Il y a 45 ans, nous téléphonions sur des téléphones à roulettes, à sonnerie souvent unique, l'information circulait nettement plus lentement qu'aujourd'hui et les rumeurs étaient plus difficiles à démentir.
En 1969, quand sort l'album Abbey Road des Beatles, une folle rumeur naît aussitôt dans les collèges et les universités et surtout chez les fans les plus pointilleux du Fab Four: Paul McCartney serait mort.
Les Beatles ne seraient que John, George et Ringo ainsi qu'un imposteur depuis 1966 et leur père spirituel George Martin soudoierait la police et les journalistes afin de garder les indices de la mort de McCartney secrets.
La rumeur qui gonfle a plusieurs souches. On prétend qu'à la mort de leur gérant Brian Epstein en 1966, Paul aurait voulu prendre le contrôle du groupe et se serait buté au refus des trois autres. Frustré du mouvement de résistance, il aurait quitté en trombe le studio le 9 novembre 1966 et aurait déguerpi dans sa voiture, ratant une lumière et se faisant du même coup, décapiter (He blew his mind out in a car/He didn't notice that the light had changed*). D'autres stipulent que la chanson Lovely Rita raconte l'accident dont Paul aurait été victime en voiture. Il aurait pris une femme faisant du pouce dans son Aston Martin, et lorsque celle-ci, appelée Rita, aurait reconnu le fameux chauffeur, lui aurait fait une accolade fatale qui aurait fait dévier la voiture de la route. (I took her home, nearly made it chanté par Paul sur le morceau).
Ça c'était en 1967. Sur Sgt Pepper's Lonely Heart Club Band. Une pochette qui nous montre aussi Paul comme le seul Beatle de dos, lors des photos à l'intérieur, comme si l'imposteur voulait cacher ses traits. Une pochette qui aussi, lorsque Paul nous est montré de face, dévoile sur son épaule l'acronyme O.P.D. comme dans Officially Proclaimed Dead...
L'album suivant nous offrira les Beatles costumés. Cachés donc. Puis le suivant sera l'album Blanc. Blanc comme la dépression. Paul leur manque. Puis Abbey Road et cette fameuse pochette qui offre les 4 Beatles traversant l'Abbey Road de Londres.
John, ressemblant à Jésus, en blanc, la lumière, ouvrant la marche comme un guide
Ringo, le curé, le lien entre le saint esprit et le mortel.
Paul, le mort, le seul Beatle nu pieds, celui qui marche en ne suivant pas le rythme des trois autres, les yeux fermés, le seul, rasé aussi.
George, en fossoyeur, costumé tout en jean. Ne lui manque que la pelle et la cigarette.
La plaque d'immatriculation sur la Volkswagen (A Beatle) derrière qui dit 28IF.
28 ans, si (if) McCartney avait été vivant en 1969...
Et comme McCartney tient une cigarette dans sa main droite et que tout le monde sait qu'il est gaucher...cet homme ne peut qu'être un imposteur...
Cet imposteur, on avait décidé que c'était William Shears Campbell. Billy Shears. Tel qu'introduit sur Sgt Pepper's Lonely Heart Club Band. Le gagnant d'un concours de sosie de Paul McCartney (An act you've known for all these years...).
1966, c'était aussi l'année où les Beatles brisaient le coeur de leurs fans en annonçant qu'ils ne feraient plus jamais de tournée après l'incident de John Lennon affirmant que les Beatles étaient plus populaires que Jésus. La vraie raison aurait été que sur scène, on n'aurait pas pu cacher le manque de talent de Billy Shears avec un instrument. Ça aurait aussi justifié pourquoi ils sont tous devenus hirsutes, les poils masquant plus facilement les visages d'imposteurs. Combien trouvaient "le beatle cute" soudainement laid? Plusieurs.
En 1969, des fans finis, un peu mabouls, découvrent aussi des messages subliminaux dans les chansons. George, le plus spirituel, rituel et mystique des Beatles, aurait en 1968 inclus un douloureux son à la fin d'un de ses morceaux qui serait une évocation de l'esprit de Paul sortant de la carcasse de la voiture accidentée.
