samedi 9 août 2025

Californiennes

 (Librement adapté des Beach Boys

Légèreté d'été.

Les filles de la côte Est sont pas mal cool.

J'adore les styles qu'elles affectionnent.

Et les filles du Sud, leur manière de parler

Me rendent fou quand je m'y rends.

Les filles de fermiers du Midwest me font sentir si bien.

Et les filles du nord, leur manière d'embrasser


Gardent leurs copain dans la volupté.

J'aurais tellement aimé qu'elles soient toutes Californiennes.

Les filles de la côte Ouest, ont le soleil dans les yeux.

Elles sont toutes si bronzées, qu'on pourrait s'y tromper.

Parfois elles sont brunes depuis qu'elle sont nées.


J'aime ce bikini brésilien sur l'ile d'Hawaï.

De vraies poupées près des palmiers.

J'ai fait le tour du monde.

Et j'en ai vu de toutes les sortes.

Mais je ne pouvais m'empêcher, d'avoir hâte au retour

Où désir se confond avec amour

Où les gens se comportent

En flirtant sans conséquences, aaaaah revenir à ces sourires charmeurs !

Revoir les filles belles filles du monde.

J'aurais tellement aimé qu'elles soient toutes Californiennes.

J'aurais tellement aimé qu'elles soient toutes Californiennes.

J'aurais voulu qu'elles soient toutes miennes.

Ça m'en donne la migraine.

Mais ça ne vaut pas la peine.

Je ne tombe toujours que sur des lesbiennes. 


vendredi 8 août 2025

La Photo d'Abbey Road

Un matin d'été 1968, une des photos les plus mythiques de l'histoire du monde de la musique se prenait tout juste en dehors du studio d'EMI Abbey Road, au coeur de Londres. 

John Lennon, Ringo Starr, Paul McCartney et George Harrison traversaient un passage piétonnier pour ce qui deviendrait le tout dernier album enregistré en studio des Beatles. Ce qui parait un geste spontané était en fait extrêmement calculé et resterait d'une grande simplicité. 

Paul était celui qui s'était dit tanné des concepts compliqués de leurs pochettes. On mettait un temps fou à trouver des choses psychédéliques ou qui surpeuplait un morceau de carton inutilement, ce qui agaçait Paul. Cette fois on ferait très vite. C'est lui qui allait proposer la traversée de la rue. Du studio où ils avaient passé tant de temps depuis leurs débuts. Qui arrivaient à leur fin. Le photographe Iain Macmillan, un ami personnel de John & Yoko était mandaté pour prendre la photo. Il avait fait des photos de Yoko que le band avait tous aimé et on l'avait choisi pour la pochette de leur 11e et dernier album (enregistré ensemble, Let It Be a été lancé après mais avait été enregistré avant). 

Macmillan n'avait que 10 minutes pour capturer un moment. On lui avait offert une escorte policière afin qu'il se rende sur les lieux en vitesse. Les policiers allaient ensuite bloquer la circulation dans les deux directions afin de dégager la scène de ses badauds. Macmillan est ensuite grimpé sur une échelle pour se donner une meilleure perspective et de meilleurs angles. Pour les spécialistes, sa caméra était une Hasselblad. Il a pris 6 photos de leur passage dans la rue, aller-retours. Une de ces 6 photos a ensuite marqué l'histoire de la musique. 

La photo choisie sera celle montrant les Beatles traversant de gauche à droite en file, les uns derrière les autres, Lennon premier dans un costume blanc, Ringo Starr tout vêtu de noir derrière, Paul McCartney nu-pied derrière Ringo et George Harrison tout de jeans vêtu, chemise et pantalon. Ce ne fût pas long qu'on trouva que tout ça avait une signification. Paul était le seul non barbu. Semblant plus "frais" que les autres. Il était aussi le seul nu pieds et le seul dont le pas n'était pas aligné dans le même sens que les autres. Mais il est aussi l'unique gaucher des 4. Il a aussi une cigarette dans la main gauche. 

La conspiration "Paul is dead" avait de l'élan. 

On disait que Paul était mort depuis 1967 et qu'il avait été remplacé par un sosie. On interprétait les personnages de la pochette comme le fosseyeur (George) le mort (Paul), le curé (Ringo) et Jésus (John).

La plaque d'immatriculation de la Volskwagen (Beatle!) en rajoutait avec l'inscription LMW 28IF. Qu'on interprétait comme Linda McCartney Widow*, (paul would have been) 28 IF (he was alive that year)**.  Ce qui était faux, il avait 27 ans le même jour que mon père avait ses 27 ans. 

Bien que la photo ne soit tirée que d'un créatif et vif 10 minutes par un chaud matin d'été, cette image est aujourd'hui reconnue partout dans le monde et 1001 fois reproduite sous toutes ses formes. Même Paul l'a un peu recyclée

Elle a été parodiée et reproduite par des milliards de touristes et de gens du coin. Et reste remarquable de simplicité alors qu'elle marque aussi la fin de leur aventure ensemble. 8 mois plus tard, Paul annonçait la fin du groupe.

Écoutez ce merveilleux chant du cygne qui se termine intelligemment par un morceau appelé The End.

Ce n'était pas innocent. 

Ces historiques musiciens auront été marquants jusqu'à la fin. 

Cette mythique photo était prise aujourd'hui, il y a 56 ans, 

*veuve **Paul aurait eu 28 ans si il avait été vivant cette année-là. 

jeudi 7 août 2025

Le Crime Artistique du Siècle

Je n'ai aucune admiration pour la témérité. Tu pari contre la mort ? te voir mourir ne fera pas pleurer. Et si jamais un des miens voulait t'imiter, je le supprimerais de ce monde avant. 

Un Français d'origine, il y a 51 ans, était spectaculairement téméraire.  

Une traversée insensée d'une poésie téméraire provocatrice. Il ne faudrait avoir aucune admiration pour ce type de folie. Et pourtant, quand ça réussit, ça peut fasciner. 

Phillipe Petit est Français d'origine. Il découvre enfant la magie et la jonglerie et voudrait vivre de ce type de fantaisie qui l'animent. Il monte sur une corde de funambule dès ses 16 ans. En 1965. À 18 ans, dans un bureau de dentiste, il lit sur New York, et son projet d'y construire deux grandes tours jumelles qui feraient plus de 100 mètres que la Tour Eiffel. Il pense un projet fou. Mais d'ici là, il sera spécialiste d'équestre, jongleur, combattant à l'épée, charpentier, escaladeur en montagne. Les hauteurs l'excitent. Il apprend à jongler sur une corde de funambule. Sur une corde, il apprend à faire des sauts arrières, des sauts avants, de faire de l'unicycle, jongle sur l'unicycle, y fait du vélo, passe dans des cerceaux. Tout ça sur une corde de funambule. Il travaille, jeune adulte, au Washington Square Park. 

En juin 1971, il installe secrètement un cable entre les deux tours de la Cathédrale Notre-Dame, à Paris. Il y jonglera et fera des sauts à répétition face à une foule stupéfaite, entre l'effroi et la fascination. Ils applaudissent son "art". Qui est, je le répète, davantage un pari contre la mort. Pas de quoi être fier.

Deux ans plus tard, il fait le funambule sur le pont de Sydney, le Harbour Bridge. C'est alors le plus grand pont en acier au monde.

 En 1974, il est 7h du matin, quand, à 24 ans, il fait placer par des complices un câble d'acier tendu à 417 mètres au-dessus du sol entre le sommet des deux tours jumelles du World Trade Center, en construction, encore inhabitées. Sans filet de sécurité, il se promène pendant plus de 45 minutes sur un câble de 61 mètres. Les New Yorkais en bas, les automobilistes, les travailleurs de la construction du WTC, s'arrêtent tous pour admirer le con. Oui, je suis plein de jugement, je n'ai pas de respect pour ce type de témérité. 

Les autorités policières sont alertées et montent les 110 étages du WTC pour le sommer de cesser ses singeries. Il fait le plus con encore. Il fait semblent de se rendre sur un toit sécuritaire mais repart sur son fil comme une ballerine. Ça amuse pour le public plus bas et fait réagir. Il danse, se couche, s'allonge sur le dos, se promène à genoux pour saluer les gens en bas, nargue les policiers. Il fera 4 aller-retours ainsi. 

Les policiers ragent et menacent d'envoyer des hélicoptères, mais Petit est plus intelligent que ça et sait bien qu'un hélicoptère rendrait l'opération 1000X plus dangereuse. Ils ne feraient jamais ça. Un Étatsunien étant un Étatsunien, ils lui répondent justement, tu ne veux pas mourir. Sans complètement réaliser que ce serait tout aussi dangereux pour le pilote d'hélicoptère. 

Quand Petit se rend finalement à l'un des toits, il est cueilli par les forces de l'ordre sans résister. La NYPD et les autorités portuaires sont de concerts pour l'arrêter. La foule l'applaudit, il est satisfait de son vedettariat. Certains des forces de l'ordre restent très impressionnés par ce qu'il a fait. 

