Un ami à moi me demande de venir le rejoindre à un bar où se réunissent les universitaires du 418. J'habite Montréal depuis moins d'un an et pour l'été, j'ai ramené tout mon stock chez mes parents à Québec, incertain de la direction que j'allais prendre par la suite.
La soirée s'étire et comme je possède une voiture et que j'avais promis une retour à la maison à deux amis, je choisis tard en soirée pour aller les reconduire chez eux.
Je suis bouleversé. Cette fille est tout ce que j'ai toujours rêvé. Mais elle habite le 418. Et je ne quitterai pas le 514 (et ses environs...).
Après avoir déposé mes amis chez eux, je ne peux me résoudre à retourner chez moi. Mais du même coup, je ne peux me résoudre à retourner au bar non plus. Par orgueil, ça aurait étalé mon jeu beaucoup trop évidemment. Mais ce visage...je voulais revoir ce visage...
Je choisis donc de retourner au bar mais de rester dans ma voiture, stationné devant ce bar, dans le stationnement d'une épicerie, situé tout juste en ligne droite avec la porte principal du bar, comme un père surveillerait sa fille, mais dans le seul but de la revoir une dernière fois et de filer en douce, la tête pleine de rêves. Elle sortait d'une relation qui n'avait pas bien tourné et je ne voulais pas imposer un autre mec dans sa vie.
Mais je le souhaitais beaucoup aussi.
Je voguais d'affaires creuses en affaires brèves au point qu'un de mes amis avaient mis en garde cette belle femme que je venais de rencontrer, qu'elle serait peut-être une nouvelle conquête à ranger au placard d'un player.
Il se trouve que ce soir-là, cette jeune fille que je rencontrais venait sonder le terrain pour une autre amie qui me trouvait de son goût. Ça semble être l'histoire de ma vie. 5 ans plus tôt, Manon Rhéaume, celle qui marquera l'histoire de la LNH, et qui a exactement mon âge, me repère dans un tournoi où se trouve aussi son équipe. Elle y envoie une amie pour sonder le terrain pour elle. Je ne suis au courant de rien de cet intérêt de Rhéaume pour moi, mais celle qui vient me voir me plait beaucoup. Nous partirons ensemble et formeront un couple pendant quelques temps.
Elle me donnera la cassette d'Europe.
Je sais, c'était voué à l'échec.
Mais pour revenir à ma belle aux yeux perlés, elle avait saboté sa mission elle aussi en s'intéressant un peu trop au sujet de son enquête pour son "amie".
Elle se verront moins, jusqu'à ne plus se voir, à partir du moment où nous deviendrions un couple.
Mais avant d'être un couple, j'étais ce gars de 20 ans qui écoutait dans sa voiture en décomptant les poivrots sur le parvis d'un bar de Québec. Je ne me rappelle que de trois des chansons inspirantes que j'écoutais dans la voiture: Talk Talk, Tom Waits et Falco. Avec le recul, ce dernier morceau était dangereusement freakant car je ne réalisais pas (une large partie est chantée/parlée en Allemand) qu'il racontait l'histoire d'un harceleur qui assassine une jeune femme dont il s'est épris et avec laquelle il ne peut être réuni que par la mort...
J'avais tout de même les réflexes du stalker en ce moment même...
J'ai dû rester dans la voiture une bonne heure avant que mon ami Miguel ne quitte la bar à son tour, seul.
Ça sonnait le glas pour moi. Allez! fini les conneries, va te coucher, Jones.
Mais étant aussi habile dans l'identification des voitures alors que je ne le suis pas aujourd'hui, je ne remarque pas que la voiture stationnée EXACTEMENT à mes côtés est celle de mon ami Miguel. Plus il marche vers moi, plus je glisse sous le volant tentant de me cacher.
Avant qu'il ne réalise que j'espionne comme un obssédé, je démarre ma voiture et quitte rapidement. Convaincu de l'avoir déjoué visuellement.
Toutefois, aux feux de circulation qui me font attendre sur le Chemin Ste-Foy, je suis dans l'allée de droite et qui vient s'installer tout juste à mes côtés dans l'allée de gauche?
Miguel !
Je fais semblant que je ne le vois et attend à la dernière minute avant de me retourner vers lui. Il me remarque et me fait un visage d'incompréhension. Ça ne fais pas une heure? une heure 30 que t'es parti toi? semble-t-il me demander des gestes. Trop tard, j'ai quitté comme un voleur faisant crisser mes pneus sans plus d'explications.
Après tout je suis un "jeune homme à problème" du 514.
Nous en rirons dès le lendemain et il sera accessoire dans ma conquête de la belle aux yeux verts.
Le 21 décembre suivant, après quelques semaines d'apprivoisement mutuel, nous devenions un couple, la fille aux yeux perlés et moi.
21 ans et quelques semaines plus tard, chaque matin que la vie m'offre, j'ai encore la chance de plonger mes yeux foncés dans ses yeux océaniques.
Et de ronronner du coeur comme si je buvais une caisse d'amour en me réveillant.
2 commentaires:
Je suis un baby-boomer et pour moi un gilet noir et un jean rouge cela ne fait pas un jeune à problème, mais un disco un peu fif. ;)
Je ne sais pas si cette histoire est vraie, mais je crois que vous avez oublié de dire un gros merci à Manon Rhéaume.
Bonne continuation avec l'amour de votre vie Jones.
Quelques mois plus tard, j'arborerais une boucle d'oreille...
...ça devrait ajouter à votre théorie :)
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