lundi 3 février 2025

Monde Animal

Il est toujours un peu amusant de parler d'un artiste condamnant ce qui l'a en partie fait beaucoup exister. 

Le capitalisme.

D'autant plus que 2 ans avant de tricoter le 10e album studio de la formation britannique Pink Floyd, The Dark Side of The Moon, toujours dans le palmarès des meilleures ventes en 1975, les rendaient si riches qu'ils auraient pu cesser de travailler jusqu'à la fin de leurs jours. Mais cette année là, le band achetait une église qu'ils allaient reconvertir en studio dans lequel ils entreraient en 1976. Pour y travailler ce 10e album, Animals

Cet album, qui a eu 48 ans cette année, le 21 janvier dernier, n'a jamais semblé plus pertinent de nos jours. Avec ce qui se passe tragiquement aux États-Unis. Mais à l'époque, c'était le Royaume-Uni qui était visé par Roger Waters. Le principal compositeur des 5 morceaux. Un seul sera co-crédité avec David Gilmour, le guitariste qui venait d'avoir un fils, ce qui l'occupait grandement ailleurs. Nick Mason, le batteur, dira qu'il a préféré travailler sur cet album que sur Wish You Were Here. Tout juste avant. Richard Wright, le claviériste, sera viré par Waters l'album suivant. Mais les 4, sur cet album de 42 minutes, sont rien de moins que musicalement brillants.


 Mais ce sont des paroles dont je veux vous entretenir. De ce monde de chiens mangeant d'autres chiens dans lequel nous sommes toujours plus profondément plongés. Inspiré du roman du formidable George Orwell, Animal Farm, Roger Waters a écrit un album concept traitant des chiens, des cochons et des moutons. Tranches tertiaires de la zone capitaliste. Jamais Orwell ne nous aura semblé aussi présent de nos jours même si décédé depuis 75 ans. D'ailleurs, je ne crois pas que ce soit innocent d'avoir lancé ce 10e album le jour exact de la mort d'Orwell, 27 ans plus tard. 

Explorons l'animalerie exposée et critiquée sur 5 chansons par le band: 

Les chiens.

Ce sont les leaders de la société, qui ont gravi les échelons en mentant et en poignardant dans le dos, ne fonctionnant aucunement par humanité ni justice, mais par simple loyauté. Comme la Cour (du mal) Suprême des États-Unis. Dans les mots de Roger Waters, tu dois gagner la confiance de ceux à qui tu mens. Pour que quand ils vous tournerons le dos, il sera primordial d'y enfoncer votre poignard. C'est littéralement un monde de chiens bouffant du chien, c'est l'entourage de Dumbass Trump. Quand ils atteignent le sommet de la pyramide, ils sont complètement isolés. Et tirés par le bas par le système même qu'ils ont bâti. Comme les États-Unis le seront avec leur vision économique actuelle. 

Les cochons.

Voilà l'élite. Pas 100% au pouvoir mais dans le spectre, les riches autour du valet de pisse Trump, gardant la population dans la confusion et la division afin de mieux la contrôler. Waters visait précisément Mary Whinehouse, une représentante conservatrice britannique qu'il nomme dans les paroles. Mais les noms de Musk, Zuckerberg, Bezos, Pichai, viennent facilement à l'esprit par ici.  

Les moutons

Finalement il y a les moutons. La classe moyenne et la classe ouvrière. Passive, naïve, ignorante et parfois fièr(e)s de l'être. Apeurée facilement et facile à manipuler. Pour la majorité de la chanson, de 10 minutes 20 secondes, les moutons feront ce que demandent les chiens et les cochons. Comme le courant se déplace quand on passe sa main dans l'eau. Sans questionner très sérieusement ce qui se déroule.

Mais à la fin de la chanson, les moutons choisissent de renverser les chiens et les cochons et de créer un nouvel ordre social. C'est un puissant crescendo que la musique amène sur un album tout simplement formidable.

Et forcément immortel puisque si 2025 et maintenant. 

La fin, comme dans le livre d'Orwell, n'est pas 100% optimiste, car elle pose la question, si ce nouvel ordre sera tellement mieux, et si il ne s'effondrera pas comme les ordres sociaux précédents. 

Le capitalisme est présenté comme quelque chose de corrosif que vous soyez au sommet, dans l'entourage ou dans les rouages. 

Même si ça soutien toute la vie de Roger Waters.  

Cet album, qui commence en posant la question se demandant si on se soucie d'autrui, est une critique brutale du capitalisme et un message d'espoir qu'une fois rassemblés, comme le monde entier le fait contre les États-Unis grossiers, les choses peuvent changer. 

J'ai confiance que le géant Étatsunien va se tirer bien des balles dans le pied.

Parce que le reste du monde saura comment dompter les sous-éduqué(e)s. 

J'ai pensé à tout ceci quand j'ai vu Roger Waters la semaine dernière ouvrir un spectacle avec une géante affiche TRUMP IS A PIG!. Et quand j'ai entendu d'une amie bibliothécaire aux États-Unis qu'elle avait été touchée par une jeune abonnée qui empruntait le livre Animal Farm pensant que ce serait bientôt banni. Elle l'a rassurée en lui disant qu'en Illinois (où elles sont) le gouverneur démocrate a fait interdire de bannir les livres intelligents comme celui d'Orwell.

Du moins, pour l'instant...

dimanche 2 février 2025

Trumpimplosion

Depuis hier, la folie de l'agresseur Étatsunien est officiellement en cour. Les exportations des marchés de l'acier, l'aluminium, de semi-conducteurs, de cuivre et de produits pharmaceutiques sont frappés de 25% de taxes, passant de 2 à 25%, sans raisons aucune. 

Enfin, les États-Unis prétendent faussement que c'est en raison du trafic incontrôlé  du Fentanyl en provenance du Canada (inexistant) et des immigrés illégaux en provenance de chez nous (minimes). Nos statistiques ne se comparent en rien aux stats du Mexique. C'est un exemple criant de punir tout une équipe, même si le premier trio fonctionne très bien. Les États-Unis, depuis Trump, ne sont plus nos alliés. 

Le Canada se resserre très intelligemment. D'abord politiquement, les appuis à l'impossible Pierre Poilièvre fondent et les appuis à n'importe-qui-sauf-PP se multiplient. Il est calque de Donald Trump et en 10 jours, Trump a fait du mal de manière massive. Heureusement, les déportations ont été très souvent détournées des pays où on renvoyaient les immigrants qui n'avaient pas encore leurs papiers, mais ce qui est pire est le site du gouvernement des États-Unis qui a effacé toute référence au Coronavirus du site du ministère de la santé, a supprimé toute référence à l'identité de genre, a rendu la plupart des sites inaccessible le temps de réécrire  "leur vérité".  Projet 2025 est en cours. 

Nous promettons de consommer Canadien. Et de même faire fort probablement affaire avec l'Europe davantage. 

À partir de la mi-février, on ajoute un 10% sur le gaz naturel et le pétrole. Injustifié. Ceux et celles qui disent que ça ne devrait pas nous toucher ni nous causer de soucis se leurrent. Le 25% de tarifs, que Donald ne comprend pas lui-même, ne sera jamais payé par les entreprises. Enfin oui, mais la facture, comme toujours, sera entièrement refilé aux consommateurs. Nous. 

Et si on refuse de consommer.  Ça fait planter les marchés. Le souhait est fort pour que Donald se plante et soit forcé de reculer. 

Vous l'avez vu en conférence de presse blâmer inexplicablement le DEI, Diversité, Équité et Inclusion, ainsi que les administrations Biden et...Obama, oui, oui, le président d'il y a 8 ans, pour la collision fatale à Washington d'un avion de passagers et d'un hélicoptère militaire qui a fait 67 morts le 29 janvier dernier au dessus du Potomac

En creusant, c'était explicable ce délire mental. Le 21 janvier précédent, Donald Trump, incompétent de première,  limogeait le comité de sécurité en aviation national et forçait à la retraite leur directeur qui n'y l'avait prévue, mais pas tout de suite. Une semaine plus tard, la sécurité en aviation échouait en supprimant 67 vies. Trump a très certainement senti que l'étau allait se resserrer autour de lui rapidement, et a vite proposé qu'on regarde ailleurs en lançant ses conneries au micro. Bien entendu, on a surtout retenu que c'était des conneries, Dieu, merci, mais on oublie pas que le geste de la semaine d'avant l'accident, est potentiellement directement lié à l'accident de la semaine suivante. Trump l'a aussi dit en conférence de presse, son nouveau ministre des transports n'a que 2 jours dans ses nouvelles fonctions...il commence dans le feu de l'action. Oui, mais patron, tu lui avais aussi enlevé bien des membres la semaine d'avant. 

Et le bateau coule.

Ça ne faisait que 10 jours que le clown président était en fonction que les États-Unis étaient victimes du premier accident d'avion commercial fatal en 16 ans, sans survivants. Pendant que les braves premiers répondants repêchaient les corps, le criminel président blâmaient les minorités et les Femmes en conférence de presse. C'était, au mieux, détestable, méprisable, et dégoûtant. Tout ce qu'il a dit était afin de détourner l'attention sur sa propre responsabilité potentielle (l'enquête est en cours) dans la tragédie (6 Janvier 2021, vous vous souvenez ?). 

Il a limogé tout le monde à la TSA. Le grand patron forcé à la retraite l'a été après avoir encaissé les ignobles critiques d'Elon Musk (qui ?) parce que ce patron avait souligné les problèmes de sécurité de son programme SpaceX. Ding Dong Trump tente de rassurer son peuple en engageant un agresseur animateur de télé de la station de propagande Fox inadéquat et innaproprié à la tête de l'univers militaire des É-U, et une star de MTV comme nouveau patron du TSA.  Et BOUM! collision fatale entre un aviation et aviation militaire. 

Nous DEVRIONS avoir une enquête transparente sur ce qui s'est produit, mais avec cette administration qui se concentre actuellement sur l'opaque, croyez vous vraiment qu'on prendra cette direction ? 

Depuis toujours, Trump et ses sbires démonisent les travailleurs et travailleuses de l'État. Lors de son dernier passage comme président, il avait enlevé la supervision sécuritaire en aviation aux travailleurs de l'État pour donner plus de responsabilité aux compagnies d'avion elles-mêmes, ce qui leur faisait faire davantage de profits. Money first. Les problèmes de sécurité ont tout de suite commencé. Des roues qui tombent, des "cas qui passent proche" . Ça ne date donc pas d'hier. Mais ça se situe dans le temps. Un temps Trump. 

On a déjà demandé aux agences alimentaires et au ministère de la santé de cesser de tenter de communiquer leur savoir aux gens jusqu'à avis contraire. Les conseillers au niveau de la santé sont muselés. Leur vérité religieuse n'est pas encore prête.  Aller écouter les tragiques 6 épisodes de la série Painkiller sur Netflix avec Matthew Broderick. Ces gens prennent le contrôle de leurs vies. 

Les incompétents qui ne pensent qu'à l'argent nous envahissent. Des gens en meurent. Des gens ordinaires. La première qualité de ce néo-gouvernement n'est pas la compétence, c'est la loyauté. 

Les Étatsuniens sont en train de miser leurs vies avec Donald Trump. La compétence n'est pas "woke", l'intelligence n'est pas "woke", l'éducation n'est pas "woke", la sécurité n'est pas "woke", la logique n'est pas "woke". Ce sont des qualités nécessaires pour faire les jobs que ces gens viennent d'obtenir. 

10 jours après avoir commencé à travailler, l'incompétence a déjà frappé. Quand un journaliste a demandé au dictateur en puissance si il allait se rendre sur les lieux du drame en soutien aux éplorés du drame, à Washington, il a répondu "Vous voulez que j'aille nager ?".

Ça dit tout sur le triste individu qu'il est de l'intérieur. Honte humaine. 

L'implosion des États-Unis arrivera plus vite que prévu à ce rythme. 

Quand il tomberont de la table des gens sérieux en tirant sur la nappe.

Sur cette table, il y aura l'assiette du Canada ? Ça s'est envenimé hier soir. Et consommateurs, citoyens, entreprises, en feront les frais.

Le 25% d'agression a été accoté. On leur réservait un chien de notre chienne. 

Tard hier, le Canada imposait les mêmes tarifs aux États-Unis. Et les É-U promettait d'augmenter les leurs.  

La facture de tout ça, bien entendu, qui sera refilée à tous les consommateurs. 

Ne consommons que l'essentiel. Et ciblé.  Le temps qu'ils s'étouffent.  

Jamais les États-Unis n'auront autant été nos ennemis. 

samedi 1 février 2025

Marianne Evelyn Gabriel Faithfull (1946-2025)

Née le 29 décembre 1946, d'un père ex-militaire dans la branche de l'espionnage britannique, devenu enseignant en littérature italienne, sa mère est pour sa part issue de la noblesse Austro-Hongroise. Son arrière-arrière grand père est Leopold von Sacher-Masoch, auteur de la nouvelle Venus in Furs, littérature érotique mythique qui a inventé le terme "masochisme".

La famille grandit à Omrskirk, au Lancashire où Marianne va à l'école à la commune de Barziers Park, à Oxfordshire. Elle a 6 ans quand ses parents divorcent. C'est avec sa mère qu'elle poursuit sa vie, continuant sa scolarité à Brixton, à Londres. Elle est victime de la tuberculose et fait du théâtre au St-Joseph's Progress Theater. Elle sera chanteuse folk dans les cafés de Londres, encore jeune fille adolescente. C'est à 18 ans, qu'elle est invitée à un cocktail de lancement pour les Rolling Stones, invitée par John Dunbar, où elle fait la rencontre de leur gérant Andrew Loog Oldham qui non seulement la présente au band, mais lui offre l'unique morceau où il est co-crédité, As Tears Go By. Ce sera un gros succès radio. Les Stones ne l'enregistre eux-même qu'un an plus tard. Année où elle épouse John Dunbar. Elle donne aussi naissance à leur fils, Nicholas. 

Mais en brouille avec Dunbar, c'est en 1966 qu'elle choisit d'habiter avec Brian Jones et sa copine Anita Pallenberg, avec laquelle elle devient vite grande amie. Elle consomme la marijuana et débute une affaire avec Mick Jagger. Elle quittera son mari pour lui. Elle devient icône du Swinging London. On l'entend sur Yellow Submarine des Beatles. Elle est retrouvée nue sous un manteau de fourrure à Redlands, quand une descente policière voulant coincer George Harrison, coince Keith Richards à la place et ça fera beaucoup jaser. Elle alors accro à la cocaïne et perdra une fille morte née, d'avec Jagger. Elle lui fait connaître le livre The Master & Margarita de Mikhail Bulgakov qui l'inspirera à écrire Sympathy For The Devil. Sur laquelle Marianne & Anita font des voix tel que vu dans un film de Jean-Luc Godard.

Quand elle reprend connaissance après une surdose de drogue, elle dit à Mick "Wild horses couldn't drag me away" ce qui l'inspire directement pour un de leur meilleur morceau. Muse, elle en inspire d'autres. Elle co-écrit avec eux une ode à la morphine. Elle est désormais accro à l'héroïne. Elle chante dans le cirque rock'n roll des Stones. Mignonne, elle prétend dans les années 60 avoir des relations avec les gens des deux sexes. Sa consommation de drogue lui fait perdre la garde de son fils. Elle laisse Mick pour un noble Anglo-irlandais. Chante avec Bowie. Joue et chante dans quelques films

Sa situation ne s'améliore pas. On la fait enregistrer mais on gardera sous clé pendant 16 ans. Sa consommation de drogues endommage sa voix à jamais et elles restera graveleuse, presque sorcière. Elle lance un album à saveur country en 1975 qui sera relancé trois ans plus tard et #1 en Irlande. Sa carrière musicale revient en force en 1979, avec l'album Broken English, considéré comme le sommet de sa carrière personnelle artistique. Elle épouse Ben Brierly, membre des Vibrators. Mais une apparition à Saturday Night Live s'avèrera catastrophique. Sa voix déjà rapée ne tient pas la route. Ça impressionne peu. Elle blâme le nombre excessif de pratique des morceaux le jour même, on pense plutôt intoxication. New York a des opportunités uniques.

Sa chanson la plus populaire sera réutilisée souvent, dans les trames sonores, Thelma & Louise, ou encore l'épisode finale d'American Horror Story: Hotel. Elle se bat toujours contre ses dépendances dans les années 80, et participe à un projet de musique autour de Kurt Weill, collabore avec Ruppert Hine.   

Après avoir lancé 6 albums dans les années 60, 2 dans les années 70, elle en sort 4 dans les années 80.  Je la découvre de son album de 1987. Tom Waits en avait écrit la pièce titre. Rétropédalerai ensuite. J'en ai découvert des choses à 15 ans. Elle trompe son mari avec un homme aux conditions mentales chancelantes, qui finira par sauter vers la mort du 14e étage de l'immeuble qu'ils habitent. 

Quand Roger Waters monte son spectacle The Wall à Berlin, pour honorer l'Allemagne réunie suite à la chute du mur, elle est choisie pour incarner la mère de Pink. Une compilation est lancée dans les années 90 afin de coïncider avec une première autobiographie. Elle collabore avec l'excellent Angelo Badalamenti, (mon album préféré d'elle) connu pour son travail avec le réalisateur David Lynch, sur l'album suivant. Elle chante avec John Prine et avec les Chieftains. Avec trois amis des Rolling Stones, Keef, Woody & Charlie contre le SIDA. Chante pour Mettalica et joue dans leur vidéo. Joue et chante dans l'Opéra de Quat'Sous de Brecht & Weill. Lance un 14e album. Sur lequel elle chantera une chanson (la seonde sur l'album) de Roger Waters qu'il avait composé à la mémoire de Syd Barrett. Daniel Lanois & Emmylou Harris collaborent aussi sur cet album. 

Elle sera régulièrement apprécié pour ses efforts sur disques avec ses nombreux invités. Blur, Beck, Billy Corgan des Smashing Pumpkins, Jarvis Cocker de Pulp, Dave Stewart ex-Eurythmics, Étienne Daho. Son album de 2004 est une entière collaboration avec PJ Harvey, Nick Cave avec des apparitions de Damon Albarn de Blur et Jon Brion. Elle apparait sur un hommage à Serge Gainsbourg, puis collabore avec Patrick Wolf. Collabore à une trame sonore de film français

Elle lance 5 autres albums entre 2008 et 2021. Elle aura joué mainte et mainte fois au théâtre, à la télévision, au cinéma, avant que la mort ne la trouve cette semaine.

La mort, égarée, s'est trompé de personnalité publique de 78 ans, la fauchant jeudi. 

À la place d'un clown des États-Unis, la mort nous a raflé une fleur sauvage britannique à la voix de whisky. 

Bonne nuit, ma jolie. Merci pour ton anglais brisé. 

vendredi 31 janvier 2025

À La Recherche Du Temps Perdu******************La Version Qui N'intéresse Personne d'Emmanuelle Pierrot

Chaque mois, dans ses 10 derniers jours, tout comme je le fais pour le cinéma (dans ses 10 premiers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu) je vous parles de l'une de mes trois immenses passions: La littérature !

Lire c'est accepter de plonger dans l'univers des autres, l'écouter, tenter de le/la comprendre. C'est explorer ses courants de pensées, parcourir ses corridors mentaux, confronter ses idées, découvrir un monde, un milieu, vibrer sur un ton qui n'était pas le sien, nager en eau nouvelle, fouler des sentiers connus, créer des zones de confort ou le contraire, c'est apprendre à respirer sur le rythme de quelqu'un d'autre. 

Et respirer, c'est vivre.

LA VERSION QUI N'INTÉRESSE PERSONNE d'EMMANUELLE PIERROT.

Emmanuelle a 31 ans. Et déjà, elle transpire le talent. Née à Montréal, elle a toutefois été Dawsonite, à Dawson City, au Yukon vers 2010. Et longtemps après aussi. S'inspirant de sa propre expérience là-bas, la jeune poète (d'abord) a écrit un premier roman remarquable.

Sacha et Tom ont 18 ans. Le jeune couple d'amis trouve la communauté de punks qu'ils recherchaient au confluent de la rivière du Klondike, au Yukon. Mais dans une liberté faussement calibrée entre les genres, les ami(e)s ne le resteront pas nécessairement tout le temps. Particulièrement quand la pandémie leur rentre dedans. Une ligne pas nécessairement fine se dessine entre amants, amantes aux différentes tangentes. Les courbes n'ont pas un seul point. Les fourbes se façonnent. Les ragots naissent dans un esprit de clocher qui faussement sonne. On goûte avec autant de beauté que d'horreur à la version qui n'intéresse personne. 

L'auteure est aussi punk que ses personnages. Crue aussi. Brutale. Du parler choc dans le dialogue. Bukoswki au féminin. Rien de moins. Les progressistes ont la vie dure et ici, l'intensité est au rendez-vous pour celle qui s'inquiète de la déshumanisation des Femmes. (ma majuscule). Elle dit avoir encore beaucoup d'histoires à raconter. Je la suivrai.

La toile se tisse autour de Sacha au point de la retrouver piégée dans ce qui devient un thriller psychologique après avoir été un portrait de communauté folk. On The Road de Jack Kerouac, The Naked Lunch de William S. Burroughs et le film Into The Wild de Sean Penn sont la trilogie des astres qui guident les vagabonds qui adoptent une chienne-louve qu'ils baptiseront joliment Luna. Astre ultime la lune. Qui aveugle et endors autant qu'elle fait reluire.

