dimanche 28 avril 2024

Jean-Pierre Ferland (1934-2024)

Jean-Pierre est d'abord commis à la comptabilité à Radio-Canada où ses amis lui conseille de poursuivre ses velleités de chansonnier. 4 ans plus tard, à 24 ans, il fait parti des bozos, regroupement d'auteurs-compositeurs-interprètes chantant a bar Chez Bozo, à Montréal. Parmi eux, Jacques Blanchet, Hervé Brousseau, Clémence Desrochers, André Gagnon, Claude Léveillé et Raymond Lévesque. 

Un an plus tard, il chante pour la première fois à la télévision où il travaillait dans l'émission Music-Hall

Inspiré de la grande chanson française, Reggiani, Gainsbourg, Ferré, Brassens, mais aussi très inspiré de Felix Leclerc qui lui donne le premier envie de faire tout ça, il fait une série de spectacle dans le quartier d'Anjou, dans l'Est de Montréal, avec Clémence Desrochers pour soutenir son premier album studio. Sur cet album, la première chanson que j'ai apprise à la guitare, adolescent, dans les années 80. Ce sera suivi 2 ans plus tard d'un autre 33 tours. En 1962, sur une musique de Pierre Brabant, il chante Feuilles de Gui, qui lui fera gagner un prix local, mais aussi le grand prix de la chanson internationale de Bruxelles. Cette année-là ce sont deux autres disques qu'il lance. La même année il se donnera en spectacle en France et co-animera une émission de variétés estivale pour Radio-Canada. En 1963, il représente le Canada au Festival de la chanson de Pologne où il arrive 3ème, et reçoit le prix du meilleur interprète sur scène, à Cracovie. 

Au retour, il lance un 5ème album. Il sera animateur télé pour Jeunesse Oblige, programme qui fait découvrir les nouveaux talents des chansonniers Québécois, mais aussi plateforme pour mousser ses propres créations. Comme sa musique est promue plus ou moins facilement au Québec où le monde musical en est à ses premiers pas dans des systèmes organisés, deux sortes de compilations sont lancées pour rassembler le meilleur de Jean-Pierre depuis 6-7 ans. En 1966, un album éponyme suggèrera une première renaissance. Il participe à des spectacles à la Place-Des-Arts avec la troupe de danse des Feux-Follets, puis fait le tour du Québec, de l'Ontario, des Maritimes. Il part aussi jouer un mois à Paris où il y est merveilleusement accueilli, mais a quand même le mal du pays.

Il revient avec un album dont un morceau traduit très bien son état d'esprit. Un gros succès. Son nouvel album portera encore simplement son nom. L'année suivante, la chanson titre de son nouveau disque sera un autre hit. Mais le psychédelisme gagne du terrain. Ferland se sent de plus en plus en voie de s'écarter des tendances musicales de l'époque. Gainsbourg est devenu pop, Ferré parle des Moody Blues, même Aznavour devient plus R & B plus jazz, big band. Ferland ne veut pas paraître ringard comme Charles Trenet.  Il doit se réinventer. Il réussira majestueusement avec son album Jaune qui comprendra un guitariste de Paul MCCartney et Paul Simon, et un bassiste futur collaborateur de King Crimson, Peter Gabriel, Pink Floyd, Asia, Yes, Stevie Nicks, Sarah McClachlan, David Bowie et le batteur de Frank Sinatra et Ben E.King. Jaune sera mythique au Québec et fait naître un petit roi bien de chez nous.

Soleil sera tricoté tout de suite après et Jean-Pierre est au goût du jour. Il fait un virage plus rock pour ses deux albums suivants et est si populaire qu'on lui propose d'animer le spectacle de la St-Jean-Bapiste de 1975, jour de son anniversaire de naissance, moment où il choisit de s'entourer de 10 femmes artistes sur le Mont-Royal, dont France Castel, Renée Claude et Ginette Reno à qui il fera cadeau d'un bijou musical. De 1975 à 1980 il triomphe en résidence à la Place-Des-Arts. En 1978 il salue aussi la France et y présentant son talent sur scène. Il sera aussi comédien dans un film pour Jacques Vallée. En 1976, c'est aussi l'année où il enregistre sur scène 1x5 avec les 5 grands, Robert Charlebois, Yvon Deschamps, Gilles Vigneault, Claude Léveillé et lui. Encore dans le cadre des activités autour de la fête nationale. 

Il redevient plus folk au début des années 80. Il est tout de suite après plus mélancolique et introspectif, principalement jouée au piano.           

Il refera de la télé, animant toujours des émissions de variétés autour de la musique, de 1981 à 1987. Il fera beaucoup de télé et de radio. Il participe aux Yeux de la Faim pour la Fondation Québec-Afrique. Lance un album plus synthés tentant d'épouser les sons des années 80. Il participe à une tournée soulignant les meilleures chansons Québécoises des 50 dernières années avec Louise Portal, Nanette Workman, Marie-Claire Séguin, Nicole Martin. Il signe un drame musical inspiré de la muse de Salvador Dali et Paul Éluard, Gala, mais ça devient un échec financier. 

En 1992, il fait un retour intéressant avec Bleu, Blanc, Blues. Mais trois ans plus tard, il fait mieux avec un nouveau chef d'oeuvre sofistopop qui ne trouve que Jaune pour le rivaliser. Écoute Pas Ça sera un si grand succès que plusieurs des chansons de l'album deviennent des incontournables de son oeuvre. Il lancera trois autres albums entre 1999 et 2020. 

Ne voulant pas vieillir trop publiquement, il se fait rare entre 2006, année où un blocage sanguin le force à repousser un spectacle qu'il s'apprêtait à livrer sur scène. 

Il fera de la radio à nouveau, mais choisit ses sorties, comme avec Céline Dion ou Ginette Reno, ou pour des soirées bénéfices.

C'est un immortel qui nous as quitté hier à 89 ans. 

Une chance qu'on t'a eu. Salut! mon grand. 

Aucun commentaire: