Il y a exactement une semaine, se décidaient des élus dans quelques États des États-Unis. Et des juges dans des cours suprêmes des États. J'apprenais du même coup que chaque État avait sa propre cour suprême.
Ça a été une soirée formidable où les gens en ont eux assez et les Démocrates n'ont pas simplement gagné, mais on tant tout balayé qu'on pourrait croire que les deux chambres gouvernementales, le Sénat et le Congrès, pourraient devenir Démocrates à la mi-mandat, l'an prochain.Présentement, au Congrès 219 Républicains sont élus et 213 sont Démocrates. 3 sièges sont vacants. En raison de 2 décès et d'une démission. Tous ces sièges sont en jeu à la mi-mandat. Au Sénat, 45 Démocrates ont un siège, 3 sont indépendants, et 53 sont Républicains. Ils sont tous élus pour 2 ans, de là, les élections de mi-mandat. Qui seront l'an prochain trrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrès suivies. Jamais un président n'a été si peu populaire.
Couper les programmes alimentaires avant Noël ? Ça ne devrait exister que chez les vilains dans les mauvais films.
Ce qui a plus ou moins passé inaperçu, parce que les médias ne retiennent souvent que le plus bruyant et sous les projecteurs, c'est ce qui s'est passé au Mississippi. État du Sud des États-Désunis.
Les grands titres n'en avaient que pour la Virginie, New York ou le New Jersey. Mais la vraie belle histoire, le vrai changement majeur se déroulait discrètement au Mississippi. La plupart des gens à l'extérieur de l'État ne s'en rendent pas tous compte encore. Ils diront que c'était une course serrée, un rebrassage régional, mais la plupart des gens allumés, qui connaissent le terrain, ceux et celles qui ont vu la lumière s'éteindre sur des villes considérées depuis longtemps comme des causes perdues, ont senti la terre bouger, mardi.Parce que le Mississippi n'a pas attendu d'en avoir la permission. Les gens parlent de super majorité mais ils passent à côté du vrai miracle. Ça a changé de camp pas parce que ce serait une nouvelle sorte de voteurs, ça a changé de camp parce que les gens en ont finalement eux assez. Ils/elles ont organisés leurs communautés. Ils/elles se sont présenté(e)s les uns pour les autres. Ils/elles ont construit leur propre momentum sans la cavalerie. Pas de couverture médiatique nationale sous les projecteurs, pas de poches profondes ou de machines dans la campagne électorale, simplement des gens du Mississippi, fatigués, fiers et déterminés qui ont décidé ensemble que "sans espoir" étaient des mots dits par des gens qui ne mettent pas le pied au Mississippi.
On pouvait le sentir dans l'air comme le bruit d'une porte qui se ferme fort. Ou encore le son du poids de la pluie sur la poussières juste avant l'aube. La tranquille résolution des visages de ceux et celles qui passent leurs vies entières à se faire dire que leurs vies n'ont pas d'importance. Qu'ils/elles ne changeront jamais rien.
Mais cette fois, c'est ce qu'ils/elles ont fait. Ils ont changé. Ils ont élu une cour suprême d'État, Démocrate. C'est ce que les Démocrates doivent comprendre et s'apprêter à surfer comme vague. Vite. Le support y est, les votes maintenant aussi. Ce qu'il manque n'est pas d'y croire, ce sont des investissements, sur des décennies où on s'était toujours dit que le Sud est beaucoup trop rouge, trop têtu, pour penser élire des Démocrates. THEY DID. Démocrates, vous ne pouvez pas gagner un combat auquel vous ne vous présentez pas.
Arkansas, Mississippi, Alabama, Louisiane. Ces endroits ne sont pas des terrains minés de gens à 8 dents votant pour des gens à 8 yachts aveuglément. Ces États sont remplis de gens qui croient aussi au bien.
À la décence. Qui attendent des gens qui cesseront de se moquer de leurs accents pour écouter les mots qui se disent. Près de 30%, en Arkansas, sont "indépendants" donc sur la clôture. Lobby, Dems. Ces gens attendent d'être inspirés. On doit croire, se reconnaitre dans les candidat(e)s. Ce sont des gens qui sont issus des champs et des magasins, pas juste des gens qui viennent de la liste de don au parti. Gens dont on va teindre les cheveux et polir le passé. Les leaders doivent faire sentir autre chose que la répulsion. Des leaders qui peuvent rappeler que la politique peut encore parler de dignité humaine. Pas ju$te le $igne de pia$$e. Ça s'applique chez nous aussi. Au Québec. Parce que depuis trop longtemps, le Sud des États-Unis ne manque pas du support, mais il manque de foi. Foi en les institutions qui prétendent représenter la population. Foi envers le peuple. La foi qui manque est celle du parti Démocrate qui abandonne le Sud. Pas celle du peuple.À rouler sur la 49 au coucher du soleil, on y verra des vieux toits de grange à moitié démolis, des fantômes d'épouvantails rouillés le long des clôtures de métal, les champs de cotton qui s'étendent comme la plus immense des courtepointes. Si on s'y penche moins en surface, on y trouvera la vie qui grouille. Des gens qui se rassemblent sur les galeries anciennement occupées par des hommes noirs grattant leur guitare pour y chanter du blues. Des lampes à l'huile sur les galeries. Des enseignants achetant du matériel scolaires à même l'argent de leur maigre salaire. Les représentants religieux ouvrant leur garde-manger pour ceux et celles qui en ont besoin. Pendant que le président fait le contraire et se fait huer en public.
Dans chacun de ses moments, quelques chose attend de s'allumer. Et a fait lumière mardi dernier. Dans la plus belle des lumières de la lune d'automne. Une fente dans l'armure de l'inévitable. Un rappel que ce qu'on sème, va pousser. Quelque chose de beau et d'engagé. D'enragé. Quand les gens du Mississippi se sont levés, ils n'ont pas qu'élu de nouveaux visages. ils ont ressuscité une vérité que le pays passe son temps à oublier.
Le Sud n'est pas perdu. Il n'est que volage, capricieux, rétif, rebelle, indocile, entêté, récalcitrant. Un peu. Shoots from the hip. Si le parti démocratique a la sagesse d'écouter les résultats, un déferlement progressif bercera le Delta. Ça a toujours existé là-bas, Mais on attendait que plus de monde y croit. Encore la foi.. Et on attrendait qu'on veuille se battre pour ça. Ces gens n'ont pas besoin de sauveurs cycliques parachutés, avec des slogans pré-mastiqués et des sourires plastiques. Ils ont besoin de stratégies qui durent, d'organisateurs et d'éducatrices/éducateurs. De foi en eux.Pour presque un siècle, ces gens se sont fait dire que leur voix ne comptaient pas vraiment. Mardi le 4 novembre, ils ont cessé de croire cette menterie. L'espoir n'est pas qu'un luxe du Nord. Il peut naitre de la sueur et de la lutte des travailleurs et travailleuses du Sud. Le bel entêtement de certains gens du Sud a été celui de vouloir le bien.
Et avec une grâce de feu, il y a une semaine, jour pour jour, le Mississippi a réchauffé bien des coeurs.
Et les Républicains, grâce à leurs tristes valeurs, y ont lu, tragédie.
Aujourd'hui, jour du souvenir, quand ce gouvernement qui tient en otage tombera, tous, on se souviendra.
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