Un band qui m'a happé avec son magnétisme et son écho émotif est le band de Reading en Angleterre, Slowdive, fondé par Neil Halstead et Rachel Goswell en 1989, qui se connaissent depuis qu'ils ont 6 ans. Tourbillon de cordes de guitares, voix comme issues d'un rêve, production atmosphérique, définir le band simplement en genre ne lui rendrait pas justice, ce serait passer à côté de l'effet poétique que leur musique fait naître.
Jusqu'il y a trois semaines, je n'avais jamais entendu parlé de Slowdive. C'est aussi une chanson de Siouxie. (Le nom du groupe en est même tiré). Slowdive ne quitte plus mes oreilles. Expérience immersive sonore qui transcende le langage et stimule l'imagination, fait vibrer l'émotion et le sens profond de la beauté intrinsèque.Slowdive livre sa musique comme on le ferait avec la poésie. Non pas par l'imagerie lyrique ou narrative, mais par la suggestion imagière. Là où les mots prennent la forme du sens, Slowdive s'appuie sur les textures, les tons et l'espace. Leurs guitares sont des brosses de peintres. Peignant des canevas musicaux. Des couches de réverbérations créant des vagues qui vous absorbent dans un courant magique.
Les voix de Neil & Rachel fondent l'une dans l'autre non pas parce qu'elles ne sont pas importantes, mais parce qu'elles fonctionnent ensemble comme deux instruments fusionnés. Cette approche reflète la tradition poétique de l'impressionnisme. Comme Rimbaud ou Stevens, Slowdive déploie son expérience sonore en priorisant l'atmosphère et non la forme. L'auditeur n'est pas dirigé sur ce qu'il devrait ressentir mais est enveloppé dans une aura sonore qui permet à ses émotions et sa mémoire de remplir les espaces imaginaires mentaux.
Bien que les paroles soient souvent obscures dans le mix final, quand on y porte attention, on entend la fragilité humaine. Ils ont même enregistrés leur séparation amoureuse. Les métaphores apparaissent sous formes de sons qui font naitre des paysages sonores ambient. On se sent voler en douce plongée. Ecstasy auditive. La réverbération des guitares rappellent les Cocteau Twins ou My Bloody Valentine, mais aussi font écho au désordre humain du quotidien. Cette envie de beauté perdue, toute juste hors de portée.
Après un hiatus de 22 ans, Slowdive a lancé son 4e album, en 2017. Lancera son 5e en 2023. Maturité émotive et réflexions existentielles. Utilisation du silence comme une résonance approfondissant l'espace temps. Ce n'est pas toujours ce qu'on entend mais aussi ce qu'on entend pas, qui est retenu. La dynamique de l'immobilité contemplative comme on l'a souvent accolée au shoegaze. Une intimité méditative aérienne. Un état de fresque émotive tout en cordes et synthés. Une neige qui tombe doucement dans le fenêtre. Des feuilles oranges qui partent au vent à l'automne. Une odeur de chaleur du mois d'août. Un brouillard de matin printanier. Leur musique ne demande aucunement d'être interprétée, mais d'être seulement sentie.Et ça marche beaucoup avec moi.Leur palette atmosphérique et émotive rejoint la mienne. Leur esthétique musicale est représentative de l'ère digitale musicale. Écouter Slowdive c'est entrer dans un poème qui n'a pas de fin ni de début. Mais qui est un flux continu d'eau courante qui vous garde mouillé longtemps. Du Mudhoney croisé avec du Beach House et du The Cure.
J'avais besoin de Slowdive sans le savoir. De cette météo émotive. Cette pluie ou ce soleil, cette brume ou cette bruine qui épouserait mes sens. Pas seulement l'expression mais la sensation.
Étendue sur la plage des sens et des sons.
Un son qui est un peu un extrait de film de David Lynch. Qui pourrait en être musique de générique.Mais, comme chez Lynch, dans un rêve qui ne finirait pas. Je vous ai placé en hyperlien toute ma liste de lecture du groupe. Dont je ne me lasse pas. Car elle me transporte toujours dans un meilleur ailleurs.
Douce plongée éthérée.Rose & Neil sont devenus Mojave 3 quand ils ont viré folk & country.
Ils se fréquentent depuis 50 ans, cette année.
L'amoureuse et moi sommes dans notre 33e année de fréquentation. Amoureuse, celle-là. On a créé à notre manière aussi. Deux merveilles masculine et féminine. Qui font aussi un bien immense. On devrait se rendre à 50 aussi. Un jour. Si la santé tient le coup. Quand elle aura 72 ans et moi 70. Elle, ayant alors la terminaison de l'année de ma naissance, et moi la sienne. Renaissance?
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