mardi 1 février 2022

50 Films Français

En étant invité à un festival appelé "myfrenchfilmfestival" sur le net, qui s'annonce comme gratuit dans plusieurs pays mais qui coûte au minimum 1,99$ sinon 7,99$ pour quelques-un (faut toujours revalider la vérité de nos jours), ça m'a fait penser à ce fameux films français qui m'ont bouleversé au travers des temps. 

Je n'ai pas plus de 100 ans, je n'ai donc pas tout vu. Mais les 50 qui suivront, je le ai non seulement vus, mais souvent, acheté. Je le préciserai. Essai sur certains films qui m'ont tant touché et qui m'ont, à leur manière, expliqué une partie de la France. Pays qui a une histoire longue et riche. 

Par ordre de lancement en salle:


Un Chien Andalou
(1929): J'imagine qu'il a été lancé en salle. Je n'y étais pas. Un rêve, c'est surréaliste. Le film de Salvador Dali & Luis Bunuel est tiré de rêves, de part et d'autre. Bunuel disait que si il avait le choix, il vivrait 2 heures de vie par jour et les 22 heures il voudrait les rêver. Ses films sont formidables pour cette manière de voir la vie. Toujours un pied dans le rêve et l'autre dans le réel. Et presque toujours, les deux croisés sans prévenir dans les même film. Celui-là est au début des oeuvres de Bunuel. Et complètement dans le rêve. Hanté. 


La Grande Illusion
(1937): J'ai vu à l'université. Absolue brillante méditation sur la chute de la vieille Europe et de son ordre civil et social. Laissant croire que sa propre valeur (sociale) avait peut-être été une illusion bourgeoise depuis toujours. La notion que les gentlemen et les leaders de deux pays en guerre, baignent dans la même eau est intelligemment explorée avec de codes comportementaux identiques, et peu importe ce que leurs animaleries représentaient, elles ne sont pas mortes dans les tranchées de la Première Guerre Mondiale. Ces codes existent encore.  


La Règle du Jeu
(1939): Aussi de Jean Renoir, aussi vu à l'université, aussi brillant. Quand cette satire de la bourgeoisie a été lancée en salle, sur le seuil du déclenchement de le Seconde Guerre Mondiale, un homme, si en colère contre la critique qu'il voyait de lui-même, a tenté de mettre le feu au cinéma. Si quelqu'un veut mettre le feu là où s'est présenté, vous avez définitivement fait quelque chose de bien. Et Renoir est encore formidable ici avec un film qui opère sur les mélodrames entre diverses affaires amoureuses secrètes et pas-si-secrètes avec les stéréotypes bourgeois mais qui cachent le brutal venin narcissique et sociopathe. Toujours pertinent.


Les Enfants du Paradis
(1945): Le film se passe dans le Paris théâtral de 1820. Le tournage de Marcel Carné se déroule sous l'occupation Nazie. Donnant au mime (Jean-Louis Barrault) un sens métaphorique assez extraordinaire. 4 hommes tournent autour d'Arletty, mais tous pour des raisons différentes. Histoire de grandes passions entre hommes et femmes, acteurs et publics, acteurs et les scènes sur lesquels ils/elles s'exposent. Épique, sensuel, tragique, enchanteur, un film avec du style dans un monde qui était alors si noir. 


Les Vacances de M.Hulot
(1953): Jacques Tati était issu du muet. Le gag visuel, il connaissait alors très bien. Et le gardera tant dans "le parlant" que son Hulot, ne parlera pratiquement jamais. Un film comique slapstick sur la nature humaine toujours incapable de profiter pleinement de ses vacances. Ce qui n'est pas tout à fait vrai pour moi et ma famille. On trouve toujours moyen de rire et de s'amuser. Et Tati et son Hulot nous font faire les deux dans ce film.  Rire et s'amuser. J'ai ce film parmi ma collection.


Lola Montès
(1955): Je connaissais peu Martine Carol. Une extraordinaire amie à moi a été baptisée de ce prénom parce que sa mère trouvait Carol si belle qu'elle avait baptisée sa fille de la sorte. Quand je découvre ce film, à l'université, je suis aussi follement séduit par l'actrice. La couleur y est tout aussi superbe*. L'extrême beauté de Lola est exploitée par un cirque, dont le maitre d'oeuvre est l'excellent Peter Ustinov. On raconte le mythe Montès, succès et chute, tous les soirs. Vendre son âme tous les jours pour se donner une sorte d'importance. Plus pertinent aujourd'hui qu'en 1955. 


Nuit & Brouillard
(1955): Alain Resnais a attendu 10 ans avant de lancer ce film qu'il ne savait pas complètement comment monter. Devait-il vraiment montrer les horreurs Nazies? Ça ne dure pas 35 minutes et ça vous habite toute une vie. C'est graphique. C'est terrible. C'est arrivé. C'est du documentaire brutal. Très subversif de faire dire à Michel Bouquet, qui fait la narration, sur des piles de cadavres entassés, "qui est responsable de tout ça?". Subtile horreur que de plaquer de la musique classique sur Auschwitz et Majdanek, vide et abandonnés. Rarement des documentaires posent des questions aussi graves, en 1955. Rarement une horreur comme ce génocide a été nourries de vraies images. 


Mon Oncle
(1958) : Tati encore. J'ai aussi. On dit que Playtime, son dernier, est meilleur encore. Mais j'arrive pas à le trouver en Amérique du Nord. Ses films sont méthodiques, méticuleux, et toujours travaillé dans l'humour avec un dédain affirmé pour la modernité de manière assez ingénieuse. Tati était un nostalgique. Il était le chien qui jappe de sa galerie. Mais qui amuse tant, une fois dans le salon. Incroyablement doué pour les gags visuels, son oncle est mélancolique dans l'austérité du Nouveau Paris. Très amusant. 


Ascenseur Pour l'Échafaud
(1958):  Les cinéastes de la Nouvelle-Vague française prenaient des romans de gare Étatsuniens, et en faisaient de forts intéressants films, assez souvent. Mais Malle ne sera pas considéré officiellement dans la Nouvelle-Vague. Et ce film est né de l'imagination de Roger Nimier et Louis Malle, mais est tout à fait dans l'esprit du roman de gare. Un homme tue son patron, aidé de la femme de celui-ci, et pense avoir commis le crime parfait. Mais voilà, l'assassin reste coincé dans l'ascenseur. Le reste du film sera vécu séparé de Maurice Ronet (l'assassin) et Jeanne Moreau (la néo-veuve, complice). Pour la seule trame sonore de Miles Davis, improvisée à l'image, ça vaut l'écoute.


Les 400 Coups
(1959): Cette fois, c'est bien la Nouvelle-Vague et l'ancien critique Truffaut nous plonge dans la rue et nous montre les toits de Paris. Le film est le premier de la série des Antoine. Je les ai presque tous (m'en manque 2) et celui-là, c'est la base, l'enfance. Dans une famille dysfonctionnelle. Celle de François Truffaut. C'est drôle et touchant. Et le plan final a été copié maintes et maintes fois par la suite. Par Barry Jenkins dans Moonlight. Par Catherine Breillat dans À Ma Soeur!. George Roy Hill dans Butch Cassidy & The Sundance Kid. Federico Fellini pour 8 1/2***. Et ça, ce ne sont que les films que j'ai vus. Je n'ai jamais trouvé qu'il avait fait mieux par la suite. 


Hiroshima Mon Amour
((1959): J'ai ce film. Les deux premiers longs de fiction d'Alain Resnais sont parfaits. Ce film présenté comme une moitié de documentaire sur la bombe et ses effets nous est juxtaposée contre l'histoire de deux amants, trichant leurs partenaires, dans la ville meurtrie. Les deux savent que la relation est condamnée d'avance. Fatalisme amoureux. La potentielle impossibilité que l'art ne se mesure jamais à la vraie histoire. Marguerite Duras scénarise, Emmanuelle Riva brille. Nouvelle perspective narrative. Formidable. 

 


L'Année Dernière à Marienbad (1961) Encore Resnais. Cette fois, scénarisé par le romancier Alain Robbe-Grillet. Mystère et sensualité. Delphine Seyrig, belle comme jamais. Giorgio Albertazzi, à l'accent italien impossible. La caméra de Sacha Vierny formidable dans ses mouvements, formidable dans ses couleurs, formidable dans ses choix de plans. Je ne recommanderais pas ce film à tous, c'est très personnel, j'ai adoré ce film toutes les 32 fois que je l'ai vu. Bien entendu, je le possède. Exercice presqu'expérimental sur la mémoire et le jeu de séduction. Sur le rapport espace/temps. Comme David Lynch, Resnais dira qu'il ne fallait pas chercher de sens au film. Que ce n'était qu'un feeling. Formidable feeling.


Vivre Sa Vie
(1962): J'ai À Bout de Souffle. Mais l'ai trop vu. N'en voit plus que les défauts. Et quiconque voudra être initié à Godard sera dirigé vers À Bout de Souffle. Voilà pourquoi mon premier Godard à vous présenter, c'est celui-là.  "Je suis...quelqu'un d'autre" dira le personnage d'Anna Karina, faisant écho à Arthur Rimbaud. Son personnage passe de caissière dans un magasin de musique à prostituée afin de résoudre ses dettes qui semblent sans fin. Exploration des situations économiques françaises, et de la manière de s'en sortir. Ce qu'il réexplorera dans l'excellent 2 ou 3 Chose Que Je Sais d'Elle que j'ai vu à l'université, mais jamais ailleurs. Et que j'avais aimé mais m'en rappelle trop peu. Je pourrais parler si longtemps de JLG que je m'arrête ici. 


Le Mépris
(1963): Pas vrai. Godard again. Mon préféré. La couleur, la musique, le casting, le scénario adapté d'Alberto Moravia, le décor, j'aime tout de ce film que je possède (pas l'autre d'avant). Camille offre sa compagnie à un producteur des États-Unis afin de faire avancer la position de son chum, scénariste, qui lui, ne sait plus sur quel pied danser. Perdition à Capri. Quand le détail se distille, la poésie reste. Godard savait filmer l'intangible. Ici, le temps suspendu dans un couple à la dérive. 


Bande à Part
(1964): Oui, Godard encore. Il a dominé le cinéma français, à mes yeux, dans les années 60. J'ai aussi ce film. Dont Quentin Tarantino a copié l'idée d'un numéro de danse entre protagonistes pour Pulp Fiction en plus de nommer sa boite de films ABandApart. Le tempérament masculiniste s'impose davantage chez Godard. Le trio de jeunes criminels, combine régulière chez Godard, Sami Frey/Karina/Claude Brasseur, veut voler une villa en banlieue de Paris. Commentaire social placé aux côtés de parfaitement anecdotique, voire cabotin, peu de réalisateurs (Scorcese?) ont montré autant d'humanité chez leurs criminels. 


Masculin/Féminin
(1966): Je m'excuse. Godard, une dernière fois. Je l'ai depuis deux semaines. J'adore ce détournement de mandat qui devait être un film axé sur la jeunesse musicale de 1965. Godard en a fait une fiction, avec une vraie chanteuse (Chantal Goya). Le flirt français dans son plus inconfortable. Dans la micro-agression verbale, pas moment. Entre Michel Debord et Marlene Jobert, entre autre. Entre Jean-Pierre Léaud et une jeune Miss quelque chose. Inconforts. Léaud, malgré lui nous offre des répliques très amusantes. Peut-être même pas pensées amusantes. À la chanteuse qu'il tente de séduire qui lui demande pourquoi il ne pourrait pas vivre seul, il répond "...parce que la tendresse".  Il prend la plus longue pause sans répondre quand elle lui demande si il veut coucher avec elle. Ce qui est une réponse en soi. Ce film est un moment arraché à une époque. Je m'en rappelle, j'avais -6 ans. Une pensée cochonne chez mon père, alors ado. Ça l'a inspiré 6 ans plus tard. 


Les Biches
(1968): Claude Chabrol a été le meilleur pasticheur d'Alfred Hitchcock. Il a aussi été hyper productif. Paul Gégauff et Chabrol adaptent librement The Talented Mr. Ripley, en inversant les sexes. Stéphane Audran, Jacqueline Sassard, Jean-Louis Trintignant sont le trio bouleversé les uns par les autres. Toujours intéressé par les meurtres, il sera meilleur encore à jeter la lumière (et l'ombre) sur le comportement humain, de gens qu'on finit toujours par haïr. Sexy et la couleur de ce film est ensoleillé malgré ses thèmes sombres. Ce sera l'avant dernier film de Sassard qui se retire du milieu à 28 ans. 


Z
(1969): 50 ans avant qu'harceler les politicien dans la rue deviennent un sport naturel public, Costa-Gavras était le leader incontesté de ce qu'on a alors appelé, les thrillers politiques. Le réalisateur n'entend pas rire en disant en ouverture de film que le film est inspiré de vrais gens et de vrais évènements. L'assassinat de Grigoris Lambrakis. en 1963, en Grèce par la droite radicale qui a ensuite pris le pouvoir grâce à un coup militaire. Lambrakis tente de se protéger de la droite en les gardant sur le payroll du pouvoir. Mais ceux-ci ne seront que les loups dans le bergerie. Film algéro-français se déroulant en Grèce.  


Le Genou de Claire
(1970): Un diplomate en vacances dans les Alpes Françaises, devient obsédé par l'idée de toucher le genou d'une adolescente locale. Ce synopsis parait glauque ou pervers et pourtant le film n'est pas inconfortable du tout. Ce désir n'est pas la substance de ce film. On est pas dans la ligue de Humbert Humbert et sa Lolita. La sexualité est plus subtile ici et cache autre chose. La lente montée du désir. Le rythme du film, verbeux, est parfait. Eric Rohmer sera toujours du verbe. Et toujours des relations hommes/femmes.  


