samedi 11 janvier 2020

Neil Ellwood Peart (1952-2020)

Ironiquement, et sans raisons apparentes sinon celle que j'étais longtemps passé à côté de ce grand band canadien, l'artiste que j'ai le plus écouté en décembre dernier a justement été Rush.

Je me suis fait une liste de lecture de 30 morceaux choisis d'albums enregistrés entre 1975 et 1991. Omettant volontairement le premier album qui ne m'a séduit en rien. Et dont Peart ne faisait pas partie, ce qui reste encore drôle comme hasard.

2 de Fly By Night, 1 de Caress of Steel, 3 de 2112, 3 de Farewell to Kings, 3 de Hemisphères, 2 de Permanent Waves, 4 de Moving Pictures, 2 de Signals, 2 de Grace Under Pressure, 4 de Power Windows, 3 de Hold Your Fire et 1 de Roll The Bones.

J'ai aussi omis ce qui a suivi 1991, leur son ne m'intéressant plus.

Neil a grandi à Port Dahlousie, en Ontario, une région de nos jours annexée à St-Catharines. Enfant, il prend des cours de piano mais frappe avec des bâtons à popsicle sur à peu près tout. Ou prend les baguettes à tricoter de sa mère et s'amuse encore plus à jouer de la batterie sur n'importe quoi. À 14 ans, la famille lui achète donc un kit de batterie qui sera sa drogue toute sa vie.

Lorsqu'il a 20 ans, les batteurs de l'heure sont Keith Moon de The Who et John Bonham de Led Zeppelin. Il copie leur son et apprend tout d'eux deux. Avec le temps, il tombera sous le charme des très maîtrisées techniques des jazzmen Gene Krupa et Buddy Rich et se fera un grand ami de Freddie Gruber. Il sera fort impressionné des écrits objectivistes d'Ayn Rand, et quand il joint les rangs de Rush, Geddy Lee et Alex Lifeson ne sont pas vraiment intéressés par les paroles, il héritera donc des textes pour pratiquement toutes les chansons du band. L'influence de Ayn Rand, dans ses écrits est claire sur Anthem ou sur la chanson tître de 2112.

Lors de son audition pour remplacer le premier batteur, Peart s'était présenté en shorts, sortant d'une vieille Ford Pinto usagée, avec son kit de batterie rangée dans des poubelles. Geddy Lee et lui ont vite eu des atomes crochus alors qu'ils avaient les mêmes influences musicales et les même intérêts de lecture. Alex Lifeson moins. Le trouvant un peu fou dans sa manière de jouer, voire maniaque. Mais Keith Moon était plus animal encore. Et The Who marchait fort bien. Alors le trio se formait pour de bon autour de 1974.

Jusqu'en 1977, Peart considère son expérience avec Rush comme un long tunnel noir. Entre 1974 et 1978. Il ne cessera jamais de réinventer son style de jeu qui sera admiré partout dans le monde. Ses écrits seront sujets d'admirations, mais de moqueries aussi. Ayant comme thèmes la science-fiction, les éléments de fantaisie, la philosophie, la laïcité, les thèmes humanitaires et libertariens.
On trouve parfois certains passages prétentieux ou simplement nigauds. Il jouait en inversant le sens des baguettes en cours de jeu pour créer de nouveaux sons. Il a découvert cette technique lorsque, trop pauvre pour s'en racheter, il cassait une des ses baguettes et la tournait simplement de sens, développant une nouvelle sonorité dans ses coups.

Il était sans contredit l'un des batteurs les plus admirés pour son art de jouer et de réinventer son instrument. 

À partir des années 90, je disais, le band ne m'intéressait plus, Neil aurait aussi voulu les redessiner autrement. En 1997, sa fille de 19 ans meurt dans un accident de voiture. 10 mois plus tard, sa femme se laisse mourir de tristesse, atteinte d'un cancer.

Le band se retire en 2015. Principalement parce que Peart est lui-même atteint d'un cancer du cerveau. Auquel il succombe hier, à l'âge de 67 ans.

Il n'avait pas qu'écrit des textes de chansons, il a aussi écrit 7 livres de récits de voyage et d'histoires personnelles.

C'est un immense musicien pour qui la batterie n'avait plus aucun secret qui s'est éteint hier.
Un homme inspirant pour bien des gens, partout dans le monde.

Farewell to a true king.

Aucun commentaire: