samedi 4 septembre 2010
Prisons
Back to Jail!
C'étais la rentrée scolaire lundi pour les mousses.
Punkee entre en deuxième année et cette année elle sera dans la même classe qu'une autre Punkee. Elle n'entendra jamais aussi souvent son nom de famille.
Monkee est pour sa part finissant. Je trouvais que mon fils avait beaucoup grandi cet été mais en voyant ses amis j'ai constaté que eux aussi avaient vachement grandi et que mon fils était encore le plus petit de son groupe chez les garçons.
C'est toujours agréable les rentrées scolaires. Ça fourmille, c'est comme une marmite qui mijote sur le feu. C'est plein d'anticipation, de potentiel et de promesses. Les kids sont tout content de retrouver leurs amis et une belle énergie rêgne sur les cours de récré.
C'est jamais jamais jamais JAMAIS pensé en fonction des parents sinon on aurait pas une première journée de 7h40 à 10h27 AM mais bon faut pas trop leur en demander à nos profs de nos jours...
La directrice a dit dans un micro à l'intention des parents et en présentant notre prof d'anglais: "Or anglish titcheur is back dis ir: Rachelle!". Quelques parents, dont on devine que la première langue est l'anglais, ont eût une très audible exclamation de ravissement quand la directrice a cassé son anglais. Inspirée par des clameurs qui ne lui reviennent pas souvent elle a voulu en rajouter en anglais et s'attirer encore un enthousiasme favorable et elle a répété avec l'imagination d'une orange séchée au soleil:
"Yes! Anglish Titcheur back dis ir...Rachelle!....j'ai... j'ai pratiqué ma 'tite phrase en anglais..."
Cette fois il y a eu d'autres sourires, mais plus cyniques.
C'est là que j'ai remarqué que les turbans étaient nombreux cette année. Peut-être l'avaient-t-ils toujours été mais ce matin-là je les remarquais plus. Peut-être à cause de Sakineh Mohammadi Ashtiani. J'en ai compté 9 dans la cour des petits. Pas vu chez les grands mais du côté de la cour à ma fille il y avait 9 foulards sur les têtes.
Avec mes bermudas, mon t-shirt et mon teint bronzé de récent vacancier j'avais l'air jeune comme parent dans la foule bigarée. Une de ses femmes au foulard m'a regardé plusieurs fois. Elle avait de superbes yeux verts. Elle semblait seule. En fait elle accompagnait son fils qui déjà, en maternelle, en tant que mâle, semblait avoir tous les droits en se comportant comme un enfant-roi. À la quatrième fois où j'ai surpris son fluvial regard croiser le sombre mien je me suis senti obligé, par bonnes manières, de lui sourire. Elle m'a répondu de la même manière sans mots dire.
Là, j'ai pensé encore plus fort à Sakineh Mohammadi Ashtiani, condamnée à mort pour "adultère" en Iran. Son crime est d'avoir eu une relation avec deux hommes...alors qu'elle était veuve...
Environ 300 personnes se sont rassemblées samedi sur le parvis des droits de l'Homme, à Paris, pour soutenir Sakineh Mohammadi Ashtiani. Plusieurs personnalités, comme Marek Halter, Isabelle Adjani, Carla Bruni, Jane Birkin ou la comédienne Yamina Benguigui, ont participé à ce rassemblement organisé à la mi-journée par l'association Ni Putes Ni Soumises, la Ligue du Droit International des Femmes, et le Mouvement pour la Paix et Contre le Terrorisme.
Des manifestations similaires ont été organisées dans 100 villes à travers le monde. A l'issue du rassemblement, les présidentes des trois associations organisatrices se sont dirigées, sous escorte policière, vers l'ambassade d'Iran, où elles ont pu déposer dans la boîte aux lettres un courrier demandant à Téhéran de surseoir à l'exécution de Sakineh.
En souriant à cette dame dans ma cour d'école d'Amérique, là où les femmes ne sont pas traitée comme des chiens, j'aurais probablement commis un crime si son mari avait été à ses côtés.
ELLE en tout cas, en me souriant en retour, si nous avions été dans son pays d'origine, venait peut-être de signer son arrêt de mort.
Je pensais à tout ça quand ma fille m'est apparu dans les jambes.
"Papa! Je suis dans la même classe que Samsarah!" m'a dit Punkee toute excitée.
Je me suis rappellé que Samsarah n'avait pas pu venir à l'anniversaire de Punkee en juin car il y avait deux garçons invités et que nous allions nous baigner.
"Cool!" j'ai dit à Punkee.
"Profites-en" ai-je aussi pensé.
Car je ne sais pas à quel âge on rentre dans sa geôle mentale chez ses gens-là.
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