Le Charme Discret de la Bourgeoisie
(1972): Oscar du meilleur film de 1973 (J'ai ce film), cette comédie surréaliste nous présente des invités incapables de s'assoir à table sans que quelque chose ne soit déclenché au même moment. La mort d'un personnage, brûlant sa cachette en pigeant dans le buffet parce qu'il a trop faim est à la fois une splendide métaphore de la bourgeoisie, mais aussi d'une burlesque jubilatoire. Le curé incapable d'être juste dans ses propos, et continuellement jardinier imposteur qui s'impose contre l'avis des propriétaires de la maison est un personnage hilarant. Absurde et marrant.


La Maman & La Putain
(1973). L'éternel fantasme mental masculin qui voudrait les deux en une. Film extrêmement verbeux entre Jean-Pierre Léaud, Bernadette Lafond et Françoise Lebrun. 219 minutes. Pas pour tous. Certains passages sont écrits directement de ce que Eustache et Lebrun se sont échangés comme dialogues certaines fois. Le film est troublant parce se tenant continuellement sur la fine ligne de la fragilité dans les relations humaines. Lafond n'a jamais été aussi attirante. Ce qui est aussi troublant est qu'Eustache mets fin à ses jours, 8 ans plus tard, apprenant qu'il boitera toute sa vie, suite à un accident. Le film semble parfois improvisé alors qu'au contraire, chaque ligne et chaque virgule devait être apprise par les acteurs/actrices, au point qu'il n'en faisait qu'un seule prise ou changeait toute la scène. Intraitable. Je voudrais ce film un jour. Introuvable en vente ou que ce soit.  


Général Idi Amin Dada: Autoportrait
(1974): Barbet Shroeder s'est fait critiquer pour ne pas avoir défié davantage le dictateur Ougandais sur les trois ans de tournage. Après tout, plusieurs des gens dans ce film sont assassinés par lui avant même la diffusion du film. Schroeder ne faisait peut-être que tenir à la vie. Et il ne fera que présenter le despote, expliquant le rajout de "autoportrait" dans le titre. Le général est mythomane et expose le narcissisme que nous connaîtront dans le futur. Presque toutes les scènes sont "jouées" dans ce documentaire, Dada en monologue agressif et ses proches en mode "je t'écoutes, boss". Dada tente d'être en parfait contrôle du propos. Mais il ne fait aucun doute. Voici un monstre. Fascinant. Populisme manipulateur avant l'heure. 


Pauline à La Plage
(1983): Dans la série "comédies et proverbes" Eric Rohmer nous présente l'été d'une jeune adolescente très inspirée par sa grande cousine qui veut l'aider à avoir des relations sérieuses. Même si, elle même, la grande, a des amours compliquées. Il semble que sans efforts, Rohmer soit capable de réels dialogues assez futés. Et si vrais qu'on a pas l'impression de suivre un film, mais plutôt d'être intégré à un groupe d'amis. Pauline est moins au centre de ce film qu'à l'écoute de sa grande cousine. Le film est fluide, amusant et fort divertissant.   


Boy Meets Girl
(1984): Leos Carax n'avait que 24 ans. Son film semble tiré d'une tête qui a beaucoup fréquenté la Cinémathèque Française. On y reconnait l'influence de Godard, parfois Truffaut aussi, puis, un peu de sa propre voix. Un jeune réalisateur appelé Alex (lui?) empêche une jeune fille qui veut se suicider et s'est inventé un numéro de claquette pour se concentrer sur autre chose quand l'envie de mourir lui prend. Fameusement tourné en noir et blanc par Jean-Yves Escoffier, je tente d'acheter ce film depuis des lunes. N'est (fucking) disponible qu'en format PAL.  


Le Paltoquet
(1986): J'ai découvert ce film, une adaptation de Michel Deville de la pièce de Franz-Rudolph Falk (pseudonyme de Phillipe du Puy de Cinchamps), tard dans la nuit, de retour d'une soirée bien arrosés, adolescent. J'ai été parfaitement charmé. Le Paltoquet est à la fois l'homme à tout faire dans ce bar coincé entre les entrepôts, il est aussi l'amant de la tenancière. Un journaliste, un docteur, un commerçant, un professeur y jouent au bridge tous les soirs. Mais ce soir, un commissaire vient enquêter auprès d'eux, sur un meurtre. Le casting est formidable dans ce huis clos poétique entre rêves et réalités. Fanny Ardant est elle même presqu'un rêve. Étrange et cruel.   


