Habitués de ce blogue, vous savez que je suis très très intéressé par la zizik, forme de voyage facilement accessible et à peu de frais.
J'ai baptisé mon musée des albums incontournables de quatre mots tirés d'albums dont je ne causerai pas, conscient d'en avoir déjà assez causé ici.
"Idiote" pour The Idiot d'Iggy Pop
"Bassesse" pour Low de David Bowie
"Inoubliable" pour The Unforgettable Fire de U2
Par ordre de parution.
J'aurais pu rajouter The Suburbs d'Arcade Fire.
(tiens je viens de vous faire un top 5 vite fait sans m'en rendre compte!)
Blonde et Idiote Bassesse Inoubliable, ç'est B.I.B.I., c'est-à-dire: moi.
C'est aussi la terminaison finale du mot "habibi" qui, en Irak, veut dire "mon amour".
Blonde et Idiote Bassesse Inoubliable, c'est également parce que ça pourrait évoquer une maitresse, une erreur commandée par une appendice précise du corps.
Ce que la musique est très souvent.
Quand elle reste inoubliable pour les bonnes raisons.
Desintegration de The Cure.
1988-1989.
Le succès de l'album double Kiss Me Kiss Me Kiss Me a été retentissant pour la formation anglaise de Crawley, West Sussex. Mais bien que Robert Smith ait trouvé l'amour, il sent que le band est parfaitement incompris par son étiquette de disque. Si il est plus qu'heureux dans sa vie privée, il est très malheureux artistiquement. Il aimerait revenir au son plus underground des premiers albums du band. De plus, il aura bientôt 30 ans et il réalise que tous les grands albums de ses idoles ont été produits avant 30 ans. C'est dans un état frôlant la dépression, la désintégration, que Smith se réfugie à Maida Vale, une buccolique région du nord de Paddington à l'ouest de Londres situé entre St-John's Woods et Kilburn. Il écrit l'album en entier tout seul.
Un autre problème nait. Lol Tolhurst, multi-instrumentaliste, co-fondateur du groupe et ami d'enfance de Smith est devenu le plus grand des poivrots. Il ne collabore à rien et devient même une nuisance pour les autres. Il est limogé. Rien pour mettre de la joie dans le studio pour Smith qui doit prendre cette difficile décision en souhaitant que Tolhurst se reprenne en main et soit de retour deux mois plus tard. Ce qui n'arrivera pas.
Le groupe reçoit le demo de Smith, est enchanté et y ajoutera un peu du sien. Ce seront plus de 70 minutes de brillante (et sombre) musique que produiront Robert Smith, Simon Gallup, Porl Thompson, Boris Williams et Roger O'Donnell (ce dernier en renfort à Tolhurst).
Alors que la compagnie de disque qui reçoit leur enregistrement parle de "suicide commercial", The Cure offrira au contraire quelque chose qui trouve tant d'écho dans le public qu'il en fait son meilleur vendeur à vie.
Alors néo-CEGEPien, j'ai écouté cet album sans relâche.
Et en écoute encore 90% de nos jours.
La pièce d'ouverture est une chanson tout ce qu'il y a de plus magistrale, grandiloquente. Avec une orchestration solenelle, ça annonçait un album glacial et gothique. Brillante ouverture.
Le deuxième morceau a été inspiré par un incendie qui a eu lieu chez Smith. En fouillant dans son portefeuille, il est tombé sur une photo de sa femme et s'est demandé ce qui se serait passé si il n'était plus resté que cette photo d'elle après l'incident. La photo en question a été utilisée pour illustrer le single, le 4ème et dernier tiré de cet album.
La troisième pièce est un morceau plus sombre guidé par la batterie de Williams et deux couches de claviers. L'une de Smith, l'autre de O'Donnell.
Parfaitement en amour avec Mary Poole, il lui écrit cette chanson qui détonne parmi les autres pièces dont on pourrait trouver les textures plus déprimantes. Volontairement, Smith la catapulte là où elle est afin d'équilibrer le sombre et le plus heureux. Ce sera le plus gros succès du groupe ever. Adèle y touche sur son premier album (mais elle n'aurait pas dû).
Last Dance est texturée de synthétiseur. Comme Smith a beaucoup créé sous l'effet du LSD pour cet album, on le sent sur ce morceau nocturne aérien.
Lullaby est un hommage aux comptines qu'improvisaient le père de Smith quand celui-ci n'arrivait pas à s'endormir, enfant. Ses chansonnettes se terminaient toujours par une horreur du genre "si tu ne t'endors le lit pourrait t'avaler" Comme cette fable d'araignée qui projette de se taper de l'humain pour souper. Single sombre qui sera un hit.
Fascination Street est le bijou de cet album. Un crescendo splendide dont je ne me tanne pas 23 ans après les faits. Un band d'amis la rendait très bien au Santa Pasta de Cap-Rouge en 1991. Je suis aussi diablement fort à Guitar Hero là-dessus. Bon, je m'emballe...Premier extrait de l'album lancé en Amérique. Personnelle incontournable. (Parfum de LSD again...)
La base de Simon Gallup sur le morceau suivant est tout simplement magique. Morceau tout à fait incmpréhensible pour un producteur mercantile mais l'amateur de musique saurait y prendre son pied.
Joli à en être triste est le morceau suivant. À écouter un soir de pluie automnale près de la fenêtre...du premier étage. 9:19 de noirceur mélancolique.
La pièce titre arrive tard et est guidée par la guitare. De temps à autre on entend des bruits de vitre qui se "désintègre" mais l'effondrement de Smith est pratiquement heureux. Pour nos oreilles en tout cas. Through the glass of the roof, through the roof of your mouth, through the mouth of your eye, through the eye of the needle, it's easier for me to get closer to heaven, than ever feel whole again
Homesick est d'une beauté à couper le souffle. Probablement le morceau le plus doux de l'album (avec Lovesong) avec une intro de trois minutes 15 secondes tout à fait remarquable.
La chanson sans titre qui clotûre l'album est comme un gentil atterissage suite à un passage dans la caverne des néo-trentenaires d'Angleterre. L'intro me rapelle une autre chanson de clotûre, de Bowie celle-là. Si Plainsong était la parfaite chanson d'ouverture, Untitled ne donne pas sa place comme chanson de clotûre.
Pour emo, esprits gothique, néo romantiques, geeks, lovers, fools and pretenders, amateurs de grandes musiques lyriques et de crescendos diaboliques.
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