Janvier 1917.
L'empire Russe est un régime monarchique autocratique. C'est à dire que le système politique et social est mené par un seul homme: généralement un roi, en Russie, un tsar.
C'est à ce moment Nicolas II qui règne.
La Russie vit un essor industriel spectaculaire depuis le début du siècle, mais ce n'est pas tout le peuple qui s'enrichit pour autant . Il faut faire de très larges emprunts à Paris pour que le pays ne baigne pas dans le rouge perpétuel. En ville, réside presqu'exclusivement la main d'oeuvre industrielle. 85% de la population se retranche en région rurale et tente de vivre (médiocrement) de sa production agricole. Mais ceux qui soutiennent le régime, les koulaks, vivent d'une production agricole qui les rend riches. Puisqu'ils la vende au Tsar et à l'empire. Une bourgeoisie rurale naît. Des clivages importants aussi.
Avant 1917, plusieurs mouvements ont tenté de renverser le royaume. Des étudiants, ouvriers, paysans, nobles, se sont tournés vers le terrorisme ou les attentats politiques. Chaque fois sans succès, et chaque fois durement réprimés du prix de leur vie par la police politique tsariste: l'Okhrana. Staline est parmi les révolutionnaires emprisonné, mais pas tué. (Quelle erreur)
En hiver 1917, la Russie est impliquée dans la Première Guerre Mondiale. Après quelques succès initiaux, peut-être même inventés, l'armée ne peut cacher une succession de défaites (en Prusse-Orientale entre autre). Les usines ne fournissent pas. Le réseau ferroviaire est imparfait. L'organisation de l'armée est en déroute. Des régiments ne reçoivent pas les bonnes balles pour les bons calibres de fusils, les denrées se font de plus en plus rares et une famine se développe. Des mutineries éclatent quand les morts tombent avant même de combattre pour malnutrition. Les dirigeants de l'armée paniquent et punissent leurs propres soldats corporellement. Ceux-ci en meurent, tellement la correction est sévère. Ce qui provoque plus de mutineries encore. L'économie Russe, qui avait des ailes avant la guerre et battait des records, voit la route de l'Europe bloquée et s'enlise. Les ravitaillements, les soins, les échanges sont déjà contrôlés par des comités indépendants du Tsar. Des coopératives et des syndicats naissent ici et là.
Depuis la mort du proche conseiller de l'épouse (d'origine allemande, celle-là) de Nicolas II, les magouilles pullulent. Un pouvoir parallèle se dessine.
La douma est constituée de la chambre basse de l'empire russe. La douma demande au tsar de nommer un conseil qui sortira la Russie de la crise actuelle. L'hiver est très rude et ne semble plus finir. Les morts se comptent par millions en quelques batailles seulement. La pénurie alimentaire rend tout le monde nerveux et les maladies reliées à la malnutrition et au froid font beaucoup mourir. Les Russes sont fatigués de la guerre. Et de l'immobilisme de Nicolas II.
Lors du jour de la femme en Russie, celles-ci prennent la rue et manifestent afin d'avoir un peu de pain pour nourrir leurs proches. Les ouvriers des usines, déjà en grève pour la même chose se joignent à elles et en profitent pour étirer leur grève. Ils sont bientôt 90 000 dans les rues à crier famine. La tension monte à Petrograd. Les slogans se politisent et deviennent clairs. On pointe du doigt la guerre, donc le Tsar qui la coordonne (mal). On chahute la monarchie. Les bolchéviks de Lénine appellent au calme. Sans succès. Ils ne détestent pas ce qui qu'ils voient tant que ça. Ils sont dans le corridor de l'opportunisme. Les affrontements avec la police font des victimes de part et d'autre. Les manifestants pillent des postes de police. Après trois jours d'anarchie dans les rues, la garnison du Tsar mate la rébellion en tuant des tonnes de manifestants, ne laissant aucune place à la nuance.
Toutefois durant la nuit, une large partie des soldats du Tsar choisit de passer du côté des manifestants et les aideront à s'armer et à s'organiser. Le parti bolchévik de Lénine a toujours appelé au boycott de la douma. Ils ne peuvent que se réjouir des mouvements qui se profilent. Financé par l'Allemagne, le parti bolchévik développe une certaine logistique. Les Allemands ne détestent pas ce déséquilibre du pouvoir. Ça les sert politiquement.
Le 10 février, la douma créé un rapport indiquant l'impossibilité pour Nicolas II de diriger le pays.
Il abdiquera le 2 mars suivant, laissant le trône à son frère Michel qui le refusera devant l'ampleur de la tâche, jugée insurmontable. Plusieurs conseils provisoires se succéderont.
8 mois plus tard, on marquera l'histoire du monde. (je vous écrirai alors une seconde et dernière partie)
Mais pour le moment le tsarisme est mort. Et on ne le réalise pas à 100%.
La journée de la femme qui alluma la mèche se déroulait aujourd'hui, il y a 100 ans.
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