Sa plume est brillante. Mais on reste dans la nuit narrative. C'est dur.  Elle a les cheveux roses mais jardine le noir. La vie n'est pas tricotée d'histoires toujours heureuses. Le pays d'en bas avec son clown nous le rappelle tous les calisse de jours. Un livre qui peut mettre en colère. Qui se cherche du bouc émissaire. Qui a tout pour plaire et déplaire. 

Bouleversant, criant de vérité, effrayant, déstabilisant et traumatisant. On nage dans le nihilisme à la limite du survivalisme. Survivalisme sentimental, très certainement. L'effet de tribu peut gangréner un(e)humain. 

Harmonie violente où le rappel que très peu de gens visent le bien, ça résonne sur ma personne. Comme la Sache d'Emmanuelle, j'ai pensé plus jeunes que les gens, d'emblée, voulaient faire le bien. La naïveté reste plus longtemps chez certain(e)s. 

Encore cette semaine, je voyais une jeune femme raconter qu'à un rendez-vous avec un homme, un homme séparé de la mère de leur enfant, elle était resté surprise le premier soir de le retrouver fort attentif à un rassemblement de partisans de Trump à la télévision. Elle lui a demandé pourquoi était-il si attentif et il lui a répondu qu'il était un fier supporteur de tout ce qui entoure Trump. Elle lui a aussitôt dit, effrayée "mais que fais tu des droits humains ? du droit des femmes ?" Il lui a répondu du tac au tac qu'il ne pouvait pas s'en moquer davantage que tout ce qui l'intéressait était les intérêts que ses placements faisaient. Lui, père d'une fille. Elle a fuit les lieux. Terrorisée. On vit dans un monde de chiens. Aussi beaux que brutaux. 

Le monde vire mal. Emmanuelle raconte un monde qui vire mal. Elle crache toute la laideur de la terre. Avec une beauté lyrique baignée dans une certaine misère. 

Du beau dommage. Pas le band de musique. L'adjectif et le nom. 

Mais un fameux livre signée de quelqu'un de chez nous. De 2024. 

Qui aurait plein d'autres histoires dans sa besace. 

Niiiiiiiiiiiice!

Anxiété, authenticité, envolée, une auteur est née.

Même si parfois les papillons restent coincés dans les toiles d'araignées. Leurs ailes restent belles.    

 Myriam Verreault, excellente co-réalisatrice d'À l'Ouest de Pluton, que j'ai tant aimé que j'ai acheté, et réalisatrice/oc-scénariste du tout aussi excellent Kuessipan, adapté de l'autochtone Naomi Fontaine, adapte aussi ce livre depuis 2024, et aurait commencé le tournage pour en faire un film.

Que je m'empresserai d'aller voir, sans réserve. 

Ce livre a gagné la dernière édition du combat des livres organisé par la radio de Radio-Canada. 

Du paradis au refuge. Bel expiration bruyante. Intérieur grabuge. Humanité chancelante. Très très actuel. 

jeudi 30 janvier 2025

FAFO

Fuck Around & Find Out.

C'est l'acronyme du titre de la chronique.

Fait le con & voit et encaisse ce qui arrivera pourrait en être une traduction libre.

Rien n'est jamais plus libre qu'une traduction. Devinez pourquoi je suis traducteur ?

Dans les heures qui ont suivi le drame du 5 novembre dernier où un vieux boomer agresseur raciste et misogyne criminalisé a été préféré à une jeune femme racisée intelligente et compétente de la génération X, comme président des États-Unis, le militant Nick Fuentes, républicain qui ouvertement participe aux évènements de suprémacistes blancs et antisémites, a publié sur les réseaux sociaux un retentissant : Your body, my choice forever.  Ton corps, mon choix pour toujours. Une vanne si conne qu'un enfant en serait puni, à genoux dans le coin.

Ce qui est en fait, arrivé. 

Quelques jours plus tard, alors que la phrase devenait virale et que des masculinistes et immatures incel la reprenait à outrance, Fuentes, se sentant le vent dans les voiles, s'est filmé en train de jubiler répétant la même chose, criant de joie cette fois comme on crie "ON A GAGNÉ LA COUPE STANLEY !" Ton corps mon choix! Bitch ! pour toujours !" accompagné d'un rire satisfait qui le plaçait dans les célibataires involontaires à vie. Si il est hétérosexuel, du moins. Ça le concerne.


