jeudi 19 mai 2022

La Couronne d'Or & L'Étalon Blanc

La corruption revient en force au pouvoir, aux Philippines. N'a probablement jamais quitté les lieux depuis 1965. 

Ferdinand Marcos a été le 10ème président des Phillippines de 1965 à 1986. Il était dictateur et kleptocrate. L'un, allant continuellement de pair avec l'autre, en général. Il a dirigé le pays de 35, 8 millions d'habitants, sous la loi martiale de 1972 à 1981. Il a gardé la poigne forte, même si la loi martiale n'était plus complètement appliquée, jusqu'à la fin de son règne, en 1986. Il parlait alors d'autoritarisme constitutionnelle dans son mouvement néo-sociétaire. Il était notoirement si corrompu, détournant des milliards de dollars pour lui et ses proches, qu'il avait peu d'alliés dans le monde. Il était aussi reconnu pour son intolérance et sa brutalité. Le kit complet du dictateur moderne. 

Il s'était fait élire en inventant qu'il avait été un héros de guerre. Ce fût révélé faux et absurde par la suite. Sous son règne, le pays est tombé dans l'extrême pauvreté, en crise, et bien entendu, en dette. La loi martiale avait été appliquée après les élections de 1972, qu'il avait perdu, mais dont il avait triché les chiffres. Et pour s'assurer qu'on ne vérifie rien, il avait placé l'armée en contrôle. Les médias sont devenus 100% sous son influence et la répression physique contre les opposants politiques, les musulmans, les prétendus communistes et les simples citoyens sont devenus sa marque de commerce pendant 13 ans. Quand le candidat qui s'oppose à lui aux élections de 1981 et leader de l'opposition, en 1983, est tout simplement, comme par hasard, assassiné, il n'est plus la faveur populaire. Mais gagnera "étrangement" les nouvelles élections truquées. L'économie du pays s'effondre. Quand en 1986, une élection truquée de trop ne fait plus l'affaire de personne, le président des États-Unis d'alors, Ronald Reagan, lui suggère de prendre sa retraite. Ce qu'il fera, à Hawaï. 

Selon La Commission Présidentielle des Bons Gouvernements Internationaux, les Marcos ont volé entre 5 et 10 milliards de dollars de la Banque Centrale des Philippines. Priobablement plus avec ce qu'ils avaient caché, en Suisse. 

Depuis, les gouvernements se sont succédés aux Philippines et le dernier monstre à être en poste avait été Rodrigo Duterte rendu tristement célèbre pour avoir demandé à tous les citoyens et toutes les citoyennes, de régler le problème eux-mêmes, en ce qui concerne la guerre contre la drogue. Véritable fléau local. Mais y a t-il pire que de risquer de se faire tirer par n'importe qui vous soupçonnerais de n'importe quoi ? Moi le premier, j'inventerais peut-être quelques petites choses sur certains afin de justifier certaines choses. (non, je ne vivrais pas avec l'idée d'avoir tué). 

C'était la fille de l'affreux Duterte qui était l'autre candidate en lice pour le poste de présidente. Les Philippins n'étaient pas gâtés en frais de candidats. L'autre favori, c'était le fils de 64 ans de Ferdinand Marcos, Ferdinand Marcos Junior. Et c'est lui qui a gagné l'élection d'il y a une semaine. Le fils du dictateur travaillera avec la fille du regrettable Duterte. Les Philippines sont entre bonnes mains...

Les dernières années, les derniers mois, les dernières semaines, Imelda, l'épouse de feu Marcos et le fils Marcos, appelé Bongbong pour le différencier de l'autre, ont tout fait pour réécrire l'histoire et gommé tous ce qui était pas propre autour du nom Marcos. Ils ont fait un véritable travail soviétique de réinvention de la vérité. Qui a merveilleusement fonctionné. Il s'est trouvé de très nombreux Philippins et Philippines pour penser que c'était la meilleure chose à faire que de ramener les Marcos au pouvoir. 


Le palais Malcanang, résidence officielle présidentielle, est à des centaines de kilomètres de la capitale, Manille. C'est un endroit désormais ouvert au public où on est invité à vénérer le rêgne Marcos. Même si beaucoup de ce qui y est raconté est faux, archi faux. 

Dans la chambre de Bonbong se trouve l'immense portrait de celui-ci, jeune adulte, avec une couronne en or sur la tête, à dos d'étalon blanc. Il semble voler parmi les nuages avec le drapeau des Philippines dans une main et la bible dans l'autre. Quand les révolutionnaires avaient investi les lieux, en 1986, ils y avait trouvé des bains tourbillons en or véritable, 15 manteaux de fourrures, 508 tenues de soirée de haute couture et surtout plus de 3000 paires de souliers dans les garde-robe d'Imelda. 

Bien que les abus et les excès, et la corruption fût évidente et prouvée, le travail de réécriture des faits a été si bien fait que beaucoup de voteurs se sont mis à douter de tout ça.  La désinformation a fait son oeuvre, là aussi. 

On a réussi à colorer l'ère tyrannique des Marcos en ère dorée, de manière assez incroyable. Utang na lumb disent-il. "Nous avons une dette de gratitude envers cette famille." 

Lavés du cerveau, assez parfaitement. 

Ils disent ne pas avoir vu de corruption, mais Marcos n'est plus dans le décor depuis plus de 35 ans. Et décédé depuis 39 ans. Ça aide à faire oublier de ne pas lui voir le visage dans les entourages. Savent-ils qui était Marcos père ? 

Visiblement de moins en moins. 

Avec fiston au pouvoir, toutes les enquêtes contre son père et sa mère, toujours vivante, vont s'éteindre peu à peu. Et tomber dans l'oubli.

Une vertu Philippine nouvelle bien entretenue par la famille Marcos.  

La corruption est si installée au pays que quand Imelda Marcos a été trouvée coupable de corruption, elle n'a pas fait un seul jour de prison, et personne ne s'en est vraiment inquiété.

Malgré le verdict, plusieurs la pense même, non coupable...

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