samedi 24 juin 2023

Redonner de l'Amour

 "L'Amour Donne et ne demande rien"


C'est ce qui était inscrit sur un faux papier roulé ancien taillé dans le bois et teint en brun avec inscriptions dorées, accroché près de l'évier dans la cuisine au 902 Chemin St-Louis de mes 2 ans à mes 19. On ne pouvait le manquer dans ma cuisine de 1974 à 1991. 


J'avais le bonheur de travailler de chez moi ce dernier lundi. C'est con ce qu'on est plus efficace à la maison, sans dérangement aucun et surtout, sans stress. J'avais la télé en angle, sans le son, que l'amoureuse avait placée sur LCN. C'est drôle à quel point si elle est là, on est par réflexe sur TVA, et dès qu'elle quitte les lieux, ou ne portes plus attention, je change pour Radio-Canada ou RDI. 

J'y voyais un homme parler au micro de cette démonstration, en guise de manifestation, de travailleurs de la santé, des gens qui tiennent à bout de bras (c'est le cas de le dire) des "piqueries contrôlées". C'est-à-dire qu'afin d'assurer la sécurité des héroïnomanes, on fournit un accès facile à des aiguilles propres et dans le processus, les encadre afin d'essayer de les faire quitter leur dépendance. Dur. Délicat aussi. Les conditions de travail, selon ce que je comprends, ne sont pas respectables de leur point de vue. Pour s'en plaindre, devant des portes probablement symboliques de bureaux de décideurs, les travailleurs et travailleuses se sont tous couchés au sol, comme si ils/étaient tous morts. Je voyais le gars au micro, calmement expliquer à la journaliste ce qui se passait et leurs demandes, et trouvait (sans son) que ça ressemblait à un artiste décrivant son oeuvre. 

J'étais attentif car mon fils est un travailleur de la santé. Il est paramédic. Et eux aussi sont revendicateurs de meilleures conditions de travail. J'ai cru une fraction de seconde que c'était eux qui manifestaient ainsi.  

C'est dommage de voir ce gouvernement prendre ces travailleurs essentiels pour acquis. Il est tout à fait comprenable que les premiers intervenants comme les parmédic ne tomberont jamais en grève car moralement ils s'exposeraient à des irresponsabilités graves pouvant causer la mort. Alors le gouvernement d'hommes d'affaires se garde bien de faire avance quoi que ce soit dans leur dossier, ils créent les conditions pour qu'ils soient exploités les gardent en otage pour y penser le plus tard possible dans ses priorités. 

La télévision toujours dans l'oeil gauche j'ai entrevu le chant du cygne de la politicienne Manon Massé, quittant son rôle de co-porte parole de Québec Solidaire. Un parti qui ne se dit pas communiste mais en qui en adopte étrangement le modèle en ne se choisissant aucun chef. Toujours 2 portes paroles. Toujours un homme et une femme. Entre août et novembre prochain, on votera pour réélire Gabriel Nadeau-Dubois comme co-porte-parole masculin et on votera pour remplacer Manon. Ruby Ghazal, députée de Mercier et Émilie Lessard-Therrien, députée de Rouyn-Noranda-Témiscamingue sont sur les rangs pour y succéder.

Je n'ai pas toujours été fervent des idées de Manon Massé, mais il faut accorder qu'elle donnait une couleur amusante au paysage politique. Plus personne ne voit les pogos de la même manière au Québec. 

Sa couleur nous manquera quand même dans le monde beige des hommes d'affaires.

Il n'y avait pas de son sur ma télévision mais un sous-titre. Une phrase qu'elle a dite afin de traduire ce qu'elle avait maintenant envie de faire.

"J'ai envie de redonner de l'amour"

C'est drôle comme cette phrase m'est restée longtemps en tête. Surtout la question, pourquoi d'emblée, n'étais-ce pas naturel, principalement en politique, ou le peuple devrait être pensé en premier, "donner de l'amour" n'était pas un réflexe naturel et sincère ?

Bon, je sais, je pêche par naïveté, mais c'est un peu le jour pour ça.

C'est la fête du Québec ici, aujourd'hui. Plusieurs nous parleront de ce pays que plusieurs veulent. D'autres de ces pays qu'on a déjà. Personne ne voudra le payer. À Québec Solidaire plus que dans n'importe quel parti politique, on en saurait jamais le budgéter ce pays qu'on se souhaiterait.

Personne ne saurait non plus nous expliquer ce qui arriverait de nos dollars au jour 1 d'une souveraineté complète. 

Peut-être que c'est parce que j'ai grandi avec cette phrase gravée dans le faux bois et inscrite en lettres attachées dorées en permanence dans le regard périphérique de la cuisine du 902 Chemin St-Louis/1200 Belvédère que j'ai toujours eu cette idée que l'amour donne et ne demande jamais. 

Mais y a des jours où je me dis que par amour pour mon peuple, je voudrais ce pays du Québec.

Mais plus souvent, je fais suffisamment confiance en qui nous sommes pour ne pas avoir besoin de ce pays.

Juste des miens. Québécois de partout dans la tête de chien. D'adoption ou de toujours. (Ne parlez pas de souche sans me parler des fruits des arbres.)

Et détrompez-vous, ce n'est pas la fête de la langue française ni d'un seul parti politique. Ça c'est un détournement de fête. Il faudrait un autre congé pour ça. C'est la fête du Québécois. De toutes les langues, dont la française, la dominante. 

Bonne fête nationale, Québécois.  

Que Dieu te blesse. 

(C'est naturel de le faire contre nous pour lui)

Il y a trois jours, c'était la fête des autochtones. Les premiers arrivants ici. Normal que cette fête soit donc, avant. :)

Il faut aujourd'hui redonner de l'amour . Et demain. Et toujours.

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