Kermit ne quittera pas.
Il improvisera. Rejouera les dés.
Il a le décret du Shah, mais pas l'armée. Il fait photocopier le décret et le envoie partout dans les journaux. Afin de prouver que ce n'est PAS un coup. Et on continue à mouler les foules dans les rues à l'hostilité. Les frères Rashadians sont les fournisseurs de fomentateurs de chaos que paiera la CIA. On est mardi, et Kermit reste épargné. Outre le Shah, tout le monde le pense James Lockridge. On ne pense pas que les États-Unis sont derrière tout ça, seulement les Britanniques. Alors Mossadegh se rend auprès de l'ambassade des États-Unis afin de demander de l'aide. Dans la gueule du loup."Oh ces terribles Britanniques!" est le discours à l'ambassade. Pendant qu'au même moment, Kermit, en Angleterre, charme Churchill, en lui disant "En une autre époque, dans une meilleure forme physique, j'aurais été immensément fier de servir sous vos ordres". Ce qu'il faisait en quelque sorte, mais en arrivant avec un constat d'échec. Churchill cimentera l'idée de faire tomber des gens de la rue.
L'ambassadeur des É-U a le front de dire à Mossadegh de remettre de l'ordre dans ses rues, car les É-U pourraient choisir de "ne plus les aider" si leur sécurité était en danger à Téhéran. Rues hostiles PARCE QUE les États-Unis s'assurent qu'elles le restent.
Kermit feint la haine envers les Britanniques à Téhéran, étant arabiste lui-même et anti colonialiste depuis toujours, ça concorde. et pourtant, adoptant le comportement tout à fait colonial. Il a eu besoin de l'aide des Britanniques.
Le Shah, en Italie, fait son check-in à l'hôtel Ex Elsior, à Rome. Celui qui fait la même chose, au même moment, au même endroit, et ce n'est pas un hasard, Allen Dulles, patron de la CIA. Prétendument en vacances valide son arrivée. en faisant son check in tout juste avant lui. Nous sommes le mercredi matin, 19 août 1953. Les bonnes nouvelles attendues, sont désormais absentes. Les frères Rashidians, riches gens d'affaires, anciens membres de l'espionnage eux-mêmes, engagent des athlètes, des fiers à bras, des haltérophiles, des acrobates, des brutes, tous payés par la CIA, pour agiter les rues. Qui ont des allures de cirque ou de carnaval. Heureuse association, les groupes religieux choisissent de sortir aussi afin de se montrer anti Mossadegh. Élu démocratiquement, il y a aussi des gens pro-Mossadegh. Washington ne cesse de dire à Roosevelt de sortir de là, mais les messages ne se rendent pas.
Un de ces messages se rend et Kermit leur répond que "Tout ira bien...love & kisses".
Roosevelt se rend chez celui qui devait être le nouveau leader, le général Fazlollah Zahedi, qui ne l'attendait pas, caché dans un sous-sol, craignant que tout soit dévoilé et qu'on se retourne contre lui, cachant ses grades, en petites culottes et pyjama. Kermit le force à venir parler à la radio dont ils ont pris le contrôle. Il suggère de précéder une allocution de sa part par un chant militaire ou patriotique. On prend l'atroce décision de faire jouer l'hymne national des États-Unis. Exposant une présence qu'on ne devinait pas partout. Zahedi annonce vers 17h30 à la radio qu'il est le nouveau leader. Ce que Mossadegh entend, en pyjama lui aussi, au dernier étage du parlement, où en bas, ça se tue en pleine guerre civile. Pendant que Zahedi fait son allocution, une fenêtre explose derrière lui. Il prend peur et se sauve par le toit, fuyant de toit en toit. Tombant même sur un toit où d'autres s'étaient réfugiés buvant leur thé, et regardent le spectacle...de la maison de Zahedi, se faisant démolir.En Italie, on annonce au Shah qu'un coup a été opéré avec succès, en Iran. Le Shah joue la comédie et répond; "je le savais, ils m'adorent, me veulent comme leur chef!".
La campagne de propagande du MI6 avec les frères Rashadians est un grand succès là où le décret de Kermit était un échec. Entre 200 et 300 personnes trouvent la mort. Mossadegh est arrêté, accusé de trahison (inventée, difficile d'être plus en faveur de l'Iran que de les souhaiter indépendant des nations étrangères), condamné à 3 ans de prison et au reste de sa vie à être surveillé par des gardes du Shah. Des supporteurs de Mossadegh ont été emprisonnés ou envoyé à la peine de mort. Le coup a renforcé l'autorité du Shah qui a aussitôt nommé Zaheri comme nouveau Premier Ministre. À la botte des États-Unis.
Ce coup a encore un poids très lourd sur la conscience de la population d'Iran de 2025. On parle de Big Satan quand on parle des États-Unis, et de Little Satan, quand on parle du Royaume-Uni.Qui a pris le crédit de tout ça vous pensez ?
Les États-Unis.
La CIA comprenait alors qu'ils pouvaient altérer le géopolitique mondiale de l'intérieur. Et ne cesserait jamais de le faire. Pas toujours avec succès.De nos jours, on va enquêter sur les juges qui font valoir le droit civil. On va enquêter sur les gens qui s'inscrivent contre les idées et les valeurs de l'administration en place. On va enquêter sur Bruce Springsteen, Taylor Swift, Beyoncé, Bono et Oprah Winfrey.
En 1953, les États-Unis comprenaient qu'ils pouvaient s'imposer partout dans le monde.De nos jours, les mêmes États-Unis apprennent que l'ennemi est de l'intérieur.
Et qu'il gouverne. En implosant.
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