Il n'existe pas de cause pour son arrestation. On invente le terme "man on a wire" pour l'arrêter. On lui fait subir un examen psychiatrique. On l'interroge longuement. On le fera passer devant un juge. Sa défense sera dite en français:

"Quand je vois trois oranges, je les jongle. Quand je vois deux tours, j'ai envie de passer de l'une à l'autre

Ça fait sourire. On le condamne alors de manière tout aussi originale. Toutes les accusations tomberont contre lui si il accepte de se donner en spectacle gratuitement pour les enfants à Central Park. Phillipe Petit saute sur l'occasion. Son avenir ne tient qu'à un fil.

Depuis ses 19 ans, avec deux amis photographes et son amie de coeur, on espionnait la construction des tours jumelles pour échafauder les idées et anticiper les points d'ancrage. Il appellera ce qu'il a fait le crime artistique du siècle. 

Pour accéder aux toits des tours jumelles, on s'était déguisés en faux travailleurs avec de fausses carte d'identité afin de déjouer la sécurité. 

Il deviendra célèbre pour ce fameux coup et ne cessera pas de jouer au funambule, mais toujours légalement cette fois. 

Effectuant entre autres des traversées du Trocadero à la Tour Eiffel et à Francfort devant 50 000 curieux.

Il écrira un livre sur son crime du siècle en 2002, qui deviendra documentaire par la suite.

Sting fera une performance musicale sur scène pour marquer les 50 ans de sa folie, l'an dernier. Pendant que Petit, 74 ans, s'exécute

Ça se passait aujourd'hui, il y a 51 ans.

Dans 6 jours, il aura 75 ans. 

mercredi 6 août 2025

Cinema Paradiso**********************Pat Garrett & Billy The Kid de Sam Peckinpah

Chaque mois, dans ses 10 premiers jours, tout comme je le fais pour la littérature (dans ses 10 derniers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu) je vous parles de l'une de mes trois immenses passions: le cinéma !

Je l'ai surconsommé, le surconsomme encore, je l'ai étudié, en fût diplômé, y ai travaillé, en fût récompensé, en suis sorti, mais le cinéma n'est jamais sorti de moi. 

Je vous parles d'un film qui m'a touché par son histoire, ses personnages, ses interprètes, sa cinématographie, sa trame sonore, son décor, son sujet, ses thèmes, sa réalisation, son audace, souvent tout ça, bref je vous parles d'un film dont j'ai admiré pas mal tous les choix.

Je vous parles cinéma.

PAT GARRETT & BILLY THE KID de Sam Pekinpah.

Sam Peckinpah avait déjà revisité les histoires western dans Ride The High Country en 1962 et The Wild Bunch, en 1969, venait de travailler avec le scénariste Rudy Wurlitzer sur Two-Lane Blacktop, en 1971. Dans la foulée du giga succès d'Easy Rider, on avait tenté de faire un peu la même chose en mode voiture cette fois, avec les musiciens James Taylor et Dennis Wilson, dans une sorte de road movie existentialiste. 

L'acteur James Coburn fait savoir à Pekinpah qu'il aurait envie d'incarner le mythique shérif Pat Garrett. Pekinpah y voit la chance de compléter une sorte de trilogie western. Wurlitzer lui écrit sa version de l'histoire "vraie" du shérif et de Billy The Kid. Mais Sam réécrit tout le film à sa manière et Wurlitzer et lui seront brouillés à jamais. Il restera très très peu de "vrai". Wurlitzer ira même jusqu'à écrire un livre complet sur Pekinpah, le peignant de manière peu flatteuse. Sam, vivant assurément sous une roche, n'avait jamais entendu Bob Dylan chanter. (yeah right) Quand il entend Dylan jouer Knockin' on Heaven's Door, il le choisit aussitôt pour jouer dans son film. Qui comprendra encore son lot de musicien(ne)s. Kris Kristofferson, Bob Dylan et Rita Coolidge, au moins. 

Kristofferson, comme toujours au cinéma, sera un drôle de choix. Il sera toujours meilleur musicien qu'acteur. Mais surtout, il a 36 ans, pour incarner Billy The Kid, un "kid" de 21 ans, maximum. Sa blonde Rita Coolidge, sera Maria, et Bob Dylan sera l'étrange Alias. 

En 1881, au Nouveau Mexique, le shérif Pat Garrett devient shérif sur le territoire de Billy The Kid. Après l'avoir fait capturer, Billy s'évade et Garrett est forcé de se monter une équipe pour le retrouver. Jusqu'à la confrontation finale à Fort Sumner. 

Mais les plans pour le "nouvel ouest Étatsunien" ne sont pas nécessairement ce que Garrett anticipait.

Au début, Pekinpah voulait Bo Hopkins dans le rôle de Billy The Kid. Il choisit finalement Kris Kristofferson. Il voudra peupler son film de personnages mythiques du cinéma western des États-Unis. Tous ces caméos sont d'un charme certain pour les amateurs de westerns des années 50-60-70. Dans des rôles secondaires, on y trouvera Elisha Cook Jr, Chill Wills, Katy Jurado, Jack Elam, Slim Pickens, Dub Taylor, R.G.Armstrong, Paul Fix et Barry Sullivan, ce dernier qui avait incarné Pat Garrett pour la télévision de 1960 à 1962. Jason Robards avait déjà joué pour Pekinpah et est revenu jouer pour son ami Sam. Richard Jaeckel, Charles Martin Smith, Harry Dean Stanton, Matt Clark, L.Q.Jones, Emilio Fernandez, Don Levy, Aurora Clavel, Luke Askew, Jack Dobson, Richard Bright et John Beck seront aussi au menu de cet impeccable distribution. James Coburn, dans la peau de Pat Garrett, bien entendu.

MGM étant dans les contraintes financières, Pekinpah a été forcé de tourner son film à Durango, au Mexique, avec des équipes mexicaines. Ça a amené son lot de problème, plusieurs membres de l'équipe de tournage des États-Unis, attrapant l'influenza. Au sommet de son alcoolisme, Pekinpah sera comme à son habitude, assez cauchemardesque sur le tournage. Insatisfait d'une séquence entre Dylan et Kristofersson, il se lève debout et urine sur les plans qu'ils ont tourné. Le tournage s'éternise et dépassera son délai de production de 21 jours. Coûtant aussi 1,6 millions de plus que prévu. 

Afin de détendre l'atmosphère, Kristofersson demande à Dylan de faire venir son ami Willie Nelson. Il viendra sur le plateau et jouera 10 heures de musique consécutive avec Dylan. Un bijou de moment qui prend un Sam Pekinpah à jeun, pour le coucher bien avant la fin du 10 heures, fin saoûl. Les 3 finissent par jouer ensemble du Django Reinhardt.

Le premier montage de Pekinpah sera de 3h15. Rien pour plaire au studio. Sa seconde version du montage sera de 2h04. Martin Scorcese qui vient de terminer l'excellent Mean Streets, voit cette version et en est tout excité. Pekinpah sera expulsé de la salle de montage et la version du producteur sera finalement d'1h46. La version de 2h04 ne verra le jour que dans plus de 10 ans. La version du producteur ne fera que 2,7 millions sur un budget de 4,64 de tournage, mais quand la version de deux heures est lancée, on atteint facilement le 11 millions de recettes en distribution domestique en Amérique et en Europe.   

Oeuvre mature d'un réalisateur immature, le film est aussi drôle. Et un brin nostalgique alors que les westerns, dans les années 70, se meurent. Hommage à la poésie brute de l'ouest des États-Unis, le film n'est pas sans rappeler les comptes que les gens se rendent en ce moment aux États-Unis entre Démocrates et Républicains, et entre pays entre États-Unis et Canada. 

Intimidation de toutes sortes au rendez-vous. 

Règlements de compte et trahisons. Se trouve ici l'unique photo de Garrett et Billy The Kid, les vrais, qui ont été un temps partenaires. 

 Le film est composé parfois de dialogues inintelligibles entre personnages assez inoubliables.  

Culte en quelque sorte. 

mardi 5 août 2025

Diamant Fou (Dernière Partie)

Syd, qui avait composé Bike, pédalait sur un vélo stationnaire, voyait bien qu'il le faisait, mais n'entendait aucunement le bruit des pédales ou des rayons. Il entendait de la musique. Voyait-il enfin la musique qu'il cherchait à trouver depuis si longtemps ? Non pas encore, il entendait quelque chose mais ce n'était pas ça. Il ne voyait pas la couleur du son qu'il pourchassait.

Il avait choisi de siroter son café au lieu de se présenter à Top of The Pops pour y faire un clip d'une de leur chanson. En lip sync. Ce que Syd ne tenait pas à faire. Les gars l'avaient cherché partout. Ne le trouvaient pas. Pour sa 3e apparition à la télévision avec son band, il aurait toute la misère du monde à s'y trainer de force et à tenir son instrument. Voilà une danse auquel il ne voulait pas participer. Sur scène, il avait, en spectacle désaccordé sa guitare progressivement en jouant un morceau au point que ces cordes étaient devenues molles comme des spaghettis. Ça devenait frustrant pour les autres du band. On l'avait sorti de son propre band. Il ne veut pas jouer ? Alors qu'il aille ailleurs. Le reste de la tournée aux États-Unis avait été annulée. Il polluait l'ascension de la réussite du band. On voulait créer, c'était lui qui amenait les idées. Il ne le faisait plus. La dernière chose qu'il avait fait avec eux, c'était les faire rire. 

Il était arrivé avec un morceau appelé "Have You Got It Yet ?" qu'il montrait aux autres en changeant la manière de la présenter, toutes les fois. Disant que "non, ce n'était pas ça" Jusqu'à ce qu'ils comprennent que le titre et l'exécution étaient liés et que c'était un gag à leurs dépens. Mais là plus personne ne riait. Il gâchait la sauce commune. Inconfortablement engourdi. Il fallait lui montrer la sortie.

On allait faire une dernière photo. À 5, ce que Syd ne compris pas tout de suite. David ? mon ami de Cambridge ? Sur la photo ? ok. Rick Wright serait planté en plein milieu, lunettes d'aviateur sur les yeux, assis sur un vélo. "un bike", comme un dernier hommage au diamant fou. 

Si David Gilmour était du band depuis Noël 1967, Syd n'en serait sorti qu'en avril 1968. On lui ferait comprendre plus clairement. Il était trop égaré pour la lignée certaine qui les guidaient. Il a compris tout de suite. Si Syd ne voulait pas être là, pourquoi y être ? Mais si c'était fini pour lui Pink Floyd, ce n'était pas fini pour lui, le son dans sa tête. Il le pourchasserait toujours. Il a convaincu EMI de le reprendre dans leurs studios pour qu'il peigne les sons dans sa tête frisée. Une tête aux chansons éparpillées. Pas complètement ordonnées. Une impression de commencent de chansons et de fins improvisées.

Comme si il lui manquait 3-4 amis pour les compléter. Son album solo serait lancé en janvier 1970. Le psychédélisme fractionné serait impénétrable pour l'auditeur moyen mais ferait des fans chez un jeune David Bowie, Robyn Hitchcock ou encore chez Guided By Voices. Mais quand le produit est lancé, aidé de David Gilmour, Roger Waters, Jerry Shirley de Humble Pie et Kevyn Ayers de Soft Machine, on ne sera jamais certain si les gars ont laissé ça comme ça pour punir Syd ou simplement pour montrer à quel point il était devenu le moins professionnel de leur entourage. 

Un second album serait enregistré sporadiquement alors que Pink Floyd allait successivement enregistrer Ummagumma et Atom Heart Mother. Avec Syd, les espionnant, de temps à autres. à distance. Sans qu'eux ne s'en aperçoivent . On leur indique qu'il y était, mais il est comme il était sur scène. Fantôme.   

Lancé 7 mois après le premier effort, encore produit par David Gilmour, mais aussi avec l'aide de Rick Wright, le second effort solo était légèrement plus cohésif. Ça lui a donné l'impression de se réinventer créativement. Il est retourné vivre chez ses parents, à Cambridge. Une sorte de cellule mentale qui garderait les distractions au loin. Mais aussi une désolante isolation. Une ostracisation. Il pourrait s'y concentrer su une seule chose, ce son qu'il pourchassait. Il jouerait dans un trip appelé Stars. 

En février 1972, alors que je nais, Stars annonce un spectacle à Cambridge. Le mot s'est vite passé que l'ancien Pink Floyd allait être sur scène pour la première fois en 4 ans. Le spectacle s'est vite complètement vendu. Syd s'était acheté une nouvelle paire de pantalons en velours. Mais dès qu'il a joué les premiers accords, le souvenir de la tournée aux États-Unis lui sont revenus. Le son, la soirée, ce n'était pas ce qu'il avait sous les yeux et dans les oreilles. Ce qu'il sentait partout autour, c'était la puanteur de l'argent. Il a oublié de chanter, le bassiste en a manqué ses entrées dans la première chanson, les doigts de Syd saignaient parce qu'il grattaient ses cordes trop fort. Il cherchait des yeux un coin de la scène tranquille où il pourrait s'y cacher et y soigner ses doigts. 

