lundi 4 juin 2018

Blessé Bélier

C'est l'histoire d'une fille fonceuse.

Qu'on aimait justement parce qu'elle fonçait. Elle ne semblait avoir peur de rien. Elle se battait avec des mots. Elle était guidée par l'esprit de la juste. Elle se convaincra qu'elle le sera toujours.

Ce qui restera parfois très vrai.

Elle est admirable, il n'y a pas à dire. Elle est diplômée en génie mécanique de l'Université McGill. Ses parents voulaient qu'elle aille à la Polytechnique, mais ce sont félicités qu'elle n'ai pas choisi cette idée, théâtre d'un massacre ciblant justement les brillantes femmes comme elle, un an plus tard. Elle sera aussi titulaire d'un MBA en Haute études commerciales de l'École qui en émet les diplômes. Hydro-Québec reconnait son combatif talent naturel et la place sous son aile. Elle y fera ses armes professionnelles. Travaillant dans la branche de production de l'entreprise.

En octobre 2009, le Québec et le Nouveau-Brunswick signent une entente afin de vendre la plupart des actifs d'Énergie NB à Hydro-Québec. On s'entend sur une vente de 4,75 milliards de dollars. Elle coordonnera, pour Hydro-Québec, une revue diligente. Le projet ne fait pas l'unanimité. Il sera même avorté. Le prix négocié étant exorbitant vu la détérioration des installations d'Énergie NB. Le gouvernement de Jean Charest l'aura de travers dans la gorge. Pas grave, elle loge ailleurs. Là où on fait les choses de manières justes et équitables.

Elle ne mange pas de porc, adieu bacon. Mais elle consomme du polenta, de la soupe aux pois, du tofu mariné. Tout en étant pas végétarienne. Elle est écolo jusqu'au bout des ongles. Du type farouche. Développement durable et énergies vertes. Elle ne lésine pas sur l'effort. Fonce partout. Brebis genrée, mais Bélier dans l'ADN. Tiens! c'est justement son signe astrologique!

En quittant Hydro-Québec, en 2010, elle gardera l'entreprise tatouée sur son coeur pour toujours. C'est un tremplin duquel elle garde un amour romantique.

Militante par tempérament, elle foncera toujours. Vers le PQ, puisque papa et maman l'y ont baigné toute sa jeunesse. On lui reprochera de vouloir aller à la guerre toute seule, trop souvent. D'être la cavalière seule, sans capacité de flexibilité, ce que le travail en équipe, oblige.
Quand le Bloc est presque effacé de la carte électorale, on lui tendra une perche. Vivant le deuil de son père au même moment, elle mord à l'hameçon. Fonçant encore. Le Bloc n'a que 10 élus au parlement canadien, mais c'est encore 8 de plus que les Progressistes-Conservateurs de 1993. On peut renaître de ses cendres pense-t-elle.

Mais elle portera deux chapeaux. Celui du PQ, au Québec et celui du Bloc, comme cheffe, au Canada. Une sorte de garde partagée.

On peut piloter un groupe de gens une fin de semaine sur deux? Plusieurs en doutent. Alors ceux qui sont trop longtemps sans cheffe, prennent des initiatives. Discutent de certaines choses. Stratégisent. Créé une compote dans laquelle, elle ne fait pas partie de la recette. Mais elle fonce toujours. De cuisine en cuisine. Vers Québec. Puis vers Ottawa. Elle se méfie des amalgames, mais pourtant, presque l'incarne.

Bien assez vite, on la sent parallèle à son équipe. Transparlementaire pas tout à fait PQ, mais pas tout à fait Bloc non plus. Et plus on lui fait sentir, moins elle en accepte la critique. Elle se sait capitaine. Si Québécoise. Capable de projets porteurs. Elle a la mêche courte. La patience à vide. Elle fonce. Partout.
Cheffe dont on soutire peu à peu la toque au Bloc.

Là-bas, elle bouscule. Les alliées d'hier deviennent les adversaires de demain. Il n'est pas là le combat, il est ailleurs. Elle veut voir se frotter Québec et Ottawa. Pas les seuls soldats du Québec. Et encore, entre eux-mêmes!


Pas la guerre avant la guerre, calvaire!

On la conspue. Beaucoup. On aime pas son style. Rigide. Elle garde la tête froide. Elle fonce. Mais là où on se tassait avant, on se met maintenant devant sa route. Elle n'a plus le choix de bousculer.

7 des 10 élus du Bloc veulent sa tête. Des jeunes et des fondateurs du parti.
Elle est trop dure à gérer. On doit gérer autre chose. Pas sa propre cheffe.
Ils quittent le parti. Deviennent autre chose.

Elle perd un peu ses propres repères. Ne rit plus. Là où on la veut drôle, elle détonne par son sérieux. Elle est franchement parallèle.

Elle référendise son leadership. Perd son référendum.

Ou le perd-t-elle?

32% c'est le score du prochain Premier Ministre dans notre pays à tête de chien! Qu'on dira gagnant!

Mais c'est 68% de sa propre équipe qui réclame un nouveau type de leadership.
Ce qu'on ne peut plus faire à grande échelle, on tente de le micro-gérer.
Elle voyait grand. Elle Don Quichottait.

Elle y a cru. A foncé vers un mur.

Plusieurs Blocs.

Imprécis.

Mais un mur.

On se relève d'un mur.
Mieux armée.
Et idéalement moins seule.

Équipée.
Comme dans équipe.

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