Je dois être en train de mourir.
C'est ce qu'on dit de gens qui pêchent par nostalgie.
La nostalgie c'est la mort du présent. Et ce jour-là, je naviguais mentalement entre 1982 et 1986.
Marin de la gadoue.
On a beaucoup vu Jean-Vincent Lacroix sur les tribunes des médias télévisés avant le weekend dernier et pendant celui-ci. Il est aujourd'hui directeur des communications concernant les informations entourant les Pont-Jacques-Cartier, Honoré-Mercier et Champlain. Comme ce dernier pont était fermé tout le weekend, il a dû expliquer les causes, les alternatives, etc.
Moi, ça m'a replongé en 1982. J-V était alors étudiant de 5ème année comme moi, dans ma classe, à la petite école St-Joseph-des-Omoplates dans le 418, tout juste en face du Collège des Jésuites. Physiquement il n'a en rien changé. Je ne sais trop pourquoi je me suis attardé sur deux souvenirs le concernant. Le premier est souvenir de récré. Chaque fois nous y jouions au softball. Notre directrice était une fan finie des Expos. École strictement de garçons, il y avait beaucoup de testostérone dans ses cours de récré. Lacroix était du type "un peu trop fier" par moments. Et quelqu'un (moi?) avait monté un paquet de premier année (ou de deuxième-troisième année, des voix fluettes en tout cas) pour chanter "LACROIX VEUT FLASHER!" sur un air narguant, chaque fois qu'il se présentait au bâton. je ne me rappelle plus si c'est moi qui était à l'origine de cela, mais je me souviens d'avoir savouré le moment. "Flasher" voulant dire dans le 418 de 1982, "se prendre légèrement pour un autre".
L'autre souvenir est aussi relié à la fierté. L'enseignante de 4ème, 5ème ou 6ème, nous remettait nos travaux et donnait la note à voix haute. Lacroix avait eût un 100% ou quelque chose de tout près. Il s'était levé en trombe et avait fait un geste du bras comme on aurait fait après avoir scoré un but. Tapant même un "High five" à un bénéouioui sur le chemin jusqu'au professeur. Je revois le cheveu de Lacroix dansant sur son front. Le même cheveu étrange que présenté aux nouvelles le weekend dernier.
Un bon gars ce J-V. Fier mais bon bougre. Nos ponts sont entre bonnes mains.
Dans mon Ipod branché sur ma radio dans la voiture en direction du Vieux-Port dans la nuit, justement une musique de 1982, choisie, pour me mettre dans le mood de l'époque de mes réminiscences. Et comme si on avait voulu légitimer mes pensées errantes, en entrant dans l'entrepôt, la musique de Billy Idol et Steve Stevens: 1983, qui jouait sur les ondes d'une station radio.
La nuit, la radio est GIGA cool. Elle ne répond d'aucun impératif commercial et les DJ se (NOUS) font plaisir. Il n'y a aucune pub/aucune animation au moins jusqu'à 5h00 du matin, et la musique y est tout simplement parfaite. Pour tous les goûts. Et croyez-moi, il n'y avait rien de plus fabuleux que de marcher lentement en entrepôt, la tête encore dans les nuages d'un sommeil depuis peu violé, vers la troisième minute de la chanson d'Idol/Stevens ce matin-là.
Je deviens baby-boomer. Je suis daddy nostalgie. J'ai bien vu dans les yeux et les oreilles de l'entrepôt des "jeunes" de l'entrepôt qu'ils ne vibraient pas au même rythme que moi.
Une fois à ma case, j'ai mentalement revisité 1984. Une année lumineuse. Jaune soleil dans ma mémoire. Parce que j'y faisais des tonnes de découvertes. Dont l'école secondaire et les filles. J'avais 12 ans. Le monde ne serait plus jamais pareil. C'est cette année là que j'embrasserais Caro P. sur Careless Whispers, une fille restée fabuleusement belle encore aujourd'hui. J'étais son premier et vice-versa. (On s'est tout juste embrassés, désénervez!).
Même si avec le recul, on a finalement compris que les paroles devaient s'adresser à un homme, cette chanson nous est tous les deux restée mémorable.
Comme si j'étais soudainement DJ, la station radio a ensuite enfilé avec Crazy For You: 1985. Wow!.
Je n'ai jamais aimé Madonna. Je reconnais son talent pour la mise en marché, mais musicalement, elle ne m'a jamais rejoint. Je ne l'ai même jamais trouvée attirante. ni désirée. Trop masculine dans les traits du visage. Faux! Pendant 3 secondes dans le clip de Like A Virgin. De 1:43 à 1:46, elle m'a peut-être attiré un jour. Mais c'était peut-être tout simplement la pose et ma libido de 12 ans. Je regarde ce passage aujourd'hui et je n'y trouve que des cuisses gentilles comme tout, un corps offert, sont talent réel en deux quelque sorte (whooooo mean!), et rien d'autre.
Mais avec Crazy For You, (et au moins deux autres musiques de film de cette époque) La madonne, ou plutôt les auteurs de ces morceaux, visaient juste.
Les arrangements au hautbois au début, Modine et Fiorentino dans le clip dont les séquences étaient tirées du film (plus oubliable que ces artisans) Vision Quest, la madonne qui chante assez gravement, en tout cas beaucoup moins haut que sur Borderline ou Like a V, les voix arrière faites en studio par la madonne elle-même. Mais surtout, SURTOUT, ce parfum d'adolescence qui se dégageait de l'ensemble.
Ouais, je suis mort.
Je revisite mon adolescence.
Renaître par le passé c'est mourir dans le présent.
Hey! who's that thinkin' nasty thoughts?
Nasty boys!
Who's that in that nasty car?
Nasty boys!
Who's that eatin' nasty foods?
Nasty boys!
Who's that jammin' to my nasty groove?
Nasty Boys!
Janet, 1986.
(et une jeune Paula Abdul dans le clip)
I'm a nasty boy.
1986.
Dans un an je ne serai plus "Like a virgin".
Le monde ne sera plus jamais le même.
Mentalement j'avais couvert en moins de deux heures sur la route et dans un entrepôt du Vieux-Port, 6 années charnières qui allaient construire le gibier de potence que j'allais devenir.
Ça m'a fait rire, je couvrais mentalement les 6 ans que Ricardo Trogi a espacé entre son film 1981 et 1987.
Peut-être meurt-il lui aussi...
Voyez sur la photo, l'idée fait rire "Trodg" aussi.
3 commentaires:
Jones, en parlant d'années, je tiens à vous souligner qu'aujourd'hui cela va faire six ans et six mois que vous avez publié votre premier billet sur aucun achat requis.
Un détail en particulier me frappe, c'est votre régularité à nourrir votre blogue et cela pour votre simple plaisir.
Depuis que je vous lis j'ai rarement trouvé un de vos billets banals, alors bravo!
Merci des bons mots, si vous saviez le bien que ça me fait de venir taper mon trop plein ici..:)
Le jour où j'arrêterai, c'est que mon cerveau sera débranché.
(Écrire c'est s'empêcher de mourir:)
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