Quelques jours plus tard, le magazine Melody Maker a publié une peu flatteuse critique. La rumeur se confirmait. L'artiste Syd Barrett n'avait plus rien. Il avait tout donné bien avant. Il y a trop longtemps. Ce qui le plaçait dans la catégorie des has-been. Et il ne trouvait jamais ce son de merde.  

Ridiculisé, il n'avait plus envie de rien. Retournant dans le sous-sol de chez ses parents, il s'en prendrait au plafond en le frappant avec sa tête, à répétition. Ne tenant pas compte du sang qui lui coulait sur les tempes. Si il frappait assez fort, peut-être pouvait-il chasser ce son difforme dans sa tête ? Les ouvertures dans sa tête lui montreraient peut-être la couleur de ce son introuvable.

Quand Pink fait des millions avec The Dark Side of the Moon, Syd est sur cette partie sombre de la terre où plus rien ne lui fait rien. En juin 1975, David Gilmour et Roger Waters se chicanent encore. Gilmour veut plus de chaleur musicale, Roger propose plus brut. Rick Wright aura le dernier mot avec un peu d'aérien. La tension n'avait jamais été plus grande, on aurait dit que chacun voulait voir l'autre en feu pendant qu'on lui serrait la main

On signerait un peu de nostalgie avec la chanson titre, directement adressé à leur ami du passé et les multiples variations des élans de Rick Wright sur lequel on mettrait les mots "Shine on you crazy diamond". 

Et comme si on l'avait sommé de venir écouter un hommage qu'on lui rendait, un homme qu'on ne reconnait pas tout de suite parce que la tête rasée, en surpoids, même les sourcils rasés, avec une drôle de couverte comme linus dans Charlie Brown, un sac de plastique dans les mains et une brosse à dents dans la bouche traine en studio pendant le mix. On l'a tous vu, et on pense qu'il s'agit d'un égaré mental.

Égaré. On ne se trompe pas beaucoup. Mais on ne se trompe pas sur le reste. L'homme s'assoit à côté d'eux. Roger est le premier à avoir les yeux pleins d'eau car il reconnait les yeux qui le regardent. L'homme se met debout saute pour montrer qu'il arrive à se brosser les dents sans utiliser ses mains. Encore, Syd veut faire rire. L'humour comme lien d'unité. Comme si on avait encore 9 ans.

Il fait aussi pleurer.

Syd demande si il peut accorder sa guitare. On s'excuse la guitare de David est toute enregistrée. On lui fait entendre. C'est à des milles de que Syd est capable de jouer. Si il le comprend, il ne le laisse pas savoir. 

Syd est retourné vivre à Cambridge. Prends des photos de choses. Peint la même chose. Prend une photo de sa peinture. Détruit le tout. Répète la chose. Jusqu'en 2006 où il meurt à 64 ans du cancer du pancréas. Faisant encore pleurer David, Roger, Rick & Nick.

Syd aura été le diamant fou qui les as tant inspiré il y a 50 ans, cette année. 

Avec leur 9e album studio.

Souhaitant qu'il y soit encore. Dans un son partagé, et non isolé. 

lundi 4 août 2025

Diamant Fou (Seconde partie)

 20 ans après que le chimiste Suisse Albert Hoffman avait créé la première version du LSD, cette drogue était toujours légale dans le monde.

 Et le site de l'Université de Cambridge, avec sa communauté intellectuelle, était idéale pour l'exploration et l'ouverture des sens. Dans les années 60, les adolescents Syd Barrett et David Gilmour lisent On the Road de Kerouac, écoute du BeBop et apprennent à jouer du R & B à Cambridge. Le LSD était pratiquement fait pour eux. Roger Waters ne fera qu'un seul trip avant de dire que ce n'est pas du tout pour lui. Syd ne le comprendra pas. David Gilmour trouvera aussi qu'il n'a pas autant de contrôle que la drogue ne lui permet d'avoir sur sa guitare dans son band Joker's Wild. Un band qui ne lui rapporte que de la création artistique car il doit aussi travailler comme livreur de vins, vendant des hot dogs, livrant des feuilles de métal et il fait même du mannequinat pour les photographes de magazines. Son ami Syd ne pouvait pas être plus différent.

Il dormait jusqu'à midi, vivait comme dans un rêve, tentant toujours de capturer ce son dans sa tête. Créant en tout temps, à partir de rien. Sa soeur dira de lui qu'il a pleuré les 18 premiers mois de sa vie, bébé, jusqu'à ce qu'on lui mette un crayon dans les mains et qu'il apprennent à dessiner. Jeune adulte, il étudie pour devenir peintre, à Cambridge. Jusqu'à l'université, Syd est Roger Keith Barrett. Il choisit de se donner un nom d'artiste pour paraitre plus beatnik. Roger Waters, Nick Mason et Rick Wright se rencontrent à Londres. Syd les découvrent, aussi étudiants en arts et avec eux, part un band qu'il veut nommer d'un croisement des musiciens Pink Anderson et Floyd Council, ses bluesman préférés. Waters est le trait d'union, sa famille était voisine à celle de Barrett, enfant.

