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C'est l'oreille encore pleine de cillements, héritage de la caisse de son à la droite de la scène du Métropolis fréquenté la veille et avec 5 maigres heures de sommeil que je me suis pointé au bureau ce matin.
L'écho heureux du spectacle de Duran Duran, mais surtout la présence de deux bons bougres, vieux potes ressuscités de l'adolescence, me mettait en ce matin froid de très agréable humeur. Toute cette flopée de trentenaires gagnant la quarantaine était facile à imaginer 20 ans plus jeunes. Dieu que tout le monde était beau. Et je dis cela sans amphétamines aucune. On en venait à oublier que les gars sur scènes n'étaient pas de très grands musiciens. Mais à jeter un oeil sur le public on pouvait sentir l'effet que leur musique et leur style avait produit sur l'ego et la croissance de toute une génération.
Touchant.
Encore un peu sur ce nuage avec ce son aigu dans l'oreille droite je ne pus éviter de voir arriver une collègue fière de sa nouvelle tête. Elle avait nul doute été la victime d'un coiffeur en folie. La pauvre, si heureuse de nous présenter son nouveau look, tenait plus de l'autruche que de l'humain.
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"oh hi...You look...wow...this is special" a dit ma voisine de bureau, visiblement tiraillée entre la version anglaise de "kessétafaitlakris?" et "Maihakoitapenséman!?"
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Avec le courage d'un Ministre face à un autochtone j'ai choisi de me pencher inutilement sous mon bureau. A la fois afin de cacher mon fou rire et a la fois pour ne pas a avoir à mentir moi aussi. Mais la "nouvelle belle" étais si contente, si pétillante du regard (c'est pas mal ça qui compte) ça aurait été cruel de gâcher son plaisir. Ça aurait été aussi cruel que de dire à Simon LeBon ou Nick Rhodes la veille qu'ils avaient 50 ans et qu'ils étaient un peu bedonnant pour jouer au playboy.
Puis un collègue est arrivé. Avec son téléphone main libre nouvellement acheté gréffé au pavillon de l'oreille (qui ne cillait pas pour lui). Il a marché très lentement pour que je le vois bien. Empreint d'une extrême fierté face à son nouveau joujou il voulait visiblement que je lui en parle. Ce que je me suis plu à ne pas faire. Rien de plus amusant que de torturer le fier pet quand il veut qu'on le solicitte. Ça me rappellait un ami qui lisait le journal dans ma face et qui réagissait à chaque article afin que je lui pose des questions. Ce que je ne faisais jamais bien sur, feignant d`être débile léger quelques fois en ouvrant la bouche pleine de beurre d'arachides.
Mon collègue lui est un habitué de la fierté mal masquée. L'été il chauffe la motocylette. Calculant systématiquement sa longue marche à travers tout le building à une heure où tout le monde est en poste pour s'assurer qu'on l'ai bien vu.
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Je jase, je médise mais y a pas de mal à être fier.
C'est juste que des fois quand on bombe le torse, on sent le pantalon qui fend derrière au même moment.
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Comme le trentenaire que j'étais hier, 20 livres trop lourd, qui danse mollement en chantant les mauvaises paroles de The Reflex à 10 pieds de ses idoles de jeunesse.
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