mercredi 11 juin 2008

Le peintre sonore

Quand j'ai découvert David Bowie en 1983, je n'ai plus jamais écouté la musique de la même manière.

Découvrant l'oeuvre du "Thin White Duke" à rebours j'ai été mis en contact avec la trilogie Berlinoise (Low/Heroes/Lodger) et mon monde a basculé.

Encore aujourd'hui ce sont trois albums que je réécoute aux deux mois. Je crois connaitre chaque note de l'album Low tellement il a joué dans mes oreilles. Cet album m'habite entièrement. C'est une oeuvre de 1977.

Le groupe Talking Heads qui, lui aussi allait changer mon oreille pour toujours, m'est apparu pour la première fois en 1986. En explorant l'oeuvre à rebours l"album Remain in Light de 1980 m'avait jeté à terre.

Je découvrais des gens épris de réèl intérêt pour la musique alors que Madonna envahissait les ondes de la radio et déviait l'intérêt musical pour l'intérêt commercial. Un an plus tard The Johsua Three de la formation U2 réussissait le dur pari de marier les deux mondes: celui de la musique pop et facile à vendre/écouter et celui des gens intéréssés par les nouveaux sons et leur sempiternelles multiples directions. La guitare de The Edge allait changer nos oreilles à jamais.

Un dénominateur commun se trouvait entre Bowie, les Talking Heads et U2. dans le rôle du producteur sur ses cinq albums: Brian Eno.

Je me suis donc intéressé à l'individu et suis rapidement devenu un fan du band duquel il faisait parti dans les année 70 Roxy Music.

Puis après avoir perdu une amie décédée trop jeune et avoir vu dans la même année un brillant film sur le deuil de Nanni Moretti j'ai découvert la carrière solo de Eno.

Sobre, minimaliste par moments, toujours exploratoire ses pièces pouvaient aller dans toutes les directions du jazz au glam rock en pensant par le classique, l'ambient et le pop. Pas surprenant de comprendre qu'il ait été en symbiose avec Bowie, homme caméléon lui-même.

Tel un peintre venant colorer une pièce déjà meublée Eno a toujours donné une couleur, une texture qui ait améné un artiste soit à se pousser davantage dans des directions plus risquée, soit à donner des couches de "primer sonore" qui aient fusionné les sons de manière originale et agréable.

John Cale (ex Velvet Underground) Robert Fripp (ex King Crimson) David Byrne (ex Talking Heads) John Paul Jones (ex Led Zeppelin) ont tous fait affaire avec Eno à un certain moement de leur carrière. Eno (ex Roxy Music) pourrait être le président d'un club des ex à lui tout seul. Il préfèrerait surement le titre de "collaborateur", ce qu'il est assurément. Moi je lui collerais le titre de "poseur de textures". Celui devant qui un artiste peu se présenter avec un ramassis d'idées garrochées à ses pieds et qui raccordera tous les morceaux pour en faire une courtepointe sonore qui se tient. Celui qui ajoutera tout ce qui donnera la couleur de fond de la pièce innachevée au piano.

Un film documentaire sur le processus créatif et sur la recherche du son doit sortir cette année. Ce film mettera en vedette Brian Eno & Daniel Lanois. Ce dernier est complice sur plusieurs réalisation d'albums de U2 dont mon album préféré du band The Unforgettable Fire (1984 en partie enregistré à Morin Heights, Qc). Le film s'appellera Here Is What Is sera très certainement hautement intellectuel par son titre invendable donc vraiment pas pour tout le monde. Lanois en a signé la trame sonore déjà disponible en magasin. Fort recommendable pour le trentenaire qui s'assagit. Planant, folk, docile. Toute l'oeuvre de Lanois est dans ce moule qui ne jouera jamais à la radio mais qui rend le cocooning de banlieue intéressant. Les 4 albums de Lanois sont donc aussi à explorer à mon humble avis de mélomane trentenaire .

Ce qui joue à la radio toutefois c'est Coldplay. Ça joue aussi dans mes oreilles en ce moment. Si le rôle de producteur n'a un jour été que celui d'un tourneur de boutons, on peut facilement dire aujourd'hui qu'il est le membre invité d'un band sur un album donné. Dans le cas de Timbeland il supplante carrément l'artiste qu'il produit (ce qui est grotesque et relève de l'ego mal calibré je crois mais bon). Eno a produit le dernier Coldpay qu'il pousse plus loin dans leur son (déjà bon) sur Viva la Vida or Death and all his Friends.



Ça froissera assurément les décideurs de station FM qui ne leur pardonneront pas leur incursions instrumentales mais ça fera du bien à tous les amateurs de NuMuzik de la planète comme moi.

Tant qu'il existera des peintres comme David Lynch en cinéma, Annie Ernaux en Littérature, Robert Fisk en journalisme et Brian Eno en musique notre culture mondiale ne sera pas en danger.






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