonstances. Et c'était pour moi le meilleur moyen de suivre la Coupe du Monde. De loin. Sans me faire violer l'intelligence à répétitions.
Ils sont tuables à juste avoir essayé. C'est là qu'on est pas pareil, Marc. À ne pas me respecter comme spectateur, ces joueurs perdent toute leur valeur.
Ne pas punir les plongeurs c'est accepter d'être pris pour un idiot.
L'écoeurite est facile à comprendre.
Dans un monde où on ne peut plus croire les Présidents, on a envie de vrai.
Est-ce vraiment anormal?
Je resterai toujours sur les lignes de côté, dos au jeu, tant que les joueurs pourront toucher aux arbitres où tenter de les influencer sans être punis pour des infractions invisibles.
J'ai une réaction violente qui me vient dans le corps pour les ralentis à bouche ouverte où deux comédiens rivalisent du plus manipulateur des deux.
Pour ça je préfère le cinéma.
On s'entendra jamais sur le soccer. On m'a trop rempli. On m'a transformé en valise de mépris.
Peut-être au cinéma ou à la télé.
Mais la brouille pourrait faire écran...
Tu me verras jamais en admiration face à Neymar. Jamais. Je saigne des yeux à le regarder.
Mais l'Angleterre, qui punit ce type de comportement, ça, oui.
Ce qui tue le soccer, c'est la manière.
Ce qui tuent les relations, ce sont aussi les manières.
Je t'aime pareil, Marc. Ailleurs que face au soccer.
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