 Ça consterne aussi. Si jeune (26 ans) et si con déjà. 

Pour tous ceux qui appuyaient sa tirade se trouvait 10 autres qui condamnaient son attitude. Les plus futés l'ont "doxxé". C'est à dire qu'ils ont trouvé où il habite en Illinois, ont donné son adresse publiquement. Qui elle aussi a été relayée partout sur le net. Les gens se sont rendus chez lui et le torture depuis au point qu'il a été forcé de confesser qu'il doit désormais déménager car le harcèlement est perpétuel. On vandalise son habitat, sa voiture a autant de pose de pneus neufs qu'on fait le plein, il doit payer pour de la sécurité personnelle car l'hostilité est omniprésente et son quartier devient inhabitable. 

Quand on est irrespirable, quoi de plus normal que de s'étouffer soi-même. Parmi ceux qui ont défendu la "victime" Funtes: les frères Tate. Googlez qui ils sont. Voyez comment ils exposent leur vision des Femmes. Des ordures. 

Le camion passe parfois pour les vidanges.

Encore cette semaine. Hot Melody. Alors que le clown Trump a tenté de déporter des réfugiés Mexicains et Colombiens, dont les avions ont été brillamment retournés aux États-Unis, on a pu voir quelques personnalité faire des vidéos disant qu'il était atroce de voir le nom de leurs proches et de leurs semblables apparaitre sur des listes de déportation. Certain(e)s néo-marié(e)s voient aussi leurs papiers légaux, qui accélèreraient leur statut de citoyens légaux aux États-Unis. 

Selena Gomez a craqué à la caméra, lourdement émue de voir tant de gens de sa communauté (son père est mexicain) passer du rêve au cauchemar. Identifiés faussement comme des "criminel(le)s" par un criminel.

Lors de son premier passage à la présidence c'était : voici le clown, attendez vous à un cirque. C'est désormais: voici le criminel, attendez vous à des crimes. Il est là le vrai mal, pur.

Et la haine entrainant la haine, certain(e)s se permettent de répandre leur fiel, comme leur héros, n'importe comment, sur les réseaux sociaux. Hot Melody aurait peut-être préféré que l'application Tik Tok ferme plus que quelques heures, aux États-Unis.

Utilisant un filtre pour probablement passer pour plus belle qu'elle ne le sera jamais, filtre que ses doigts dans son visage ont trahi, elle s'est filmée en train de dire qu'elle ne donnait pas 2 shits du sort des déportés, les traitants de sous-humains et s'est moqué de ceux et celles qui en avait de la peine. Elle a insisté pour dire qu'elle trouvait hilarant que les familles soient séparées, ce qui lui donnait " a great deal of confort. I am actually fucking laughing at you a-t-elle ensuite lancé sitting there crying for attention

C'est toutefois elle qui a plus d'attention que prévu. Le vent a tant soufflé contre elle qu'elle été forcée de fermer les commentaires sous sa publication. Puis, de rendre son compte privé. Puis d'enlever sa publication.  Mais il était trop tard.

Elle avait été identifiée. April Martinson est son vrai nom. Elle travaille travaillait chez Bidadoo Inc., une compagnie qui a vite pris les moyens pour la limoger, soulignant que ce type d'attitude ne représentait en rien ce à quoi ils voulaient être identifiés. En bref ils ont trouvé que c'était si inacceptable d'être associés à une telle médiocrité humaine, qu'ils ont mis non seulement la police à ses trousses, mais le FBI aussi. 

Elle a tout perdu. Bien mérité. 

Parfois, de la manière dont se comportent les belligérants de l'administration Trump, l'animal en tête, promettant toujours l'agression des tarifs qu'ils ne comprend aucunement (CE SONT TES CITOYENS QUI LES PAIERONT!) et leur entrée en vigueur dès samedi, je me dis qu'à force de "fucker around" comme ça...

...on verra bien ce qui leur arrivera.

J'aime beaucoup la communauté internationale qui se braque bravement contre l'idiot du village plus bas.   


 

mercredi 29 janvier 2025

Nuit Des Longs Couteaux (Version USA)

Entre le 30 juin et le 2 juillet 1934, donc bien avant la Seconde Grande Guerre, le chancelier Allemand Adolf Hitler, sentant une loyauté timorée de sa garde rapprochée a sommé Hermann Göring et Heinrich Himmler de supprimer les "résistants". Les Nazis sont alors au pouvoir depuis moins d'un an, en Allemagne, ils opèrent alors en marge des lois civiles. 

La Gestapo de Reinharder Heydrich a alors exécuté froidement entre 85 (le chiffre officiel) et 1000 (car les disparitions inexpliquées subséquentes se sont multipliées) officiels et représentants du parti Nazi Allemand.

Parmi les assassinés il y a eu le leader du mouvement strasssériste dans la parti Nazi, Gregor Strasser, le dirigeant du mouvement paramilitaire Ernst Rhöm, l'ancien chancelier Kurt von Schleiser, le politicien Bavarois Gustav Ritter von Kahr. Ces deux derniers avaient, eux mêmes aidé Hitler à faire le putsch de la brasserie de 1923. Tous se pensaient alliés du dictateur en puissance et ont été surpris par la sournoise purge. Le but était de répandre la crainte aux autres membres du parti, forcer l'extrême loyauté, régler ses comptes avec quelques opposants critiques et idéologiques, mais surtout rafermir son pouvoir en en redistribuant la richesse.

On connait l'atroce suite.

Presque 30 ans plus tard, en Angleterre, le gouvernement du Premier Ministre conservateur Harold MacMillan est en perte de popularité. Alors qu'il se s'entend plus avec son ministre de l'économie, et suggère un remaniement ministériel, ce ministre de l'économie fuite aux gens qu'il pense changer, la rumeur de remaniement, et ça se rend aux journaux. Ça choque tant MacMilllan, qu'il y va de plein fouet et dans la nuit du 12 au 13 juillet 1962, il limoge le tier de son cabinet, 7 ministres, pour les remplacer par des plus jeunes. Pensant faire tourner le vent. 

Ça ne fera que précipiter sa chute. Sa popularité dégringole et suite à une série de scandales, sa popularité est si inexistante qu'il quitte ses fonctions "pour des raisons de santé" à l'automne 1963. Aux élections générales de 1964, son parti sera défait. Ce sera connu comme la nuit des longs couteaux britannique.

Quelques 20 ans plus tard, en 1981, à Ottawa, Pierre-Eliott Trudeau, père ordurier de l'actuel Premier Ministre démissionnaire Canadien, poignarde dans le dos le Québec. On connait la suite, par ici. Nous ne sommes plus dans la constitution Canadienne depuis. Après cette nuit des longs couteaux canadienne.

 11 ans plus tard, l'IRA, en Irlande, fait aussi sa propre purge interne. Des tensions à la direction des activités du mouvement de l'Armée Républicaine Irlandaise provoquent, dans la nuit de l'Halloween du 31 octobre au 1er novembre, une brutale et violente intervention qui supprimera la vie de Sammy Ward, 30 ans, leader de l'IPLO, une organisation révolutionnaire parallèle formée par des anciens membres de l'IRA qui en furent expulsés pour diverses raisons. Ainsi que la mort de dizaines d'autres. Ce sera un message afin de dompter la dissidence. Et la nuit des longs couteaux irlandaise.

Les États-Unis se sont réveillés la semaine dernière en constatant que 1/3 de leur peuple était probablement d'accord avec l'idée de s'entretuer de l'intérieur, et que 1/3 des leurs étaient aussi d'accord pour les regarder faire. Le dernier tier étant le croisement du simple d'esprit réactionnaire et le riche multimillionnaire se considérant au dessus des lois.

 Dans la nuit de vendredi à samedi, l'autocrate Trump a limogé les 15 agents de vérifications, les inspecteurs indépendants en place, par simple partisanerie, donc des gens qui surveillent les tricheurs au gouvernement et les dénoncent, pour éventuellement les remplacer par des tricheurs internes. 

Qui le laisseront tricher à perpétuité. 

C'était la nuit des longs couteaux États-Uniens. 

Pendant de ce temps, "celui qui n'aurait pas fait le salut Nazi parce qu'Asperger", a reconfirmé son indéfectible appui au parti d'extrême-droite Allemand, Afd, un parti ouvertement raciste, en apparaissant en direct sur vidéo lors d'un de leur rassemblement.

Willkommen, Bienvenue, Weeeeellcome

On ne connait malheureusement pas encore l'atroce suite. Mais on sait qu'elle sera atroce.