Mauvais Sang
(1986): Leos Carax me touche droit au coeur avec ce film-là. Que je découvre, honnêtement, comme Boy Meets Girl, 5 ans plus tard, Les Amants du Pont-Neuf étant le film qui me fait découvrir l'auteur. Je suis revenu par en arrière par la suite. Officiellement dans le 4% des plus fans de David Bowie au pays selon Spotify, une scène m'a vite atteint au coeur, Surtout qu'en 1991, Bowie est maintenant dans un groupe un peu grunge. Rare film à traiter le SIDA (métaphoriquement). Brillant Carax. Je cherche aussi maladivement ce film partout.


Jean de Florette/Manon des Sources
(1986): Je place les deux films comme un seul car ils ont été pensé ainsi. Le monde de Pagnol, je l'aime beaucoup. Je l'ai joué au secondaire et au CEGEP. Dans le premier, un nouvel arrivant (Fabuleux Gérard Depardieu) suscite la jalousie et est victime d'un sabotage des gens du village. Dans le second, la fille (fabuleuse Emmanuelle Béart) de ce pauvre homme, non seulement attire profondément le fils (fabuleux Daniel Auteuil) du saboteur en chef (Fabuleux Yves Montand) mais prépare une vengeance pour sa famille. J'ai ce deux merveilleux films.


Au Revoir Les Enfants
(1987): Louis Malle refuse de travailler cet épisode de sa vie qui l'a lourdement traumatisé. Le film s'appelait à l'origine Ma Petite Madeleine, en référence aux madeleines de Marcel Proust, avant de s'appeler Le Nouveau puis, Au Revoir Les Enfants. Situé dans une école de 1943, en France, des enseignants cachent de jeunes Juifs des Nazis. Bouleversant, touchant, merveilleux même si aussi cruel. Toute guerre est cruelle. Tarantino appelle son premier film Reservoir Dogs parce que c'est ce qu'il comprend quand on dit le titre dans le film. Au final, il en aimera assez le son pour en faire son premier titre. J'avais enregistré ce film sur VHS. 


Une Affaire de Femmes
(1988): Chabrol situe son film aussi sous le régime de Vichy où Marie (Superbe Isabelle Huppert) voit son mari revenir de la guerre, mais n'a plus envie de sa présence. Elle vivait bien seule. Clandestinement, elle aide à faire avorter celles qui en ont besoin. Elle fera de l'argent et son succès humiliera son mari, qui se sent si déconsidéré qu'il ne sera vraiment plus fiable pour elle. Scénaristiquement brillant (Chabrol et Colo Tavernier). Avec des performances extraordinaires. 


Cyrano de Bergerac
(1990): Le soir de la première, au Cinéma du Clap, à Québec, j'ai 18 ans et me rase pour la toute première fois de ma vie. Je m'arrache donc une partie de l'entre-nez/lèvres supérieure. C'est avec un gros bandage sur la gueule que je rejoins mes mais ce soir-là assister à la brillante performance de Gérard Depardieu. Intense, comme il l'a toujours été, et impressionnant. Rostand est le vrai héros de cette excellente histoire. Drôle et inspirée. J'ai ce film.


Les Amants du Pont-Neuf
(1991): Comme mentionné plus haut, c'est le premier Leos Carax que je découvre et celui-là aussi, je le veux dans ma besace à films. Un jeune homme (Denis Lavant pour la troisième fois avec Carax), trouve le sommeil avec Hans, un vieux compagnon. Mais au Pont-Neuf, il fait le rencontre de Michèle, qui vient perturber leur routine (extraordinaire Juliette Binoche). Celle-ci perd la vue. Le jeune homme se découvre un amour pour elle. On danse, on chante, on rie au son des commémorations du bicentenaire de la Révolution Française. Superbe chimie entre acteurs, décor formidable. 


La Belle Noiseuse
(1991): Le titre est une erreur, prenez le d'un Québécois. On ne dit pas ça ici. On dit "niaiseuse". Ça n'a jamais été corrigé pré-tournage par l'équipe de Jacques Rivette. Le titre, c'est aussi le nom d'une peinture de sa muse qu'avait fait le vieux peintre Edouard Frenhofer. Un jeune peintre tient à le rencontrer. Ce faisant, on décide que sa copine (superbe Emmanuelle Béart) deviendra la nouvelle Belle Noiseuse qui lui fera reprendre le pinceau. Elle le fera, d'abord à contre coeur, puis, s'attache à lui. Quand elle voit le résultat final, c'est l'horreur. Il a peint son intérieur. Je voudrais aussi ce film. 


