mercredi 3 mai 2023

Tapis & Coquerelles

Nous avons déménagé (moi, dans la douleur) il y presque 4 ans. Nous sommes désormais à 8 minutes d'un entrepôt Costco.

L'amoureuse dans la candeur, au moment de déménager: "Oooooh tellement cool ! on pourra y aller plus souvent et faire des économies!"

So many wrongs dans cette phrase. "On pourra y aller plus souvent" se classe bien dans la catégorie "contraire de faire une économie". Costco n'est jamais cool non plus. Là où j'habite, c'est irrespirable. Même sans panier, on reste coincé dans les sorties. Donc oui, je finis par y aller plus très très souvent, mais dans le but d'avoir le plus souvent possible, pas de panier. Qui reste quand même plus facile à circuler.  Finalement, payer une carte afin de payer ses achats reste une anomalie mentale grave depuis toujours. Ce n'est pas vrai que c'est toujours une bonne affaire d'acheter là-bas, et tout aussi faux de penser qu'on sauve de l'argent en s'y rendant. Bien au contraire. Combien sommes nous à s'y rendre pour acheter un seul article et en revenons avec une douzaine et une facture de plus de 100$ ?

Oui, on y va désormais plus souvent et "on" c'est presque toujours moi. J'ai donc pu apprendre à en connaître la clientèle. Là où note Costco se trouve, la clientèle y est digne de l'ONU. On y entends franchement toute les langues et on y trouvr absolument toutes les nationalités. Ça ne me déraneg aucunement, je trouve ça au sens propre comme figuré, coloré. Et toujours enrichissant à bien des niveaux. Socialement, j'y observe des comportements amusants. Pour beaucoup beaucoup BEAUCOUP de clients d'origine étrangère mais d'origine Québécoise aussi, "faire son Costco", c'est avoir réussi. 

Dans le film d'Oliver Stone Heaven & Earth de 1993, il y a cette scène mettant en vedette Joan Chen, celle-ci, incarnant une Vietnamienne tombée amoureuse d'un soldat ÉtatsUnien et amenée en Amérique passé le conflit É-U/Vietnam, pour y découvrir un tout autre univers, où elle se rend à l'épicerie pour la première fois. La scène est tournée au ralenti car le personnage est complètement grisée et prise de vertige devant l'abondance de choix de produits offerts dans les allées. Elle en est étourdie et on sent que de là où elle était, plus jeune, c'est du jamais vu et du paradisiaque. On peut voir de ça dans mon Costco. Dans le Costco de Ste-Foy, on y voit du baby boomer à la tonne, à celui de mon 450, de l'origine étrangère qui vient saisir son "rêve amércain" en flambant du dollar.  

On sent que ces gens, légitimement, sont souvent ravis d'une certaine réussite sociale. 

Prompte d'Amérique
Là où je trouve que c'est 100% le contraire, parce que beaucoup plus vide, sont "les tapis rouges". Peu de choses ne me dégoûtes davantage que des tapis rouges. Cette parade d'artificiel s'est empirée avec le temps puisque dorénavant on a de nouvelles face sur les anciennes faces de manière exponentielle et c'est plus souvent qu'autrement asses déplorable. On nomme le/la créateur/créatrice de mode, ce qui est bien car au moins, un(e) auteur(e) est présenté(e) mais c'est du matériel de magazine. Vous voulez savoir ? achetez le magazine. Il y a d'ailleurs des zillions de paparazzzi, ces assassins de l'âme (ce qu'avait compris Réjean Ducharme avant tout le monde) qui prendront des photos pour lesquel(le)s vous prendrez la plastique pose. On nage dans la narcissisme obtu. 

Croisière d'Amérique
J'ai travailllé dans le milieu du cinéma et j'ai eu quelques tapis rouges à fouler, mais chaque fois le confort était absent. Fallait sourire par politesse, mais fallait faire vite. Vous êtes mouches autour de fumier, ne l'oubliez pas. Ces gens sur le tapis sont vos égaux, malgré les légendes sous vos photos.

Légende: Représentation traditionnelle de faits ou de personnages réels, déformée ou amplifiée.

Il n'y a pas beaucoup de réel dans ce folklorique zoo humain

On est dans le très déformé et le démesurément amplifié. Ces gens qui posent sont aussi dans un vertige duquel il/elles la désorientation mentale les guette, mais la désorientation des valeurs sévit fièrement. 

La vanité, le narcissisme, ce sont toujours de défauts. 

Rien n'est plus faux qu'un tapis rouge. L'animalité de l'Homme peut-être intéressante à étudier, mais je trouves qu'en terme de tapis rouge, on se rapproche davantage d'infects insectes.

C'est personnel. Certains adorent les insectes comme mon brave ami Gaet. Qui m'en avait fait manger au miel et au beurre. On avait aimé ma fille et moi. 

 Mais moi, les tapis rouge me frisent le ridicule en l'Homme.

Ma comparaison insectivore n'est pas gratuite.

Cette semaine, dans le cadre du gala du Met, on a voulu faire original, on a déroulé et foulé, un tapis blanc. Une coquerelle désorientée y a paradé par erreur. Parce que la vanité est rare chez les insectes, ca ne pouvait pas être volontaire. On s'est amusé à la photographier comme si c'était un vedette de la soirée puisqu'elle foulait leurs pas. 

On s'est amusé à lui parler, la photographier,commenter sa tenue, lui demander le meilleur angle, lui demander un autographe, un autoportrait, ses prochains projets, la rumeur est-elle vraie que...?

J'espère qu'après le rire, on a un peu pesé le ridicule de ses propres rôles dans ce type de moments. 

Grotesques et absurdes.

On l'a platement écrasée du pieds en fin de rire gras. Comme on devrait écraser nos vanités.

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