Au lieu des solos à la Hendrix, on propose alors la distorsion, l'écho, le riff accrocheur, le jingly jangle strumming, la sitar. L'émerveillement sonore. Mais quand on a commercialisé en studio sa vision mentale, Syd s'est senti enfant leurré par un adulte. Un artiste réduit à une commodité. Il a continué de consommer sa drogue, mais cette fois afin de composer avec l'anxiété naissante. Il préférait essayer de saisir la muse mentale que de parader sur la BBC, refusant avec vigueur de faire du lip synch sur un de leur morceau, tourné pour la télé, forçant Roger Waters à le faire pour lui. Des mimes ! Des vendeurs de voitures ! 

Ce n'était pas l'art qu'il voulait cuisiner.

Syd courait après le son comme les rats couraient en direction de la flûte du joueur de pan, aux portes de l'aube. Syd était chasseur de son. Mais à chercher ce qu'il n'arrivait pas à reproduire, il s'est trouvé à devenir celui qui allait être incapable de reproduire, et surtout, celui qui allait disparaître là où trop de yeux voulaient se poser sur lui. Il devenait celui que les autres avaient de la difficulté à trouver. 

D'abord son coeur n'y était plus. Puis sa tête. 

Et finalement, Syd Barrett a choisi, ou pas, son flux mental a dérivé dans cette voie, de ne plus se présenter aux autres membres du band.

Band qu'il avait créé avec Roger Nick & Rick. Ensemble, Égaux. 

Mais avec Syd sur un nuage différent.

On inviterait alors leur ami commun, le guitariste de Joker's Wild, David Gilmour. Pour combler le poste devenant vacant. Et Roger prendrait le rôle de la voix du groupe. Roger avait la touche carriériste aiguisée, là où Syd avait l'errance rêveuse facile. Watters connait Syd depuis la petite école du primaire. Sa mère a enseigné à Syd. Et quand Syd a perdu son père, décédé quelques jours avant ses 16 ans, la famille Waters les as aidé moralement. Le lien entre les deux artistes est enraciné depuis longtemps. 

Syd compose inspiré de Tolkien, des frères Grimm et du Yi Jing. Désenchanté, sur scène, à Santa Monica, plus le spectacles avance, plus il désaccorde sa guitare. Ce qui finit par désenchanter tout le monde. Incluant Nick, Roger & Rick, sur scène. En entrevue, il est insaisissable. Comme en suspension mentale. Pour Matilda Mother, Syd "oublie" de chanter et Rick Wright doit chanter la part qui était la sienne au complet. 

La rumeur veut qu'il se soit placer des mandrax dans les cheveux et que la chaleur des lumières sur scène les eut fait fondre dans son cerveau, le faisant ressembler à une chandelle de cire fondant au micro. Mais Nick Mason conteste cette rumeur, disant que Syd n'aurait jamais gaspillé ses précieuses "mandies". Ce ne devait qu'être du maquillage de scène qui lui coulait du visage. Mais une certes dégénération toxique imposée par la consommation de drogues ? Assurément. 

Quand on fera la première partie de Jimi Hendrix en tournée, Syd cesse de se présenter et c'est David O'List, guitariste de The Nice, aussi de la même tournée, qui le remplacera à la guitare avec des rotations de chanteurs entre Roger et Rick. Des fois, il est bien là, mais incapable de jouer. Parce que là, mais aussi ailleurs.  

C'est là qu'on engage David Gilmour comme "second" guitariste, mais ça rest Gilmour fait toute la guitare, chante aussi, et Syd se promène sur scène, comme égaré. Ça finit par lasser tout le monde. 

Quand Roger et les autres doivent aller le chercher en voiture pour un spectacle, en janvier 1968, il demande "Devrais-t-on aller le chercher aussi ?". On répond collectivement "Pas besoin". 

On considère un temps faire comme les Beach Boys avec Brian Wilson et le garder créateur pour le groupe mais jamais en tournée. Ça se révèle inefficace. 

Syd n'est plus de Pink Floyd. 

David Gilmour devient guitariste de Pink à Noël 1967.   