Merci, La Vie
(1991): Bertrand Blier est un ressort dans le grand lit du cinéma français. J'ai Les Valseuses chez moi, mais c'est celui-là qui m'a davantage marqué. Un film presque punk. Mais les deux films sont complémentaires. Dans Les Valseuses, ce sont deux hommes qui font la galère vagabonde entrainant une femme dans leurs aventures. Dans Merci La Vie, se sont deux Femmes qui entrainent un homme dans leurs folies. La photographie de Phillipe Rousselot y est très habile et les performances de Charlotte Gainsbourg, Anouk Grinberg, Michel Blanc et Jean Carmet sont parfaites. Plus près de ma génération, je n'ai pas encore 20 ans.  


La Double Vie de Véronique
(1991): Krzysztof Kieslowski a offert un film dont la trame narrative ne trouverait aucune sympathie à Hollywood. Magique, lumineux, aérien, presqu'un rêve, hantant, ne sont pas des arguments vendeurs. Mais KK l'a bien tourné. Partant du concept qu'un jumeau identique de nous existe quelque part sur terre, KK nous présente deux Irène Jacob, une Française, l'autre polonaises. Extrêmement belles toutes les deux. Véronique toutes les deux. Il n'expliquera jamais pourquoi, ni comment peuvent-elles être liées à distance, vivant parfois, la même chose en même temps. À une époque où la division est souvent mise de front. KK, unifiait. J'ai ce film.


C'est Arrivé Près de Chez Vous
(1992): Un ami et moi avons découvert ce film par pur hasard, en allant en voir un autre qui était complet. Je ne me rappelle plus celui qui était complet mais me rappelle avoir préféré cette découverte. Un faux documentaire sur un tueur à gages, suivi par une équipe de tournage qui, peu à peu sera impliqué dans les combines du moineau qu'ils filment et victime de ses conneries. Drôle et très violent. Benoit Poelvoorde sera découvert par ce film qu'il co-réalise. Immoralement drôle. 


Indochine
(1992): Je n'ai pas beaucoup impliqué l'Histoire de la France avec un grand H depuis les films couvrant la Seconde Grande Guerre, si marquante et cicatrisante pour la France. Indochine raconte la France transactionnelle dans les colonies asiatiques tout juste avant la Guerre du Vietnam et la guerre d'Indochine qui le précèdera. On y suit la dirigeante d'une plantation de caoutchouc(Catherine Deneuve) qui doit vivre quelques deuils, éveillés par plusieurs sentiments nouveaux chez cette femme austère et célibataire, dans un contexte social éminnement politique. Intelligent.  


Bleu/Blanc/Rouge
(1993-1994): KK revient avec une trilogie pour terminer sa carrière, inspirée des trois couleurs du drapeau Français, Liberté/Égalité/Fraternité. Je place les 3 films comme un seul car ils sont tous reliés par une même scène à un certain moment, sont tous sous le thème de valeurs françaises précises, et sont tous les trois sur un même DVD que j'ai dans ma collection, chez moi.  Dans le premier, Juliette Binoche doit composer avec une soudaine liberté précocement endeuillée qui doit composer avec cette nouvelle liberté émotive, sans pour autant en perdre son humanité et son envie de vivre. Délicat. Dans le second, un homme est humilié par sa femme dans une situation de divorce, mais prépare sa revanche afin de rétablir l'égalité. Dans le dernier, la délicieuse Irène Jacob se lie d'amitié avec un mystérieux voisin (Jean-Louis Trintignant). Habile. Humain.  


La Reine Margot
(1994): Inhumain. Barbare. Patrice Cherrier y raconte avec un casting extraordinaire et une intensité folle, les jours précédents le massacre de la nuit de la Saint-Barthélémy. On suit ce film comme on suivrait un évènement sportif. Jean-Hugues Anglade y est imprévisible. Isabelle Adjani, extrêmement émotive. Tout est malsain et la construction jusqu'au massacre est fameuse. J'ai ce film aussi. Il fera 6 fois ses coûts de production en recettes. C'est parce que c'est un film formidable servi par des gens très talentueux. 


Nelly & Mr.Arnaud
(1995): Intelligent. Mon dernier film de ma trilogie "Béart". Ce film est une chorégraphie formidable entre Emmanuelle Béart et l'extraordinaire Michel Serreault. Qui gagner le Cesar du meilleur acteur pour ce film. Elle est pauvre, il est riche, il la dépanne. Il est séparé de sa femme qui vit ailleurs avec un autre homme, elle quitte son mari, et trouve un amant en travaillant pour Mr.Arnaud. Mais le film est nettement plus riche. C'est une délicate danse, tout en regards, une fascination presqu'érotique entre protagonistes sur le point de devenir amants (ou pas) retenus par une même peur du rejet. C'est un film tout en signal et on y joue au cryptographe. Extrêmement intéressant. Claude Sautet à toujours été brillant de la jonglerie  des sens. 


La Haine
(1995): Mathieu Kassovitz a visé juste. À 29 ans, il tournait un film-culte. Que je n'arrive pas à acheter sur des supports d'Amérique du Nord. Trois jeunes hommes, un d'origine arabe, un d'origine africaine et un d'origine juive passent une journée stérile dans la banlieue de Paris. C'est une chronique de la haine qui marmite. Le tourment social y est habilement saisi. C'est à la fois drôle et insupportable. Ça se rapproche beaucoup du Do The Right Thing de Spike Lee. Kassovitz a même fort probablement fait de la copie carbone quand est venu le temps de scénariser tout ça. Son premier film, Café au Lait, avait justement été calqué sur She's Gotta Have It du cinéaste New Yorkais. 


Un Air de Famille
(1996): À cette époque, j'ai terminé mon université (en cinéma) et j'y travaille. Je suis scénariste. Et un parfait cours de dialogue comique, c'est ce film signé Bacri-Jaoui, tourné par Cédric Klapish. C'est une adaptation de la pièce du même nom de Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui. C'est très drôle. Seulement 6 acteurs, un seul lieu, et un rythme formidable avec des interprétations parfaites. Une famille se réunit dans un bar afin de célébrer l'anniversaire de l'une d'elle et on en profite pour régler plusieurs comptes. J'aimerais beaucoup mettre la main sur ce film.  


Le Diner de Cons
(1998): Dans le style comédie c'est tout simplement parfait. Françis Veber adapte sa propre pièce. Des amis s'organisent régulièrement afin de s'offrir un diner avec un invité qu'ils présenteront aux autres comme le plus con des cons. Planquier trouve Pignon, un champion du monde. Critique de l'arrogance, mais surtout rires sans arrêt. Jacques Villeret aura toujours joué des rôles très attachant avec un professionnalisme exemplaire. Plus jeune, avec mes parents, on avait tous pleuré de rire en le regardant avec De Funès dans Le Gendarme et les Extra-Terrestres. Il avait aussi été bouleversant dans Les Enfants du Marais. Très drôle. J'ai. 


Rosetta
(1999): Les frères Dardenne font de très bons films. Des films très ancrés dans le "aujourd'hui, maintenant", des regards plongés sur une certaine marginalité, un style concret, épuré, avec de fort intéressants long plans séquences qui souvent nous font s'intégrer très facilement aux narrations suggérés. Les frères sont issus du documentaire. Je les découvrais avec ce film. Rosetta c'est aussi la découverte (pour moi) d'Émilie Duquenne, une formidable actrice. Elle incarne une jeune fille de 18 ans qui perd son boulot et se nourrit de colère, s'occupant malgré elle de sa mère alcoolique. Une fille brisée dans un monde qui ne tient pas tant à la réparer. 


Les Destinées Sentimentales
(2000): Olivier Assayas est un cinéaste extrêmement intéressant, mais ses films sont terriblement difficiles d'accès par chez nous. J'avais oublié qu'Emmanuelle Béart y brillait aussi. Cette chronique de la vie d'un homme issu d'une famille d'industriels de la porcelaine de Limoges, amoureux de deux femmes (Huppert et Béart, successivement) de la fin du 19ème siècle jusqu'à la Grande Dépression. C'est un délicieux film axé sur les investissements de toutes sortes. Sentimentaux, principalement, servi par un superbe casting qui comprend Charles Berling.  


Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain
(2001): Je suis un grand fan de Jean-Pierre Jeunet qui, selon moi, est le grand talent mature, là où Luc Besson reste un garçon de 16 ans. Dans ce film, il place ses effets spéciaux au service de la narration. Et ça en fait un formidable film d'amour, divertissant à souhait. Le visage d'ange d'Audrey Tautou et le coeur d'un enfant. C'est plein de jeu, plein de clins d'oeil, pleins de cartes postales et pleins de nains de jardin. C'est une allégorie sur notre recherche de fantastique et de perfection. C'est très agréable. 


