Ce sont ces dix mots qui constituent tout le problème du verdict sur l'assassin des enfants d'Isabelle Gaston.
Le cardiologue a juré de livrer la plus grande guerre à son ex, une femme forte, brillante, une fonceuse qui en avair vu d'autres. Incapable de la blesser comme il le souhaitait, il a été lui faire mal de la pire manière possible. En assassinant ses deux enfants de ses mains. Poignardant 46 fois deux petits êtres sans défenses.
En cour, la défense a plaidé la folie temporaire d'un homme qui avait somme toute une vie bien ordinaire. Timide, confortable au travail mais peut-être maladroit en rapports humains, le cardiologue n'avait en somme rien de tellement différent de quiconque. Sinon un esprit vengeur, difficile à deviner si on ne voit qu'en surface, mais qu'il a conféssé par écrit et qu'il a soumis à multiples reprises à son ex, une femme qui partageait alors les draps de son meilleur ami. Se sentant trahi par celle qu'il avait un jour aimé, il n'y avait aucun doute dans son esprit que tout le mal qu'il ressentait en lui, il fallait le lui remettre de manière aussi équivoque. Il a mis son plan à exécution un certain soir d'hiver, soir épouvantable qui a marqué le Québec et dont le verdict de non-culpabilité pour cause de folie temporaire (ne le sont-ils pas tous, fous, dans ces circontances?)est encore un énorme traumatisme social.
Les 12 jurys qui ont entendu la cause et accordé le verdict de non-culpabilité n'ont jamais eu connaissance des menaces de vengeance de la part du cardiologue. Une technicalité juridique quelconque ne leur as pas permis de prendre connaissance du contenu des lettres haineuses qu'il a envoyé à son ex. Le public, lui, a été mis au courant. C'est ce qui rend le verdict si traumatisant. Les 12 juges ont rendu leur verdict à partir de ce qu'ils ont entendu en cour. Et ça, ils ne l'ont jamais entendu en cour. En cour, on leur a déssiné le portrait injuste d'un homme brisé par une femme infidèle. L'assassin a été gracié. Qu'on soit d'accord ou non avec le verdict, le blackout du cardiologue, sa psychose a été sournoisement glissée sous la peau de milliers de Québécois. On ne pourra jamais en vouloir aux jurys d'avoir jugé ce qu'il n'ont jamais entendu.
La propre soeur du cardiologue a elle-même envoyé une lettre aux gens concernés de l'après-vie du meurtrier afin de leur faire part de sa totale non-confiance en son propre frère. Cet aveu d'une proche est pratiquement une confirmation que les jurys, qui n'auraient pas pu savoir, ce sont trompés. Je serais d'ailleurs curieux de savoir si, maintenant qu'ils ont accès à toute l'information, si ils/elles rendraient le même verdict.
Ce verdict, à jamais, nous fera réagir une fraction de seconde lorsque son nom sortira quelque part. Même si on parle d'un autre Guy Turcotte qui n'a rien à voir avec le triste cardiologue.
Ça nous est arrivé à un garagiste et à moi quand j'ai fais poser mes pneus d'hiver ce week-end. Le gars au téléphone prenait rendez-vous pendant que je payais le mien.
"Oui monsieur, mardi 16h00, à quel nom je fais le rendez-vous?...Turcotte?...Guy Turcotte?"
À ce moment le garagiste m'a regardé d'une interrogation complice du regard, ça ne pouvait pas être lui?, il est à Pinel non? Je suis certain qu'on a pensé à la même chose. Le garagiste avait facilement 6 fois mon poids, il avait les airs de durs que se donnent certains gars de garage, mais je le regardais et j'avais l'impression qu'il tremblait. Je l'ai vu dans sa main quand il a écrit quelque chose sur le papier et il m'a tourné le dos soudainement. On m'aurait dit que c'était pour cacher des larmes que je l'aurais cru.
Quand il a raccroché et qu'il m'est revenu, on s'est échangé un regard sans rien se dire sur le sujet.
Qu'y a t-il à dire sur le sujet de toute façon?
Sinon que le Québec a besoin d'un psy.
Un psy depuis Guy.
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