Il y a près de 60 ans. 

dimanche 3 août 2025

Diamant Fou (Première partie)

En 1973. contre toute attente de la part de Roger, David, Nick & Rick, la formation qui s'était appelée The Pink Floyd, The Floyd et finalement Pink Floyd, réalisait, en vendant 45 millions de fois The Dark Side of the Moon et laissant cet album 19 ans dans les palmarès, que jamais il n'aurait atteint ce sommet de réussite sans leur ami Syd Barrett. Qu'ils ne savaient pas si ils allaient le revoir un jour. Ils se dirent surement qu'ils auraient souhaité que Syd, soit ici.

Londres, 1967. Pete Townshend de The Who est sur un trip de drogues. Syd a tâté le LSD pour la première fois deux ans avant, avec son ami Storm Thorgerson, qui ferait les pochettes de tous les albums de Pink Floyd. Nous sommes dans un party de musiciens. Le LSD est très facile d'accès au 31 Court Road où tout le monde se trouve. Townshend avait amené son propre LSD personnel, comme une rock star professionnelle. Mais cette fois, il considérait cesser les drogues complètement. Car chaque fois qu'il croisait le regard de Roger Waters, celui-ci était en train de fixer les cuisses de sa blonde, Karen Astley. Waters, farouchement anti-acide, était en rapport de force face à Pete, désorienté par la drogue et ça le rendait paranoïaque. Ce que la drogue facilite aussi. Ses yeux lui disait je vais voler ta blonde, Happy Jack.

Townshend était aussi inquiet dans sa profession. Son band était le band le plus intense sur scène et voilà que ces Pink Floyd venaient de jouer une version d'Interstellar Overdrive de plus de 20 minutes sur scène. Battant le record de The Who qui avait joué une version de My Generation de 15 minutes en spectacle. Alors que Pete innovait visuellement en brisant sa guitare à la fin de chaque spectacle, voilà que leur chanteur avait comme pic de guitare un allumeur de cigarettes de voiture. Pete avait soudainement une compétition psychédélique sous les yeux. Et ça lui donnait le vertige. 

Un vertige qui serait toute la vie du chanteur de Pink Floyd. 

Il y avait un son que seul Syd entendait dans sa tête. Et il le pourchassait avec Roger, Rick & Nick qui acceptaient volontiers de le suivre. La plupart des idées naissaient de lui. Quand Syd fermait les yeux sur scène, sous l'effet de la drogue, guitare au cou, il se retrouvait mentalement dans son livre préféré de l'écossais Kenneth Grahame. Il était dans son élément. Avec son et vision. Des chansons comme The Gnome, The Scarecrow et See Emily Play étaient écrites avec l'émerveillement de l'enfant qu'il avait été été, croisant la pastorale britannique avec une conscience élargie acidulée par le LSD. Syd n'était pas le seul à explorer l'écriture du flux mental surchargé. Les Beatles revenaient de l'Inde sur Penny Lane et Strawberry Fields Forever. Les Stones retravaillaient leur comptines psychédéliques avec Dandelion. Même les Hollies chantaient de chevaucher les chevaux comme Pégase. Mais Syd était meilleur encore à aller chercher l'enfant en lui. Une porte de la perception menant à l'autre. Et assez vite, les portes qui s'ouvraient à Pink Floyd seraient toujours plus grandes que la fois d'avant. 

On serait signé par l'étiquette EMI. Un rêve alors que Syd ne jurait que par sa copie de Revolver de la même étiquette, des Beatles. Ces mêmes Beatles qui seraient dans le studio voisin travaillant leur Sgt. Pepper's Lonely Heart Club Band pendant que PF tricotait leur premier effort. Mais pour Syd, l'aventure ne serait pas agréable. Le producteur attitré était pragmatique, là où Barrett se voulait créatif. Interstellar avait été ramenée à moins de 10 minutes et l'album serait si pop...commercial fudge sucré.

The Piper at the Gates of Dawn ne ressemblait aucunement au band qu'il pilotait sur scène depuis 2 ans. Pete Townshend dira de ce disque, avec un zest de jalousie, qu'il avait trouvé que c'était "fucking awful!". Ce avec quoi, Syd ne pouvait qu'être d'accord. Ce n'était pas le son qu'il avait en tête. C'était trop poli. Trop pop. Et l'attention qu'il allait alors commander allait l'achever. Syd vivait dans sa tête. Pas ailleurs. Alors être si public à 21 ans...il comprenait alors qu'il ne serait jamais capable de refaire tout ce qu'il venait de faire. 

Jamais.