Persepolis
(2007): Je ne suis pas fervent de films d'animation. Mais Marjane Satrapi est tout simplement brillante à créér de l'humour noir en parlant du régime totalitaire dans lequel elle a grandi en Iran. Révolution, répression, expatriation sont présentés ici avec intelligence. C'est riche et en noir et blanc. Je suis très fier d'avoir mis la main sur ce film, mais davantage encore d'avoir découvert des réalités qui nous sont, pour la plupart, étrangères. Satrapi co-réalise avec Vincent Paronnaud avec quelque chose de très humain et d'absolument charmant. (et ses goûts musicaux se rapprochent beaucoup des miens, ça aide à aimer!). 


Gainsbourg: Vie Héroïque
(2010): Je pense avoir été le seul à trouver tout simplement hallucinant ce film de Joann Sfar sur la vie de Gainsbourg. J'ai acheté après voir vu. Éric Elmosnino est un troublant sosie de l'homme à la tête de chou. Je suis déjà immense fan de la musique de Gainsbourg, alors au niveau sonore, j'étais gagné. Sfar, sosie lui-même de Georges Brassens, s'est offert le rôle du chanteur des Copains D'Abord. Le film est amusant, plein de jolis clin d'oeils, de surréalisme, de fantaisies, Sfar est issu du monde de la B.D. et c'est très notoire dans son film. Gainsbourg a une oeuvre riche et vécu une vie pleine de tant de choses que ce film ne pouvait qu'être généreux. C'est 2h10 mais j'en aurais pris 3h20.


Et Maintenant, On va Où?
(2011): J'ai une grande admiration pour Nadine Labaki, rare réalisatrice/actrice d'origine libanaise qui tourne toujours avec un certain humour, toujours quelques chorégraphies fort intéressantes qui ne sont pas complètement des numéros de danse, un rapport au corps formidable pour une Femme issue d'un pays où le corps féminin est un sujet de contentieux, et avec un touchant humanisme tout le temps. Dans ce film franco-libano-italo-egyptien, les Femmes d'un village, pour mettre un terme aux conflits permanents entre les Hommes, choisissent de s'unir pour faire la grève du sexe. Elle feront tout pour distraire les hommes de leur envie de sauter à la gueule. Elle sont formidables. Un film qui vous chavire autant qu'il vous fait rire. J'essaie aussi de me le procurer. 


La Vie d'Adèle
(2013): Adaptation de la B.D. de Julie Maroh, Bleu est La Couleur La Plus Chaude, rare film explorant les premiers amours entre jeunes Femmes de même sexe. Les premiers amours sont tous pareils (intense) et tous différents (intensément différents). Sur trois heures, on ne sent aucune s'étirer. On a, au contraire, l'impression de vivre leur relation au jour le jour, d'être pleinement immergé dans leur monde. Rares sont les films qui nous plonge dans ce type d'intimité. Léa Seydoux et Adèle Exarchipoulos sont formidablement crédibles. 


Zavez remarqué comment la B.D. s'est incrustée 3 fois sur 4 dans mes dernières propositions? C'est parce que rendu à mon âge, on a compris que la vie est une simple bulle de B.D. qu'il faille savoir remplir. Et colore nos quotidiens d'autant de burlesque. 
Dans mon festival de films Français personnel, y aurait au minimum tout ça. Et ça, plus bas en petit. 


Aussi considérés: Tchao Pantin et Uranus de Claude Berri, Conte d'Été d'Eric Rohmer, À Bout de Souffle et La Chinoise de Jean-Luc Godard, Delicatessen et La Cité des Enfants Perdus de Jean-Pierre Jeunet, Jules & Jim et La Nuit Américaine de François Truffaut, Comment Je Me Suis Disputé Ma Vie Sexuelle d'Arnaud Desplechin, Irma Vep d'Olivier Assayas, Monsieur Hire de Patrice Leconte, Cléo de 5 à 7 d'Agnès Varda, Le Conformiste de Bernardo Bertolucci, Les Valseuses de Bertrand Blier., Capitaine Conan de Bertrand Tarvernier, L'Été Meurtrier de Claude Miller, La Boum de Claude Pinoteau.   

*je vous mets une photo en noir et blanc pour vous forcer à le voir en couleurs, quelques part ailleurs. 

Oui, je suis amoureux d'Émmanuelle Béart**, Émilie Duquenne, Lea Seydoux, Irène Jacob, Nadine Labaki, Delphine Seyrig, Emmanuelle Riva,, Martine Carol, Isabelle Huppert,  Fanny Ardant, Marie Gilain et Sophie Marceau. je sais,ces deux dernières ne sont nulle part dans mes films, Marceau, surtout dans La Fille de d'Artagnan, Gilain, qui n'a que 3 ans de plus jeune que moi, surtout dans L'Appât

**Était

***Je ne vous divulgâcherai pas la fin de ces films en hyperlien.   

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