lundi 1 novembre 2010

Halloween Jackass

L'Halloween est vraiment la fête que je préfère.

C'est une fête sans connotation religieuse et basée exclusivement sur une alliée à moi: la folie. Elle a lieu l'automne, une saison que j'aime beaucoup et représente pour bien des gens, plus inhibés j'imagine, un rare moment de folie dans leur octobre gris.

Sans parler de la psychologie Haloweenesque.
Les costumes en disent souvent long sur la personnalité de ceux qui les portent. Je n'oublierai pas de si tôt Bianca au bureau qui, calme et discrète dans son cubicule de comptabilité, avait choisi le jour de l'halloween pour se faire plein de nouveaux amis (mâles) dans son costume de Wonder Woman. Même le costume cheap du simple chapeau ou du cache-yeux fait son effet. J'ai des amies qui sont toutes émoustillées de voir leur tendre moitié déguisé en fille. Pour ma part, je fais bien rire mes enfants en me déguisant souvent à la dernière minute mais ne réussit jamais à effrayer la belle en cachant un masque dégueulasse ou une fausse araignée près de son oreiller.
Elle a bien sursauté comme un chat persan face à un enfant turbulent hier matin mais c'était juste moi qui bavait comme un crapaud  à ses côtés.

Cette année, malgré les efforts de mon fils pour le laisser lui, et trois amis, passer l'halloween seuls (et faire les cons? non merci!) je les ai accompagnés (parce que Punkee à 7 ans devait être accompagnée anyway) déguisé en joueur de hockey. Monkee a choisi le zombie dégoulinant de sang dont le kick est d'actionner une petite pompe afin de faire couler de la gelée, couleur blood, le long de sa tempe. Un dentier épouvantable vient ornementer ce visage qui me rappelle de plus en plus celui de sa grand-mère. Punkee, comme 97% des petites filles, est une princesse.

J'ai eu beau faire tous les efforts pour éviter de la faire tomber dans ce cliché éculé de la petite princesse, j'ai même soigneusement évité de prononcer les syllabes Prin-ces et se pendant 7 ans mais rien n'y a fait. Elle est tombée dans le piège des petites filles. La princesse pour la fille c'est l'équivalent du fantasme de l'inspecteur privé pour le gars. Le gars qui rêve du rôle de l'inspecteur privé, rêve aussi de la femme fatale, entièrement dévouée à son mec qui la traite avec peu d'égard mais qui la comble au lit où elle a les plus grands talents et les plus originales ambitions. La fille qui rêve de principauté, rêve aussi du garçon qui lui sera entièrement dévoué, lui multipliant les cadeaux et les compliments sur sa beauté, et la comblant au lit là où son épée sera aussi tranchante qu'alléchante.

Bon...à 7 ans on a pas encore ses idées là mais la base s'y forme.

"Es-ce que je suis belle?" a-t-elle demandé à une femme qui lui donnait des bonbons.
"ben c'est suuuuuuuuuuuuuuuuur" a-t-elle dit avec un entrain emprunté et fatigué.

"Punkee, on ne demande pas ce type de chose, si on te trouve belle on n'hésitera pas à te le dire mais on ne demande pas si on est belle à toutes les portes" lui ai-je dit, car c'était bien la quatrième fois qu'elle le demandait. Je ne voulais pas lui faire affronter l'ado qui lui dirait "Ouin, moyen!".
"On ne demande jamais si on est belle?" a-t-elle demandé, adorable.
"Ben....on le demande avec les yeux, c'est mieux".

De toute façon, adulte, ce sera ainsi, aussi bien la préparer en conséquence.

Puisque j'ai regagné la forme physique de mes 20 ans, avec les épaulettes et l'équipement de joueur j'avais l'air d'un vrai joueur de hockey. Je l'ai vu dans le regard des jeunes et des parents dans la rue. Avec mon gilet du canadien, plusieurs me donnaient un deuxième regard plus appliqué afin de voir si j'étais un vrai joueur. J'aurais dû mettre P.K. Subban dans le dos de mon gilet afin de disculper les doutes. Quand un minuscule Iron Man est venu me demander un autographe j'ai pas pu faire autrement, j'ai signé Mike Cammalleri.

