jeudi 21 avril 2022

Patriote

À partir de quand ce mot est-il devenu si péjoratif ? La pandémie ?

Certains Républicains aux États-Unis ? 

Quand Barack Obama a été élu Premier Président Noir de l'histoire des États-Unis, le mot patriote a commencé à être très largement utilisé, tout comme l'expression "vrai Étatsuniens" et les accusations de faux baptistères de Mr. Obama, par les Républicains. De Sarah Palin à Joe Rogan en passant par Donald Trump, on exposait une possibilité qu'il y ait beaucoup de "faux Étatsuniens", que le noir au pouvoir n'était pas de ceux là, et on s'auto-proclamait superpatriote. 


Le clivage, avec l'horrible 5 ans de Donald J. Trump (et ce qui suit encore) est sooooooooo wrong que lorsqu'un stratagème de tricherie d'impôts, aux États-Unis toujours, a été mis-à-jour, on a d'abord enquêter sur ceux et celles qui avaient les mots Tea Party ou Patriot dans leurs échanges épistolaires cybernétiques le plus souvent. Et on a attrapé des milliers de tricheurs. 

La xénophobie est très souvent en fond de ton dans ce qu'on appelle "le patriotisme". Ici, au Québec, autant qu'ailleurs dans le monde. Encore hier, Marine Le Pen, dont le jupon peine à ne pas pointer sa blancheur,  disait hier, dans le dernier débat avant le dernier tour de scrutin des élections présidentielles en France, qu'elle était fière patriote et ça me semblait tout à fait approprié pour sa sale bouche. Dans le programme national de son parti, de père en fille, il y a une préférence nationale. Un plan de fracture sociétaire basé sur qui est Français et qui ne l'est pas. C'est abominable avec forte insistance sur les trois dernières syllabes. 


Sa suspicion généralisée envers les musulmans est la même que celle de l'infâme Zemmour, heureusement évincé rapidement dès le premier tour avec un très satisfaisant 7%. Elle est aussi indomptable envers la communauté juive, pour faire part égale, dans le conflit zioniste je suppose. 

Un "patriote" de chez nous, comédien de son état, mais aussi député de la Rive-Sud de Montréal, se plaignait cette semaine que Carey Price, malgré plus de 15 ans au sein des Canadiens de Montréal, n'arrive toujours pas à parler le moindre mot français, en conférence de presse. 

Faut être linotte en tabarnak pour dire des choses du genre. On s'en contrecrisse qu'il ne parle aucunement français. Et de s'en plaindre n'est-il pas un aveu d'incompréhension de la langue de Shakespeare ? ON S'EN CALISSE!!! Il faudrait davantage s'inquiéter du fait que ce gardien n'ai pas encore appris à marquer des buts. Voilà deux matchs qu'il est revenu et en 6 périodes, son club n'a pas marqué une seule fois. Malgré plus de 60 tirs contre l'adversaire. Et entre vous et moi, Price est d'origine autochtone. Il est d'origine Nuxalk. Parles-t-on la langue salish de la côte qui est la leur ?

Le patriotisme ne devrait jamais être une porte ouverte à la xénophobie. Et pourtant...


Chaque fois que j'ai récemment entendu le mot patriote, depuis facilement 10 ans, c'est placé par quelqu'un qui place son patriotisme CONTRE quelqu'un d'autre, souvent racisé, et dans le but de diviser davantage que d'unir. 

Que ce soit les rhétoriques douteuses des Glenn Beck, Ann Coulter ou Alex Jones, aux États-Unis, ou encore l'immaturité des anti-mesures sanitaires qui se cherchent une identité héroïque, le type de patriotisme exposé est de nature assez dangereuse. Je me considère fier de ce que nous sommes, Québécois. Et c'est probablement (assurément) pour cette raison que je ne mets aucun argent dans la poche des franchisés de la chaine de restauration rapide Tim Horton. Premièrement, leurs annonces télé sont ABOMINABLES depuis que je suis tout petit enfant. Et comme les annonces emploient des acteurs Québécois, ça devenait encore plus choquant de voir des artistes de chez nous, être aussi mauvais dans ces maudites pubs. Quand Patrick Labbé et Elyse Marquis jouaient le petit couple qui allait se chercher des "mu-ffons" je vous jure, je cherchais un marteau pour tuer des bébés phoques. 


Bon...

Ce n'est pas un argument me direz-vous et vous aurez raison. Mais je ne bois pas de café, non plus. Je suis physiquement intolérant à la chose. Je vomis la chose partout où je le goûtes. On a jamais su c'était quoi parce que je supportes très bien la Coffee Crisp et le café irlandais très très très alcoolisé. Et je ne mange pas beaucoup de beignes. Ma docteure me dit de ne pas y plonger non plus. Je ne suis donc aucunement un client pour leurs spécialités. Mais depuis plusieurs années, au Canada anglais, on se fait une immense fierté des Tim's dont on ne prononce même plus le nom de famille. Cette fierté, qui n'est pas tout mienne, finit par m'agacer. 

Très peu pour moi. Quand on part pour le 418, où on y trouve nos deux familles, la belle et moi, on part à 4, avec les enfants, en voiture et on s'arrête pour un déjeuner au service à l'auto. Les 3 autres. Pas moi. Ils n'ont pas besoin de mon argent. Et je mange mieux, chez moi, avant. Donc, oui, le patriotisme s'inscrit très souvent contre quelque chose. Mais je n'en fait pas un discours national. Je vous en jase dans l'intimité du blogue. Et je suis un fier anglophone aussi. Et de mon père (la branche irlandaise) et de ma mère (la branche Atikamekw). Je passe d'une langue à l'autre sans réfléchir et sans problème. Je défends les deux langues et suis probablement un ennemi de certains auto-qualifiés patriotes simplement parce que je ne trouve pas la langue française en danger. 


Il y a ce petit côté sectaire chez les Québécois qui s'affichent patriotes, souvent trempés dans la sauce complotistes et anti-mesures sanitaires. On peut dire la même chose d'une faction bruyante du parti Républicain des États-Unis. Bruyante et gênante. 

Ça reste étrange de penser que l'émotion même qui devrait nous rendre fier de ce que nous sommes soit aussi si près de la honte absolue.


De nos jours, je ne dirais jamais publiquement que je suis patriote. Je serais trop certain qu'on y trouverait un côté péjoratif malsain.

J'ai tout de suite trouvé naturel que Marine Le Pen, inégale au niveau de la race, se déclare patriote. 

Péjorativement, c'est juste par rapport à ce qu'elle est. 

Justement injuste.

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