Dans Revolution #9, lorsque joué à l'envers, la portion répétée des mots "Number 9" au tout début devient "turn me on, dead man". Même chose pour les murmures au début de Blackbird qui, joués à l'envers deviennent "Paul is dead now, miss him, miss him, miss him". Sur Strawberry Field Forever, à la toute fin, John dit très sombrement, et très lentement ce qui semble être "I Buried Paul" (J'ai enterré Paul).
Paul & John prétenderont plus tard que Lennon disait plutôt "Cranberry Sauce".
Sur la pochette de Sgt Pepper's, il y a bien des fleurs écrivant le mot Beatles, comme on aurait envoyé lors de funérailles, et ces gens ne semblent-t-ils pas tous en train d'imiter en groupe un rassemblement funéraire devant cette motte de terre? Les 4 "jeunes" beatles en cire semblent en deuil en tout cas, surtout Ringo. Des jacinthes jaunes honorent aussi une guitare de gaucher, comme on l'aurait fait pour honorer la mémoire d'un héros guitariste gaucher...comme Paul.
La main de George Bernard Shaw sur la pochette est placée tout juste au dessus de la tête de "Paul". Dans la tradition des pays orientaux, en Inde entre autre, une main au dessus de la tête de quelqu'un est un symbole de mort. De plus, en plaçant un miroir devant les mots Lonely Hearts on y lit une référence au 11/09/66 jour présumé de sa mort, suivi des mots He Die.
Les gens s'affolent soudainement, McCartney ne donne plus vraiment d'entrevues télévisées depuis 1966, se pourrait-il que?...
Même les journalistes doivent se rendre chez lui et l'interviewer afin de mettre fin à la question (Paul, es-tu mort?) et même lorsque le magazine Rolling Stones et le Life publient "PAUL IS NOT DEAD", ils donnent aussi tout les détails mentionnés plus haut, ce qui ne convainc personne qu'il est vivant, de toute façon, les médias sont dans le coup, pensent les fans.
Mais dans toute création, il y a une part de vérité. Paul a bien fait un très sérieux accident de moto en 1965 se coupant la lèvre supérieure tout en se cassant une dent. Deux ans plus tard, il a aussi été impliqué dans un accident de Mini Cooper en compagnie de Keith Richards, d'un certain Mohammed Hadji et de beaucoup trop de drogue, ce qui les aurait forcé à se débarrasser de la drogue avant de se rendre à l'hôpital soigner leur blessures. Hadji aurait été le conducteur, étant le moins connu des trois, si jamais il y avait enquête et qu'on devinerait la drogue et tout et tout.
Le 9 novembre 1966 est une date bien réèlle dans l'histoire des Beatles, dans la mort des Beatles devrais-je dire, puisqu'elle marque le début de la relation entre John & Yoko.
La rumeur s'est peu à peu éteinte quand Paul a fini par se montrer davantage, avec les Wings entre autre dans les années 70, et il n'a jamais voulu commenter ce qui ressemblait à un jeu de la part des comiques Fab Four. Toutefois la rumeur est revenue en 1980, quand McCartney s'est fait coincer au Japon en possession de drogue et qu'il a dû faire 10 jours de prison pour son crime. Les empreintes digitales n'auraient pas été les mêmes que celle prises lors des tournées nord américaines de 1966...ramenant l'idée de l'imposteur...
Mais c'est connu, les japonais, puisqu'ils vivent sous la terre par rapport à nous, prennent les doigts de pied comme empreintes digitales, pas les mains...
(...)
Mais non, je déconne.
Comme cet amusant délire qui a 45 ans cette année.
Paul avouera finalement en 1995 que les Beatles avaient choisi de s'amuser aux dépens de leurs fans à cette époque. Il en rira lui-même sur l'une de ses pochettes en spectacle, un album intitulé Paul is Live, où il apparaît seul à traverser Abbey Road avec son chien et sur la Volks derrière on peut y lire sur la plaque 51 IS. Paul avait alors 51 ans.
Dans un épisode des Simpsons, Paul et Linda prêtent leurs voix à des personnages et pendant le générique on y entend clairement un discours à l'envers. Il s'agit de Paul qui, à l'envers de Maybe I'm Amazed, nous récite une recette de soupe aux lentilles en concluant:
"Oh by the way, I''m alive!"
Paul est bien vivant.
Et amuse les gens encore autant qu'avant.
*John parlait plutôt de son ami Tara Browne
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