Comme la mère de la petite Melissa de la classe à mon fils était là aussi dans un costume de Cheerleader, j'ai fait semblant que je ne la regardais pas mais ma douce m'a fait remarquer que je bavais sur le bitume. Je me suis demandé qui avait mis un flasque de whisky dans ma main, mais ma main savait quoi faire avec en communion avec mes lèvres. La fraîche soirée se réchauffait.

C'est sans trop m'en apperçevoir que j'étais devenu le leader du groupe de mon fils et que nous bottions de toutes nos forces les citrouilles décoratives dans le quartier. Les défonçant bien sûr, le petit Mathieu y a même laissé un espadrille.
"Pas grave Matt, tu es déguisé en Robin des Bois, tu prends aux riches pour mieux donner aux pauvres!" lui ai-je crié avant de croiser un homme déguisé en professeur de maternelle.

Je me trompais je venais de croiser Joseph Facal.

Nous avons croisé un autre adulte déguisé en joueur des Canadiens, pris d'un élan spontané, il a mis une balle au sol et m'a fait une passe. Moi, pris d'un enthousiasme légèrement confus, j'ai snapé de toutes mes forces la balle qui s'est écrasée dans son front.

Courir mes amis, mais courir...

Puis j'ai  vu une femme déguisée en clocharde.
"Héhé très joli le costume de clocharde!" lui ai-je dit en comprenant tout de suite d'après sa réaction que madame Lemenu était en tenue habituelle.

"ooooh! attention les amis, un tigre!" ai-je annoncé au club des 4 pré-ados qui me suivaient Nous croisions un chat. Erreur encore, c'était vraiment un tigre, qui lâche lousse des tigres dans le 450? Décidemment la soirée dérapait. On a fui autant qu'on a pu. Le jeune Pierre-Karl faisant dans sa culotte, ruinant du même coup son costume de SpiderMan. Mon fils, dont le faux sang avait coulé ailleurs que sur la tempe (dans les yeux) s'était pêté la gueule sur un lampadaire en avalant la moitié de son faux dentier (ce qui l'a fait vomir) et nous avions perdu les filles.

"Monsieur Jones, vous êtes trop cool!..." m'a dit Nicolas qui représentait le dernier ami sans dommages collatéraux puisque l'un courait aveuglé par le sang, pocké et suintant le vomi, l'autre s'était pissé dans la combine et l'autre courait un pied à l'air et l'autre abrillé d'un espadrille.

"...Surtout quand vous sacrer les boites à malles par terre!" a-t-il rajouté.

"Hein?"

Semblerait que chaque fois que nous avions croisé une boîte à malle, j'ai insisté pour démontrer l'art de la mise en échec.

Nous sommes allés sonner aux portes sans même attendre de réponse. Nous courions. Il semblait que c'était tout ce que nous faisions. Nous fuyions le tigre, les gens amers de voir leurs citrouille éclatées sur le perron, les sirènes de police qui chantaient au loin, on ne savait trop mais on courait.

À bout de souffle, on s'est réfugié dans un McGros. J'ai donné un de mes espadrilles au petit Mathieu par charité pour le reste de la soirée.
"J'en ai d'aut' dans mon maison" j'ai dis, feignant un faux accent anglais pour les gens qui me regardaient (Mike Cammalleri n'oubliez pas).

La police est arrivée tout de suite après avec ma douce moitié et ma fille qui me pointait, fachées.

J'ai passé la nuit au violon mais bon...Cammalleri a bien été suspendu cette saison, non?.

J'étais pas mal plus convaicant dans mon personnage que cette fille déguisée en Anne-Marie Losique qui refusait les avances de M.Cauchon. (Après vérification semblerait qu'elle n'étais pas déguisée elle non plus...)

Au moins je n'aurai pas laissé mon fils faire le cave avec ses amis.

Aucun commentaire: